My only one

Partie quatre vingt dix sept

Point de vue de Jared.

Je traverse les rayons comme une âme en peine.
Nous devrions être heureux d'être en vacances et tout ce que pense June est de faire les magasins à la recherche de meuble parfait pour le diable qui sommeille dans son ventre. Elle me demande mon avis pour le moindre petit truc dont je ne vois aucune utilité. Une girafe en plastique avec un sourire qui me fait flipper, des vêtements tout petits et le choix des sucettes ou doudous plus horribles les uns que les autres.

— Plutôt rose ou rouge ?

Son sourire retombe directement face à ma mine horrifiée.

— Plutôt on se barre et elle sucera son doigt comme tout le monde.

Je m'apprête à rejoindre la caisse avec mon chariot qui pèse un âne mort quand June me court derrière en me freinant dans ma course.

— Fait un effort s'il te plaît, Jared. Me supplie-t-elle tristement. Elle arrive bientôt, il faut que tout soit prêt avant l'heure.

— On peux faire ça en retournant à New-York.

Je redoute d'être devant ce petit machin dont il faut s'occuper constamment. Andrew pleurait tout le temps, accaparer le temps de ma mère et ça très certainement été la phase la plus critique de mon existence. Je ne veux pas que ça se reproduise avec June et ce sale gosse.

— Investit toi un peu plus là-dedans parce qu'il ne s'agit pas juste de mettre ton engin partout, le plus dur va être d'assumer.

Ses mots tournent en boucle dans ma tête en sortant un carnet de chèque. Le montant est exorbitant même quand on a les moyens de s'offrir tout ce que nous avons envie. Je récupère au pas de charge tous les articles et sort du magasin en ne l'attendant pas une seule seconde.

— COMMENT TU VAS FAIRE !

June me tire le bras en plein dans la rue et même si les passants nous regardent bizarrement, je ne change rien.

— Je ferai comme je peux surtout. Dis-je d'un ton lasse en ne m'imaginant absolument pas être père. Je ne me sens même pas capable de l'aimer si tu veux vraiment le savoir.

— Qu'est-ce que tu racontes..

Je suis honnête, plus le moment se rapproche et moins je me vois endosser ce rôle. Les sentiments chez nous, c'est plus compliqué que chez les autres. Et si dans les premiers instants, je ne ressentais pas ce que tout le monde ressent en voyant un enfant naître ?

— J'ai mis presque six mois à comprendre que j'avais besoin de toi dans ma vie alors qu'est-ce que ça va être avec un enfant ?

— Tu en mettras deux de plus, c'est pas grave.

Je sais qu'elle ne le pense pas mais June me connaît mieux que personne et tente en vint de me rassurer du mieux qu'elle peut. Je m'adouci comme un putain de chaton en me laissant attendrir par les caresses de ses baisers.

— A une condition alors. Dis-je en la repoussant doucement en arrière.

— Tu vas me faire du chantage ?

Je souris bêtement en contemplant ses seins sous son tee-shirt. Elle tourne au cramoisi en me donnant un petit coup dans le ventre.

— On a le droit à un sein chacun.

— Pardon, je ne comprends pas ?

Contrairement à moi, elle ne sourit pas mais tente plutôt de comprendre le sens de ma connerie.

— J'espère que tu ne penses pas vraiment que ce diable va en profiter pour te toucher les nichons sans moi ?

— Et puis quoi encore tu ne veux pas boire mon lait aussi non ?

Pas besoin de dire quoi que ce soit que ses yeux bleus me fusillent comme deux mitraillettes.

— ET POUR TA GOUVERNE, JE NE SUIS PAS UNE VACHE À TRAIRE !

Le doigt qu'elle m'assigne est mérité mais à le don de me faire bien rire. June qui devient plus bipolaire que moi depuis la naissance me laisse tous les sacs de courses en plan puis se barre à toute vitesse.

— Je plaisante casse couille, un empoissonnement au petit-déjeuner non merci..

— RAH TU VAS ME RENDRE FOLLE, JARED !

~~~

Après une après-midi fatigante, June renonce enfin à faire du shopping pour le monstre. Je retrouve ma femme rien que pour moi et ça n'a pas de prix. Encore un bon restaurant, une balade sur la plage et un autre massage et il est déjà l'heure de retourner à la maison. Ça tombe bien parce que j'adore nos vacances en tête à tête mais Marvin et Andrew me manque quand ils ne sont pas dans ma vie.

— C'est quoi la première chose que tu vas faire en rentrant ? Me demande-t-elle en cherchant un film à mettre pendant le vol. Ça me fait rire, je te demande toujours la même chose comme si nous n'habitions pas ensemble.

— Et je ne change jamais mes habitudes..

Je plaisante mais la dernière fois que nous sommes partis faire un road-trip, j'ai vu Marvin et mon ex Nina dans le même lit alors que je voulais simplement lui faire une surprise.

— C'est de l'histoire ancienne maintenant.. je pense qu'il a bien compris la leçon.

— Je l'espère.

Pas besoin de lui dire pour que June comprenne ma crainte, c'est ce que j'aime chez elle, elle arrive à me comprendre et se mettre à ma place en toute circonstance. Le cachet qui est censé me calmer fait tout l'effet inverse, assis sur mon siège, je ressemble a un asticot qui ne veut pas se faire manger.

— Ne t'inquiète pas, elle n'est plus là maintenant.

Elle porte une main sur ma cuisse en calmant mon stress soudain. Son ventre trop imposant frôle mon bras et c'est à ce moment-là que des coups me viennent. Mes yeux s'arrondissent autant confus et surpris que les siens.

— Tu veux toucher ? Me demande-t-elle confuse en me proposant une main tendue.

— Je.. je ne pense pas que c'est une bonne..

Avant même que je ne finisse ma phrase, June porte ma main sur son ventre et c'est tout bonnement une explosion qui me vient.