Notre valse en trois temps - tome 1 - Les secrets

Chapitre 20 - Ashley

Ses bras chaleureux m'enveloppèrent. D'une main légère, elle caressait mes cheveux. De sa voix lointaine, elle me berçait, me rassurait, me promettait que tout irait pour le mieux. Je m'accrochais désespérément à ses bras. À sa promesse. Fort. Très fort. Comme une enfant, je me retenais à cette étreinte pour m'empêcher de sombrer dans cet abîme qui m'attirait inéluctablement vers le fond. Ce chagrin qui m'envahissait, m'interdisant de me relever, faisait ressortir cette douleur que je contenais depuis toutes ces années. Dans un silence cruel, mes larmes continuaient de sillonner abondamment mes joues. La faiblesse dont je faisais preuve me révulsait, moi qui depuis si longtemps arrivais à enfouir mes émotions, j'étais embarquée dans une tempête intérieure qui remontait tout à la surface. Cette peur, cette tristesse, cette colère, non, je ne pouvais les laisser reprendre le contrôle sans risquer de perdre tout ce j'avais construit. Cet équilibre, ma famille, il m'avait fallu du temps, alors il était hors de question que je le laisse tout détruire une nouvelle fois.

— Pic à glace, me demanda Claire. Ma chérie, que se passe-t-il? Es-tu blessée? Quelqu'un t'a-t-il fait du mal?

Oui, avais-je envie d'hurler. Mais si son timbre de voix était calme et rassurant, ma meilleure amie n'arrivait pas à cacher son anxiété et elle était la dernière personne que je voulais inquiéter. Ma famille. Pour le moment, il m'était impossible de m'exprimer, tout était encore trop confus dans ma tête. J'étais parcourue par un trop plein d'émotions que je ne savais pas encore comment analyser. Je posai alors ma tête sur son épaule et profitais encore quelques instants de sa chaleur.

— Tu es prête à me dire ce qui t'a mise dans cet état?

Toujours assise sur le sol, le dos accolé à la porte, d'un signe de la tête j'acquiesçai. Alors je lui racontai ma journée. Mes retrouvailles surprises avec Jack, ma crise de jalousie pour une île, l'état de santé de Jacob, mon moment d'égarement avec Jack sur le siège avant de sa voiture et son rejet.

— Je vois, dit Claire tout en continuant d'hocher la tête.

— Super, marmonnai-je entre deux reniflements, même toi tu ne sais plus quoi dire.

— Mais non, ma chérie, laisse-moi juste un peu de temps pour assimiler tout ce que je viens d'apprendre. Pour ma défense, tu viens tout de même de passer de la version Pic à glace à celle de dévergondée.

Tout en prononçant mon nouveau qualificatif de dévergondée, ma meilleure amie m'adressa son regard aguicheur, déclenchant un léger sourire en coin de ma part. Intérieurement, je la remerciai d'occulter pour le moment le cancer en phase terminale de Jacob.

— Pendant que tu vas à la douche pour enlever cette odeur de sexe sur toi, je vais nous préparer un plateau confidences intimes. En parfum de glace, tu auras droit à ce qu'il y a de meilleur : banane chocolat brownie et avec ça, je nous ouvre une bouteille de vin rouge chilien.

— Merci, dis-je avec un sourire en demi-teinte.

— Ne me remercie pas, répondit Claire dans un éclat de rire, c'est juste par curiosité. Je veux connaître tous les détails de ta reconversion en prédatrice sexuelle.

— Très drôle. Contente de voir que mon petit moment avec Jack te donne le sourire aux lèvres.

— Ce n'est pas ma faute si ta vie sentimentale se transforme en un roman torride à la façon 50 nuances de Grey, mais les fessées en moins.

Pour toute réponse, j'haussai les épaules. Puis les yeux de Claire croisèrent les miens et devinrent plus pénétrants. Son sourire s'effaça pour laisser place à une expression plus maternelle.