Partie vingt et un

12.3K 698 58
                                    

On provoque nous même ce qui nous arrive, et ensuite on appelle ça, le destin. Quoi de plus facile quand on choisit un chemin glissant que de prétendre qu'on y était destiné ?

~~~ Point de vue de Jared. ~~~

Elle m'attire à un point inimaginable.
Bizarre en sachant que je n'accorde pas d'importance à ses conneries de sentiments d'habitude. Aujourd'hui, je me demande si June n'est pas celle que je recherche involontairement depuis vingt-deux ans d'existence.

— Possible.

Elle retire soudainement sa main de la mienne en portant son deuxième verre de vin à ses lèvres.

— Ne te force pas me le dire si ce n'est pas sincère.

— Je ne me force pas, c'est ce que je pense. Annonçai-je presque certain de mon choix. Estime-toi chanceuse, d'habitude il n'y a que pendant une partie de baise que je communique.

Elle recrache soudainement une partie de son verre sur mon sweat-shirt en me regardant comme si j'avais dit la plus grosse connerie du siècle.

— Tu as raison, j'ai grave de la chance.

Bouffon, tout ce que je peux dire porte à confusion apparemment.

— Je veux simplement dire que j'ai pas l'habitude de dire ce que je pense à quelqu'un d'autre que Marvin.

— Un ami, je suppose.

Marvin n'est pas juste mon ami depuis notre enfance. Oh ça non, il est tout à mes yeux. Mon deuxième frère, mon meilleur ami, ma famille tout simplement.

— Bien plus que ça, c'est lui ma famille.

Ses yeux brillent dans la nuit, peut-être qu'elle commence enfin à comprendre que ma vie n'est pas celle qu'on imagine en me regardant. Belle voiture, belle maison, être populaire c'est ce que tout le monde rêve, il me semble.  

— J'ai beaucoup de mal à croire qu'il y a une personne sur cette terre dont tu te soucis vraiment. Soupire t-elle en s'allongeant dans le sable. Est-ce qu'il te ressemble ?

Cette question me fait doucement rire, il n'y a rien qui nous rejoigne tout les deux.

— Pas du tout, c'est mon extrême opposé.

Marvin à cette façon de prendre une place toute particulière dans votre cœur sans s'en rendre compte. Amusant et plus stable dans ses relations que je ne le serais jamais, il vous pique toujours là où il ne faut pas pour vous faire prendre le bon chemin.

— Il est attachant ce mec, je pense que vous pourrez bien vous entendre tous les deux.

— S'il ne te ressemble pas alors oui ça pourrais bien se faire. Dit-elle avec un sourire malicieux dans la voix. Désolée, c'était trop tentant..

Silencieux, je relève cette petite peste en me dirigeant tout droit jusqu'aux vagues qui se déchaînent. Ses jambes s'agitent de plus en plus rapidement en comprenant qu'elle se retrouvera bientôt trempée.

— Repose-moi, je t'en supplie !

Je tourne doucement son visage dans ma direction en regardant surpris ses yeux embrumés. Elle tremble comme une feuille en courant à bonne distance des vagues qui cognent contre nos pieds. Ses sanglots cessent après une longue minute où elle se blottit dans mes bras.

— Tu peux me dire ton problème ?

— Je suis désolée.. je ne me baigne presque jamais.

Je cherche à comprendre ses mots mais c'est tout bonnement impossible. June est tellement lumineuse d'habitude et pourtant je commence à croire qu'elle me ressemble plus que ce qui ni parait.

— Tu ne sais pas nager ?

— Avant oui, maintenant je ne sais plus. Soupire-t-elle en regardant l'horizon. La dernière fois date de plus de quinze ans.

Plus de quinze ans ? Putain de merde, ça devient flippant.

— Mon père m'a sauvée de la noyade, depuis je panique à chaque fois que je m'approche trop du courant.

Son père qui depuis est absent ? Qui ne cherche pas à reprendre contact alors que nous habitons presque ensemble ? Oui, je crois que je commence à comprendre son problème. June s'attache aux seuls souvenirs qui lui reste de son père est celui-là en fait tout bonnement partie.

— Tout le monde boit la tasse, l'essentiel c'est que tu recommences jusqu'à ce que tu sois fière de toi.

— La vache, le vin rouge tape beaucoup dans ta petite tête, non ?

Prendre cette remarque avec ironie est sans doute moins difficile que d'admettre que je ne parle pas que de cette peur bleue qu'elle ressent. Sûrement trop fière ou encore trop douloureux à ses yeux, son silence est une torture.

— Il c'est barré à quel moment ?

— Une semaine après.

Je ne savais pas que ses simples mots pouvaient produire quelque chose comme ça dans mon ventre. Pas de la tristesse, non tout le monde se barre à un moment où un autre mais plutôt de la compassion. Moi aussi j'ai souffert du manque de mes parents.

— Tu crois qu'il est heureux maintenant ? Me demande-t-elle soudainement en croisant mon regard. Souvent j'aimerais que ce soit le cas puis après je reviens à la raison et je me dis qu'il ne mérite pas de reconnaître le bonheur après ce qu'il a fait.

— S'il est partit sans faire machine arrière c'est que tu dois faire de même. Laisse-le enfin partir Juno, tu verras tu seras sans doute moins malheureuse après ça.

Les yeux dans le vide, je pourrais enfin croire qu'elle est en train de faire ses adieux a ses nombreux souvenirs. Elle reste silencieuse un long moment, trop longtemps a mon goût mais c'est peut-être ce qu'il fallait après tout pour qu'elle se rende compte que vivre dans le passé n'est jamais la bonne solution.

— Merci d'être là.. Dans mon monde, tu donnes un sens inexplicable à ce que je ressens.

My only one Où les histoires vivent. Découvrez maintenant