Chapitre 58 - Ashley

326 18 19
                                    

Une douce odeur de curry de légumes me chatouillait les narines. Hier soir, Jack avait cuisiné ce plat, sachant que c'était l'un de mes préférés, mais j'avais l'estomac trop noué pour avaler quoi que ce soit. Cependant maintenant, mon ventre criait famine. Dans la poêle, un pain traditionnel indien, le chapati, cuisait pendant que je m'attelais à dresser la table tout en gardant un œil sur Jack. Le sentiment qu'il me préparait l'une de ses surprises habituelles ne me quittait pas et cela me mettait les nerfs à vif. Un verre de vin me ferait du bien après cette journée riche en émotions. Dans la cave, mon choix se porta sur un vin californien. Dans un plat creux, Jack transvasa le curry de légumes puis disposa dans une assiette plusieurs pièces de pain indien. D'un petit air satisfait, il regarda la table.

— Attention, Ashley, si tu continues, je ne pourrai plus te laisser partir, murmura-t-il avant de déposer un baiser au bas de ma nuque.

— Pourtant il faudra bien, ajoutai-je en me dégageant. Demain, ton appartement sera de nouveau à toi.

— Je n'ai qu'une seule parole, répondit-il. Dès demain matin, je te conduis loin de chez moi.

Mais à quoi jouait-il ? Son comportement ne présageait rien de bon. Il tramait quelque chose et j'étais bien décidée à le découvrir. Je me retournai pour lui faire face, mes lèvres à quelques centimètres des siennes.

— Quelle déception, Jack ! Moi qui pensais que tu allais tout faire pour me retenir.

— Tu n'as qu'à demander, Ashley, assura-t-il en me dévorant la bouche du regard. Et on saute le plat pour passer directement au dessert.

J'avais les crocs. Il essayait de me la faire à l'envers et pour sa chance, je n'étais pas née de la dernière pluie. Son petit jeu de séduction n'était qu'un écran de fumée pour apaiser mes soupçons. Alors autant s'amuser un peu.

— Personnellement je meurs de faim aussi, ajoutai-je en prenant soin de mordiller très sensuellement ma lèvre inférieure.

Dans ma tête, j'entendais fanfaronner ma meilleure amie Claire, emportée par la fierté en voyant que j'avais retenu ses cours de séduction. Et maintenant que j'avais toute son attention, au vu de la façon avec laquelle il me dévorait des yeux, j'obtiendrai mes réponses. Réduisant l'espace entre nos deux corps, mes bras s'enroulèrent autour de sa nuque.

— Notre petite séance dans le bureau d'Henry m'a... Hum, comment pourrai-je le dire ? Ouvert l'appétit.

Son ravissement se lisait dans ses yeux. L'arête de son nez vint à la rencontre de mon cou. Il l'effleurait tout juste, faisant déferler une vague de picotements sur ma peau.

— Hum, mademoiselle WOODS, je suis ravi de constater que vous et moi sommes au diapason. Mais en tant que parfait gentleman, je dois vous aviser que vous jouez un jeu dangereux et que la dernière fois, cela vous a valu de finir ligotée.

Ses dents appliquaient de légères morsures sur ma peau qui s'électrifiait de plus en plus.

— Je ne joue pas, dis-je la voix légèrement voilée. Tout comme toi, je meurs vraiment de faim, mais moi je parle de vraie nourriture.

— Mais moi aussi, admit-il en accentuant la pression de ses lèvres sur ma peau. Ton corps est mon sanctuaire et je n'ai besoin que de lui pour me substanter.

— Comment feras-tu en mon absence ? Demain, je ne serai plus avec toi.

L'une de ses mains écarta le col de mon pull afin de rendre accessible mon épaule à sa bouche.

— Ne te tracasse pas pour ça. Tu as juste à retenir que je serai ton chauffeur.

— Ah, ah, dis-je en me dégageant de ses bras, je savais que tu me préparais un mauvais coup.

Notre valse en trois temps - tome 1 - Les secretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant