La petite scène d'Ashley me valut des regards intrigués, mais tout aussi amusés de la part de mes collaborateurs. Quoi de pire que de se donner en spectacle devant un personnel qui m'était totalement inconnu il y avait encore de cela deux jours. La faire taire de cette manière n'était pas une brillante idée, pourtant face à son regard assassin, je n'avais trouvé que cette solution pour lui éviter de faire un esclandre. Et puis en toute franchise, une fois l'effet de surprise passé, la voir ainsi débarquer en cuisine rouge de colère était un pur ravissement. En acceptant d'assurer les prestations culinaires pour le mariage de Dave et d'Hurl, j'avais parfaitement conscience que j'attirerais les foudres d'Ashley. Mais en tant qu'ami, je ne pouvais pas laisser les futurs mariés dans la panade. Durant mon séjour dans les Hamptons avec Ashley, Hurl paniqué avait sollicité mon aide. Le chef cuisinier choisi pour la célébration de son mariage s'était cassé la jambe au ski et n'était plus en mesure d'assurer la prestation. Pour reprendre ses propres termes, à quelques semaines du mariage, j'étais son dernier recours. Qu'aurais-je dû faire ? Refuser ? Sans le savoir, Hurl me donnait un motif pour croiser le chemin d'Ashley plus vite que prévu car, étant sa demoiselle d'honneur, elle serait forcément présente au mariage. Ce fut à ce moment-là que j'avais échafaudé mon plan de proposer à Ashley d'entretenir une relation ne signifiant rien. Une relation sans conséquences avec pour unique engagement de passer du temps ensemble dès qu'elle et moi, nous nous trouvions dans la même ville. Craignant sa réaction en apprenant que je m'étais joué d'elle, j'obtins la coopération d'Hurl pour garder notre petit accord secret aux yeux de son amie. Cette rencontre était primordiale. Notre dernière chance pour qu'enfin elle puisse entrevoir notre avenir commun.
Pendant que je m'affairais à préparer la crème au Yuzu qui accompagnerait le tartare de homard en entrée, le désir de la rejoindre me rongeait de l'intérieur. À deux heures du dîner, toutes mes pensées continuaient de converger vers elle et, avant le coup de feu de ce soir, je voulais m'octroyer une petite discussion avec ma furie préférée. Débarquer ainsi devant tout le monde, tout feux tout flamme pour ensuite céder sous mes lèvres, me dis-je intérieurement en repensant à son entrée fracassante. Heureusement que je portais mon tablier pour cacher aux yeux de mon équipe l'effet que ce baiser avait eu sur moi, sinon de quoi aurais-je eu l'air ?
Toutes les préparations étant prêtes à l'exception de la cuisson, dernière minute du homard rôti, je décidai de suivre mon envie et laissai les commandes au sous-chef. Je voulais m'assurer qu'elle n'avait pas emménagé dans une autre chambre. Ou pire encore, qu'elle ne m'attendait pas avec la ferme intention de mettre un terme à notre accord. Debout devant l'entrée de notre chambre, un goût de bile apparut dans ma bouche, mais il ne servait à rien de se torturer, la réponse était derrière cette porte. Je passai ma carte magnétique sur le lecteur de badge et baissai la poignée. Le salon était plongé dans la pénombre, tout juste éclairé par les flammes chatoyantes de la cheminée. La voix suave du chanteur Ben Harper emplissait la pièce. Silencieusement, je retirai mes chaussures et me dirigeai vers la chambre. Les deux lampes de part et d'autre du lit baldaquin reflétaient doucement le visage d'Ashley dans le miroir de la coiffeuse aux tons blancs, installée juste en face du lit. Elle me tournait le dos, contemplant le reflet de son corps à demi-nu et ne semblait pas s'être aperçue de ma présence. Les boucles dorées de ses cheveux avaient disparu pour laisser place à une queue de cheval haute nattée, lui donnant un air sophistiqué. Sa peau était simplement recouverte d'une culotte noire très échancrée révélant ses fesses hautes et fermes. Un porte-jarretelle assorti ceinturait ses hanches et ses longues jambes fuselées étaient mises en valeur par des bas noirs avec, aux pieds, des talons aiguilles couleur rose poudré. Quant à sa poitrine, elle était nue. Deux petites pommes parfaites qui adoraient être taquinées par ma bouche. Cette femme était ma kryptonite. Sa beauté était un régal et elle m'avait choisi moi, comme instrument de son plaisir. Être le dernier homme maître de son plaisir, voilà ce que je désirais par-dessus tout. Cette révélation embrasa chaque cellule de mon corps et, maintenant, discuter ne faisait plus partie de mes priorités. J'émis un raclement de gorge pour lui signifier ma présence.
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Notre valse en trois temps - tome 1 - Les secrets
RomanceIl y a des rencontres qui bouleversent une vie. Qui vous font entrevoir un avenir terrifiant mettant à nu toutes vos fêlures. Et à 27 ans, mes blessures d'hier me tourmentaient toujours mais j'avais appris à les enfouir très profondément derrière le...