My only one

Chapitre cent dix

Point de vue June.

Depuis mon rocking-chair, je regarde en silence cette belle petite famille que nous avons construit avec le temps et beaucoup de patience. Marvin, notre plus fidèle ami, celui dont je ne comprends pas toujours ses humeurs mais qui apporte tellement de beaux sourires dans nos vies. Ella, la prunelle de nos yeux depuis quinze ans maintenant. Elle fait de moi cette maman comblée mais surtout cette maman gaga qui cherche en permanence les petites attentions de son adolescente. Rendez-moi mon bébé !

— Elle est partie très loin votre vielle.

Marvin ricane en me balançant des plus quatre ou des changements de couleurs à chaque partie de Uno. Je vais me le faire s'il continue à me faire perdre parce que dans les tous cas, je suis déjà nulle sans son aide.

— Allez tient Jeanette ! Mange-toi un plus six ! Hurle Jared qui fait un semblant de twerk debout sur la table basse.

— Ah c'est comme ça ? Profite bien de ta sangsue de pote parce que je commence une grève !

Ils se regardent en ne semblant pas comprendre mais Ella qui me connaît suffisamment se relève subitement en attrapant son petit copain.

— Allez on se casse Randy, ça va être gênant..

La porte de la chambre se referme dans un coup violent en nous laissant plus que tous les trois dans une guerre sans nom. Je savais qu'il ne fallait pas qu'on joue aux cartes, ça finit toujours en charpie.

— Rassure-moi elle parle d'une grève de la faim, j'espère.. Chuchote Marvin en plissant le nez avec dégoût.

— Cherche pas, elle me fait une crise de la quarantaine en avance..

Ah bah je vais me le faire aussi celui-là. À tout juste trente-cinq ans, je crois qu'il ne sait pas de quoi une lionne est capable en vieillissant. Je me relève en furie de mon confortable rocking-chair de mamie d'après eux et m'enferme dans la cuisine. J'avais bien dit qu'ils devraient faire la grève non ? Ma tarte est tout bonnement immonde. Trop de poivre, trop de piment, mon sabotage de cuisine est beaucoup trop tentant.

— Boude pas, c'était une blague. Me dit soudainement Jared en m'enlaçant à la taille.

— J'avais compris..

Ne t'inquiète pas mon pote, moi aussi j'aime bien faire une petite blague de temps en temps.

— Je t'aime, vielle ou pas Juno.

Son sourire insolent fidèle a mon mannequin en carton se reflète en m'embrassant. Il passe à autre chose en apportant des couverts à table et moi je me demande qui des deux va passez la nuit assis sur la cuvette des toilettes.

— A table !

J'apporte tout ce qu'il faut et nous mangeons en chanson devant un karaoké à la télévision. Une sauce pour salade avec trop de moutarde, ma fameuse tarte trop poivrée avec supplément sauce piquante. Autant dire que je ne mange presque rien, c'est infecte.

— Je vais finir avec de la merde dans le pantalon. Grimace Marvin en plissant les yeux de dégoût.

— Putain la vache, tu veux qu'on s'empoisonne ?

Ce n'est pas faute d'avoir fait des petits non de la tête à Jared pour qu'il ne touche pas à son assiette. La nuit se termine en pizza party même si nous ne voyons plus Marvin après ma petite blague douteuse. J'avais presque oublié nos petits moments de couple depuis que notre Ella est née. Nous en prenons de temps en temps, un restaurant ou simplement une nuit torride qui me rappelle beaucoup notre insouciance dans notre adolescence.

— On a la nuit devant nous, je crois. Me dit-il en me formant des petits cercles sur ma peau nue. Ça s'appelle du sabotage ce que tu as fait ce soir.

Son sourire, c'est ce dont j'ai besoin dans ma vie. Celui qu'il me donne à ce moment-là m'envahit d'une dose inimaginable d'amour.

— Oh oui c'est inacceptable mais je voulais être avec toi alors.. Ça ne compte pas ?

Cette mine boudeuse d'une enfant capricieuse que je suis toujours même à trente cinq ans me une certaine forme de courage. Il ricane en me portant comme un sac de pomme de terre, tête baissée qui me donne un aperçu sur ses abdominaux toujours bien présents.

— Tu dois être punie comme il se doit.

Je resserre davantage ma prise en m'accrochant corps et âme à sa nuque. J'adore quand il fait ça, en dirait que notre complicité n'a jamais changé même après tout ce temps.

— Je suis bien d'accord avec toi..

Il retire rapidement mes vêtements qui traînent bientôt contre le parquet de notre chambre. J'imagine déjà cette nuit de rêve qui est en train de m'attendre en le regardant prendre le temps de mettre de la lumière fluorescente dans le jacuzzi.

— Je devrais peut-être jeter un coup d'œil dans la chambre d'Ella avant non ? Me dit-il en jetant des regards à la porte. Son Randy ne me..

— La ferme, occupe toi plutôt de ta femme.

Mes lèvres trouvent les siennes dans une synchronisation familière qui me fait du bien. La neige a envahit les sommets des montages apportant une touche supplémentaire à ce paysage de rêve même de nuit. Je retire son tee-shirt en traçant une petite ligne imaginaire de baisers sur ses nombreux tatouages.

— Je ne pourrais jamais me passer de toi. Soupire-t-il en me prenant dans ses bras. J'ai la meilleure femme au monde.

— Toi et moi contre le reste du monde, Jared Collins.