Chapitre 41 - Jack

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Ashley restait figée devant la porte d'entrée, les mains crispées sur son sac à bandoulière tombant juste au niveau de ses hanches. Je lui ai proposé de prendre place autour de l'îlot central, mais pour le moment ma proposition faisait un flop total.

— Je te remercie, Jack, mais je vais décliner ton invitation. Tu peux très bien me parler ici. Rester debout durant quinze minutes à t'écouter justifier ton comportement de parfait abruti ne me dérange pas.

Il fallait admettre que la conversation allait être très difficile et nul doute que Ashley serait plus disposée en dégustant un grand cru.

— Installe-toi pendant que je nous débouche une bonne bouteille de vin. Ensuite, toi et moi pourrons discuter calmement.

— Pincez-moi, entendis-je dans un murmure, comme si elle se parlait à elle-même, je dois sans doute rêver.

Après une profonde expiration, ses mots étaient détachés.

— Jack, comment puis-je te faire comprendre à quel point je n'ai nullement l'intention de boire un verre avec toi? Personnellement, j'ai eu ma dose dans le bar de ta copine Jo. Tu voulais finir cette conversation ? Je suis là. Alors dis-moi ce que je dois savoir pour qu'enfin que je puisse partir et mettre une longue distance entre nous deux.

Un autre homme se serait sans doute offusqué par la dureté des propos d'Ashley, mais me concernant, c'était ce qui m'avait plu chez elle lors de notre première rencontre. L'ambivalence entre ses mots et ses yeux m'avait charmé depuis le départ et ce soir ne faisait pas exception. Sans tenir compte de son ton acerbe, je pris la direction de la cuisine. Équipée d'une magnifique cave à vin encastrée, je sortis une bouteille de vin rouge et nous servis chacun un verre. La seconde d'après, je m'installai sur l'une des chaises hautes recouvertes de cuir blanc et portai à mes lèvres un cru exceptionnel.

— Jack, peux-tu m'expliquer ce que tu fabriques?

— En toute franchise, répondis-je avec le sourire, pas grand-chose. En attendant que tu viennes t'asseoir, je m'occupe en dégustant une bouteille de Château Margaux année deux mille cinq.

— Non mais tu te prends pour qui, espèce de...

Le qualificatif qui allait suivre me semblant tout sauf sympathique, je l'interrompis.

— De toi à moi, Ashley, je pense qu'il n'est plus nécessaire d'utiliser des noms d'oiseaux pour me faire comprendre ce que tu penses de moi. Vois-tu, j'ai saisi l'essentiel. Alors maintenant, si tu veux rentrer te coucher, il te faudra venir t'asseoir, juste ici.

Tout en lui parlant, je tapotai l'assise du tabouret.

— Et puis, si tu veux retourner à ton hôtel sans moi à tes côtés, tu ne pourras pas échapper à ce charmant siège, très confortable soit dit en passant.

Mon ton douceâtre accompagné de mon plus beau sourire ne laissait tout de même pas place à la discussion. J'avais posé mes conditions et il revenait à Ashley de prendre sa décision. D'une certaine façon, j'éprouvais du plaisir à la taquiner avant de lui dire ce que je ressentais pour elle.

Sans cacher son exaspération, elle s'exécuta. Toute délicatesse de sa part ayant disparu, si mon tabouret pouvait se confier, il se plaindrait des fesses d'Ashley qui venaient de poser sur lui sans ménagement. D'un geste théâtral, elle leva son verre de vin dans ma direction puis le porta à ses lèvres. À la lueur de plaisir qui passa furtivement dans son regard, je sus qu'elle approuvait mon choix. Mais elle ne fit rien paraître et s'adressa à moi sur un ton glacial.

— Satisfait, Jack? Maintenant finissons-en, que je parte d'ici.

Il n'y avait plus de retour possible, plus d'échappatoire, alors je pris une longue inspiration et la peur s'empara de mes tripes. Celle de la voir vraiment sortir de ma vie, celle de la voir tourner les talons sans jamais se retourner. Pour éviter cela, je devais trouver les mots justes.

Notre valse en trois temps - tome 1 - Les secretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant