Mon attente fut de courte durée. Mon chauffeur, répondant au prénom de Thierry d'après l'information donnée sur mon iPhone, arriva deux minutes après. Timing parfait! Une fois installée à bord du véhicule, il me proposa une bouteille d'eau et des bonbons. Je déclinai son offre pour la bouteille d'eau mais acceptai avec joie le bonbon. Je ne pouvais décemment pas refuser un caramel mou. Je profitai du temps de la course pour joindre Claire. Elle décrocha au bout de la troisième sonnerie. Sa voix à l'autre bout du fil était basse. Dans ma tête, un roulement de tambour se fit entendre, avec la voix du présentateur du jeu télévisuel d'une Famille en or.
Et la gagnante du grand concours Mais où a dormi Claire ? Est l'hypothèse 2.
— Désolée de ne pas t'avoir donné de nouvelles hier soir, mais en sortant de l'hôpital j'avais besoin d'un verre et une chose en entraînant une autre, je me suis retrouvée dans le bar de Lèvres en feu et tu connais la suite.
À l'intonation de sa voix, je savais que tout son visage était illuminé par un large sourire.
— Oui, je n'ai pas besoin d'un dessin, lui répondis-je en me retenant de rire.
— En tout cas, sache que son surnom lui va à MER-VEI-LLE.
Elle accentua sur chaque syllabe tout en poursuivant sa définition du mot merveille.
— Il a enflammé chaque parcelle de mon corps avec ses lèvres. J'ai eu droit à deux orgasmes, il a...
— Pas de dessins, je t'ai dit. Je ne veux pas connaître tes ébats sexuels avec ton nouveau coup du moment. Laisse mes chastes oreilles tranquilles.
Ma phrase déclencha l'hilarité de Claire.
— Pic à glace, pardonne-moi de te le dire mais ce ne sont pas tes oreilles qui sont chastes. Cela fait combien de temps maintenant, trois ans?
Non, pire que ça. Non pas que je comptais les mois, mais quarante-quatre mois sans sexe, c'était tout de même à classer dans les annales. Pour excuse, je gardais toujours en mémoire mes deux lamentables tentatives avec Grégory, vétérinaire spécialisé en chevaux. Il présentait bien, les discussions avec lui, sans être super emballantes, rendaient sa compagnie supportable. Et puis il respectait mon espace, je n'avais pas droit de sa part à des appels ou des messages quotidiens. Mais côté sexe, une vraie catastrophe. Lors de notre première nuit ensemble, j'avais pensé que l'ennui de ces vingt minutes était dû à mon stress. Même si je voulais rendre anodin ma perte de virginité, car à vingt-quatre ans c'était légèrement pathétique, j'avais tout de même une appréhension. Allais-je aimer le sexe? Saurais-je m'y prendre? Malheureusement, il ne m'avait pas donné assez de temps pour répondre objectivement à ces deux questions. Et à la deuxième tentative, la réponse à mes interrogations était toujours en suspens. Je n'y connaissais pas grand-chose en matière de sexe, mais il y avait une chose dont j'étais sûre : Grégory n'y connaissait rien en anatomie féminine, sa spécialité c'était les chevaux et rien que les chevaux.
— Je te déteste, dis-je à l'attention de Claire.
— Pas autant que je t'aime, me répondit-elle dans un éclat de rire. Bon, je te laisse, Lèvres en feu s'est réveillé et je veux vérifier si ma MER-VEI-LLE fonctionne toujours au matin.
Je raccrochai en pouffant de rire. Unique. Claire était simplement unique. Et légèrement déséquilibrée aussi. Elle et moi étions différentes l'une de l'autre concernant notre approche avec le genre humain. Elle aimait la proximité, elle avait ce don unique de rendre chaque relation spéciale pour faire ressortir ce qu'il y avait de meilleur chez l'autre. Alors que moi, le relationnel était tout sauf ma spécialité. Non pas que je sois égoïste ou insensible, c'était juste que je ne voyais pas l'intérêt de mettre de l'énergie à apprendre à connaître des personnes qui un jour ou l'autre me blesseront et cela était davantage vrai pour les hommes. Ashley, ne t'étonne pas alors si ta vie se limite à Catherine, Claire, Hurl et tes patients.
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Notre valse en trois temps - tome 1 - Les secrets
RomanceIl y a des rencontres qui bouleversent une vie. Qui vous font entrevoir un avenir terrifiant mettant à nu toutes vos fêlures. Et à 27 ans, mes blessures d'hier me tourmentaient toujours mais j'avais appris à les enfouir très profondément derrière le...