My only one

Partie quatre vingt

Vous savez quelquefois on en arrive à un point où pour pouvoir tenir le coup on est obligé d'effacer l'ardoise.

~~~ Point de vue de Jared. ~~~
             FLASH BACK

Je cherche Nina depuis une bonne demie-heure déjà mais avec tout ce monde dans le salon, c'est mission impossible. Je jure que si elle porte un verre à ses lèvres, elle risque de m'entendre. Je ne voulais déjà pas d'un bébé à la base mais comme mon père me répète souvent, je ne peux plus faire machine arrière alors on assume et on garde la tête haute. Pas le droit aux erreurs dans la famille Collins, sinon on est tout de suite mis dans une case du raté de service.

— Arrête de boire comme ça ou tu vas nettoyer ta gerbe demain.

Sally ne rigole pas du tout.

— Je te laisse le droit de le faire avec ta propre langue, vu la taille de ta gorge ça doit être facile.

— Espèce de..

Elle peste mais demeure silencieuse en sentant mon haleine bien que trop alcoolisée sous son nez. Tant mieux, si elle veut bien se taire une seconde et me dire où se trouve son amie me rendrait bien service.

— Dis moi où elle se trouve, Sally.

Apparement, elle ne semble pas avoir envie de me dire où se trouve sa meilleure amie. Je me rapproche davantage de son visage mais elle se recule subitement en se tenant à bonne distance.

— Elle est au petit coin. Me dit-elle subitement de son sourire narquois. Les joies d'une femme enceinte, tu connais pas ça toi hein ?

— Ne me cherche pas trop où tu pourrais bien être la prochaine à être en cloque sans même le faire.

La musique est assez forte mais bizarrement les rires fusent à nos côtés. Je la pousse légèrement en titubant jusqu'aux escaliers où je ne suis même pas certain d'être capable de monter sans tomber. Marre de cette fête et du goût dégoûtant de whisky dans ma bouche. A ce moment-là, je ressemble à mon père et c'est loin d'être un compliment. La boisson me monte souvent à la tête et malheureusement nous avons plutôt l'alcool mauvais chez nous.

— Ferme la porte mec, c'est occupé putain !

Je fais un signe de la main en signe d'excuses et referme la porte en trouvant enfin la chambre de Sally. Je rentre dans la pièce en m'acclimatant difficilement à la lumière naissante venant de la salle de bain. Alors que je m'apprête à la rejoindre, des bruits étouffés venant du lit me donne un soudain haut-le-cœur.

— Encore ne t'arrête pas, Marvin..

Son murmure me donne soudainement la gerbe. Je ne ravale pas la bile qui me remonte dans la gorge en sentant les brûlures dans mon estomac. Sally ne rigolera pas en se rendant compte des dégâts demain matin. Alors que je suis en train de me tordre en deux tant le liquide est amère, je lève les yeux en regardant Marvin qui soulève brutalement la couverture. J'allume la lumière comme si je venais de faire la rencontre avec un fantôme mais celui qui s'offre à moi et tout autant effrayant. Nina se trouve dans le lit en hurlant de surprise et c'est là que je suis en train de comprendre. Mon pote enfile un caleçon en me rejoignant sur le moment.

— Je vais tout te dire, je te promets que..

L'alcool se dissipe comme une bonne douche froide. Je me relève subitement en me retrouvant nez à nez avec un Marvin qui recule en plaçant ses mains entre nous.

— Je suis beaucoup trop bourré c'est ça ?

Ma voix n'est plus qu'un maigre filet d'oxygène.

— Je voulais te le dire mais c'était trop compliqué, mec.. Me supplie-t-il en ravalant une larme.

— Ne pleure pas, assume ce que tu viens de faire plutôt vielle merde.

Je cogne une fois seulement dans son arcade qui saigne déjà abondamment sous mon coup. Il vacille en arrière mais reste debout en tenant fermement son sourcil sous sa main.

— Arrête s'il te plaît et écoute-moi juste une seconde..

J'ai des envies de meurtre, c'est bien la première fois que je ne suis plus assez lucide pour entendre ce qu'il me dit. Ma copine enceinte baise avec mon pote pendant une soirée d'étudiants alors que je suis dans la même maison. Je ne vois pas ce qu'il pourrait me dire pour que je ne le tue pas maintenant.

— Je te souhaite bon courage, tu sais que dans tous les cas tu ne vas pas en ressortir vivant, n'est-ce pas ?

— Je suis amoureux de Nina et ça depuis le début.. Chuchote-t-il dans un souffle. Depuis que ce bébé est en route, je ne vois pas comment je pourrais faire autrement.

Depuis que ce bébé est en route ? Le sang me monte à la tête en comprenant qu'il n'est pas de moi mais de Marvin. Mon cœur fait des sauts comme dans une montagne russe mais ma rage qui ne fait que s'accroître, elle ne connaît pas de self-control. Je me rue sur mon ami comme dans un de ses films où il ne restera qu'une personne en vie. Mon poing rencontre son visage à plusieurs reprises que bientôt je n'entends plus rien pas même son souffle.

— ARRÊTE, TU VAS LE TUER.

Nina vient se mettre entre nous et m'oblige à m'arrêter sur le coup. Je la repousse en arrière, si fort qu'elle tombe contre le carrelage en se tapant brutalement la tête contre une commode. Je suis complètement à la masse et la rage et tellement violente que je continue dans une avalanche de coup de pieds dans les côtes de Marvin. Il ne bouge plus, pourtant je hurle à ce traître que ce n'est pas terminé.

— BORDEL DE MERDE.. JARED, NON !

Sally rapplique tout comme une dizaine d'étudiants qui me regarde comme un monstre. On me repousse en arrière, à en croire la force qui s'exerce, ils doivent être un certain nombre.

— RELÈVE-TOI MARVIN ! Je hurle en entendant dire une fille qu'il ne respire plus. ARRÊTE DE FAIRE LE MORT, JE VAIS VRAIMENT TE TUER !

Je recule en regardant tout ce sang contre le carrelage et mes yeux se posent soudainement sur Nina qui se tient la tête en reculant dans un angle de la pièce.

— Ne m'approche pas, je t'en supplie..

— Crève, toi, ton mec et le fruit de votre amour. Murmurai-je en donnant un autre coup dans le mur juste derrière sa tête.

Un garçon que je ne connais pas tente des gestes de premiers secours mais je ne vois pas de changement. Les gens reculent sur mon passage. Aujourd'hui, je ne savais pas qu'elle perdrait son bébé, que Marvin finirait à l'hôpital pendant plus de deux mois et qu'on me mettrait derrière les barreaux pendants trois longs mois en attendant que mon père fasse ce qu'il faut pour me sortir de là.