Notre valse en trois temps - tome 1 - Les secrets

Chapitre 64 - Ashley

C'était déconcertant de constater de quelle manière je pouvais faire preuve d'amabilité pour obtenir ce que je désirais. Et là, ce que je souhaitais plus que tout au monde, c'était la tête de Jack plantée au-dessus d'un pic. D'une voix empreinte de douceur, je sollicitais l'aide de l'hôtesse d'accueil qui m'avait chaleureusement reçue quelques minutes plus tôt.

— Voyez-vous, je suis sujette à certaines allergies alimentaires et il est primordial que j'en fasse part au chef de vive voix. Je ne voudrais pas gâcher le mariage de mes amis en finissant aux urgences à cause d'un impair en cuisine.

Quel jeu d'actrice ! J'étais époustouflée par ma capacité à mentir.

— Je comprends tout à fait, madame. Si vous le souhaitez, je peux vous conduire voir le chef.

— Oh, vous êtes un amour.

— Tout le plaisir est pour moi. Le chef Hunter n'est parmi nous que depuis deux jours et il est si charmant qu'il se fera un plaisir de vous satisfaire.

La rougeur de ses joues ainsi que l'étincelle dans ses yeux en prononçant le nom de famille de Jack montraient qu'elle n'était pas indifférente à son charme. Sauf si... ou peut-être avait-il été charmant avec elle, lui faisant profiter de ses connaissances du corps féminin. À cette idée, mon cœur se serra douloureusement comme s'il était sur le point d'arrêter de fonctionner. Une multitude d'aiguilles s'enfonça dans ma peau et l'air dans mes poumons se raréfia. Ces sensations, exactement les mêmes que lorsque que je l'avais surpris en discussion dans le hall de l'hôtel avec cette jolie brune qui n'était autre que sa belle-sœur. Cela s'appelle la jalousie, Ashley ! Je chassais tout de suite cette idée de ma tête. Mon état ne pouvait pas provenir de la jalousie. Il y avait forcément une autre explication, mais ma contrariété m'aveuglant pour le moment, je ne savais pas laquelle.

Sur les talons de la groupie du chef cuisinier charmant, j'arrivais au sous-sol juste devant la porte battante en inox de la cuisine. À travers le hublot central, j'observais Jack s'activer devant un fourneau à gaz. Son visage respirait la douceur, la bienveillance avec une pointe d'autorité. Un large sourire se dessina sur ses lèvres, laissant apparaître ses maudites fossettes. Celles que j'aimais tant. Mon estomac se contracta. Il n'y avait aucun doute, il m'avait diamétralement manqué. Mon cœur rata plusieurs battements à cette pensée. Il fallait que je me ressaisisse, je n'étais pas descendue pour raconter fleurette à Jack, mais pour lui faire connaître mon mécontentement.

— Chef HUNTER, veuillez m'excuser pour le dérangement.

Sous l'interpellation de mon accompagnatrice, Jack leva la tête de sa préparation culinaire. Sans me préoccuper des personnes présentes, je fonçai directement sur lui, coupant la parole de l'hôtesse d'accueil dont le visage se décomposa. À sa mine atterrée, elle comprenait que je m'étais jouée d'elle et que je n'avais pas l'intention d'être tendre avec son charmant chef Hunter. 

— Tu peux me dire ce que tu fabriques ici, Jack ?

En deux enjambées, il se retrouva à ma hauteur et me saisit fermement le bras.

— Ravi de constater que je t'ai manqué, H.

Il n'avait même pas la décence de cacher son ravissement. À son regard, mon coup d'éclat l'amusait. Si ça se trouve, il avait prédit ma réaction. Irritée, je me détachai de son emprise. Mon doigt accusateur martela son thorax.

— Écoute-moi, tu as intérêt à...

Jack m'ordonna de me taire. Pour cela, il viola l'intimité de ma bouche en m'embrassant avec fermeté. S'il pensait que la simple pression de ses lèvres chaudes contre les miennes allait atténuer mon agacement, il se fourvoyait. Pour contrecarrer ma résistance à répondre à son baiser, l'une de ses mains emprisonna ma mâchoire, me forçant ainsi à détacher mes lèvres. Le bout de sa langue profita de cette mince ouverture pour se frayer un chemin et me savourer délicatement. Ne succombant toujours pas, Jack attira mon bassin contre son corps, partageant avec moi le désir qui se manifestait sous son caleçon. Le sentir ainsi fit parcourir une décharge électrique tout le long de ma colonne vertébrale et j'avais beau lutter, je fus incapable de réprimer un gémissement de plaisir. Irradiée par une douce chaleur, mon corps perdit la bataille. Mes doigts s'égarèrent dans ses cheveux et ma bouche s'ouvrit pour répondre désespérément à son baiser. Soudain, il s'écarta mettant fin à notre étreinte.