Notre valse en trois temps - tome 1 - Les secrets

Chapitre 33 - Ashley

La grande aiguille de ma montre indiquait minuit passé et j'étais toujours sans nouvelle de Jack. Je n'arrivais pas à trouver le sommeil et me retournais sans cesse dans le lit deux fois trop grand pour moi. Des pieds, je repoussai les draps. J'essayai en vain de chasser de mon esprit ce qui s'était produit deux heures plus tôt sur le toit terrasse. Une fois de plus, je m'étais confiée à lui avec une franchise déconcertante. Alors que depuis trois semaines, je gardais tout enfoui sans pouvoir trouver les mots pour en discuter avec Claire ou Catherine. Juste quelques minutes avec lui et me voilà lui racontant mes pires angoisses. Franchement, je lui en voulais d'avoir cette faculté sur moi. En sa présence, c'était comme si toutes mes défenses s'effondraient. Et malgré tous mes efforts, je finissais toujours par me mettre à nu devant lui et pas qu'émotionnellement. Les images de notre étreinte me revinrent en mémoire, déclenchant des picotements au creux de mes reins. Et maintenant, c'était à mon corps que j'en voulais de réagir ainsi. Il était irrémédiablement attiré par Jack. Lorsqu'il se trouvait dans la même pièce que lui et cela dès la première fois où nos yeux se sont croisés, il n'avait désiré qu'une seule chose. Sans même qu'il ne me touche, à ses côtés mon corps était parcouru de décharges électriques et il ne pensait qu'aux lèvres de Jack ou encore à ses mains fermes pétrissant ma peau. J'enfouis ma tête dans l'oreiller pour étouffer mon cri et ne pus m'empêcher d'accabler Claire. À cause d'elle, je me retrouvais comme une pauvre idiote, revêtue d'un ensemble shorty et caraco en dentelle noire, priant pour qu'il ne vienne pas frapper à ma porte. Menteuse ! J'enfouis à nouveau ma tête dans l'oreiller. J'avais raison depuis le début. Jamais je n'aurais dû venir à New-York. C'en était trop, il fallait vraiment que je dorme. De la main, je tapotai mon oreiller pour le tasser. Allongée, je fermai les yeux et m'imaginais au bloc opératoire. Cela était toujours efficace quand je voulais trouver le sommeil. Je me plongeai dans le remplacement d'une valve aortique quand j'entendis les cognements de Jack à la porte. Mon cœur s'accéléra et pendant plusieurs secondes, j'oubliai de respirer. À travers la porte, il me demandait de le laisser entrer. Je me levai et enfilai le déshabillé en soie avec un motif japonais à fleurs de cerisiers sur fond blanc que Claire avait rangé dans ma valise. Décidément, ma meilleure amie n'avait omis aucun détail vestimentaire, elle avait pensé à tout. Et même aux préservatifs, Ashley ! Je chassai cette pensée. En ouvrant ma valise pour me préparer, j'avais eu la bonne surprise de trouver une boîte neuve de préservatifs avec écrit dessus « Ce qui se passe à New-York reste à New-York ». Dès mon retour à Toronto, je me promis de régler mes comptes avec elle.

Jack tambourinait toujours à ma porte. Je m'approchai et y calai mon dos tout en m'agrippant à la poignée.

— Ashley, je sais que tu es derrière la porte, alors ouvre-moi.

— Je t'avais demandé de ne pas venir.

— Et moi, je t'ai répondu que je ne te laissais pas le choix.

— Rentre chez toi, s'il te plaît. 

— Ouvre-moi, sinon tout l'hôtel saura que je suis là.

— Tu es sur ton lieu de travail donc je suis persuadée que tu n'oseras pas.

L'entêtement de Jack prit le pas sur la raison. Il toquait plus bruyamment à la porte. S'il continuait ainsi, il allait finir par réveiller tout l'hôtel. Agacée, je tournai la poignée pour le laisser entrer.

— Tu es satisfait de toi? demandai-je. Ton comportement est extrêmement déplacé et puérile.

Il ne me répondit pas. D'un regard ardent, il me détailla sans aucune gêne de la tête à mes pieds nus, déclenchant un frémissement entre mes cuisses. Pour garder le contrôle de la situation, jusqu'à ce qu'il parte, mieux valait que je maintienne une distance raisonnable entre nous deux. Hors de question que j'écoute cette étincelle en moi qui prenait forme. D'un pas assuré, je me dirigeai vers le bar.