Partie quatre vingt dix

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Sans émotions, il est impossible de transformer les ténèbres en lumière et l'apathie en mouvement.

~~~ Point de vue de Marvin. ~~~

J'aime et considère June comme une personne de ma propre famille depuis qu'elle est arrivée à Manhattan de son accent foireux et chantant en tentant discrètement de se faire une place dans la vie de trois frères de sang et de cœur. Elle est très forte à ses jeux-là, autant avec Andrew que moi-même nous avons directement compris qu'elle avait besoin d'être prise sous nos ailes. Sensible, discrète et timide, nous avons tout de suite compris qu'elle avait besoin de se sentir aimée quelque part et c'est ce que nous lui avons offert jusqu'à ce que Jared prenne le relai.

— Ça paraît dingue mais j'aime ce qui pousse dans mon ventre.

Je tapote une couverture d'un geste à peine perceptible de la main mais qui a le don de la faire légèrement sourire. Elle me rejoint, larmes aux bords des yeux en reposant son visage sur lol épaule.

— Il est difficile mais tu sais qu'on fait du mieux que nous pouvons pour qu'il accepte cette situation.

Andrew vient nous rejoindre dans le salon avec des pots de glaces.

— Donne lui encore du temps, June.

Il nous donne des petites cuillères avant de mettre un film de Noël à la télévision. Je ne supporte pas ça d'habitude mais au vu de la situation qui l'oblige, je ne bronche pas et regarde des trucs vraiment bizarre venant d'un cerf avec un gros nez rouge.

— Vous n'êtes pas obligés de faire tout ça les gars.. Soupire-t-elle en s'empiffrent de glace au chocolat.

— Aujourd'hui va être une bonne journée, on va même t'accompagner pour la première échographie.

Aïe, ses larmes reprennent de plus belle, je ne suis pas sûr qu'elle soit aussi contente que nous de cette proposition.

— Putain non pleure pas, on vient pas si tu veux.

— Alors il ne viendra pas si vous me proposez ça..

Oui on est certain que cette tête de mule ne viendra pas alors autant le faire à sa place jusqu'à ce qu'il comprenne ses erreurs. Nous avons toujours fonctionné de cette façon avec Andrew, on rattrape les conneries de notre frère le temps qu'il se calme et après on le laisse faire.

— On ne t'abandonnera pas, June. Rappelle Andrew en prenant sa main. On est autant tes frères que les siens. Ça va le faire, tout va bien.

La petite blonde nous regarde l'un et l'autre en ravalant un soudain sanglot.

— Tu n'es pas toute seule, on s'occupera tous ensemble de ce bébé.

Le câlin qui s'ensuit fait du bien à tout le monde. Je regrette simplement que ça ne soit pas son putain de mec qui s'occupe d'elle comme nous le faisons. June a besoin de Jared et en ce moment il préfère se tuer a la salle de sport ou dans les bars plutôt que de tenir son rôle.

— Habille-toi, nous partons dans trente minutes.

Nous attendons que la porte de salle de bain se referme pour nous échanger un regard qui en dit long sur ce que nous pensons.

— Il fait que de la merde en ce moment. Souligne Andrew en se massant gravement les tempes. Ça fait déjà quinze jours, qu'est-ce qu'il branle..

— Je ne sais pas mais c'est vraiment un problème.

Je rêve de lui mettre une bonne droite simplement pour qu'il revienne à la raison. Il gâche tout mais surtout sa relation.

— Occupe-toi de June ce soir, moi je vais le rejoindre.

— Et pour dire quoi exactement ? Ce mec est borné et va très certainement te faire une crise parce qu'on couve sa copine comme si c'était notre meuf.

— On ne la laisse pas vivre ça toute seule, Marvin. Soupire-t-il en faisant les cent pas dans le salon. Elle a déjà plus de famille, il lui reste plus que nous.

Sur le chemin, nous sommes tous les trois plus silencieux que jamais. La tête dans mon portable, j'espère sincèrement que Jared voudra bien faire un effort.

{ Tu abuses, elle a besoin de toi. }

Les minutes sont longues avant de lire son message.

{ Arrête de faire ton chevalier servant, trouve-toi une autre fille plutôt que ma copine. }

{ Elle a pas besoin de vivre ça toute seule alors si tu veux plus qu'on fasse tout à ta place porte tes bijoux de famille un peu. }

Je reste fidèle à moi-même, je ne veux pas lui prendre sa copine contrairement à ce qu'il s'imagine. Je veux juste ne pas commettre ses erreurs. Si elle ne peut pas compter sur lui dans un moment comme celui-là, alors pourra-t-elle le faire un jour ?

{ Ne t'approche pas d'elle ou mes bijoux vont se perdre au fond de ta gorge connard. }

— Tu parles à qui ? Me demande soudainement Andrew, les yeux toujours rivés sur la route.

Je lui fais les gros yeux, June est à l'arrière et je pense qu'elle n'a certainement pas besoin de savoir que sa mauviette de petit copain qui est toujours absent a envie de me refaire le portrait.

— Une fille du boulot.

— Qui ?

Je mens en inventant que la gotique du Snack me plaît bien et apparement ça fonctionne plutôt correctement aujourd'hui.

— Elle est mignonne ? Me demande June en retrouvant son sourire.

Alors pas du tout mon style, tatouages et piercing, des cheveux longs et noirs corbeaux et je ne parle pas de ses vêtements beaucoup trop grands avec la plupart du temps des têtes de morts chelous.

— Franchement elle pourrait être vachement bonne avec un petit effort.

La bille me remonte soudain acide dans la gorge en bâtant des records impressionnants de mensonges à la minute mais c'est une question de savoir-vivre cette fois-ci.

— Je m'impatiente de la connaître.

Andrew qui a toujours le bon mot pour rendre les situations gênantes m'observe petit sourire aux lèvres en bifurquant dans le parking de l'hôpital. Je saute presque de la voiture avant qu'elle ne s'arrête complètement.

— Je confirme, ça serait super sympa d'apprendre à la connaître. Tu crois qu'elle voudra bien venir vendredi à la maison ?

Putain de merde.

My only one Où les histoires vivent. Découvrez maintenant