Partie quatre vingt deux

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Je préfère avoir connu, une seule bouffée du parfum de ses cheveux, un seul baiser de ses lèvres, une seule caresse de sa main... que toute une éternité sans elle, un seul instant.

~~~ Point de vue de June. ~~~

Octobre, ma saison préférée.
Les citrouilles, les films d'horreurs sous une couverture et des enfants qui toquent à la porte en demandant des bonbons ou un sort. Alors que je m'installe dans le divan en ouvrant un carton de pizzas, Jared vient me rejoindre en m'embrassant doucement la tempe.

— Putain ils vont pas me faire ça toute la nuit.

Des enfants frappent déjà à la porte. Je me lève soudainement en accourant moi-même comme une gamine. Un sceau dans la main, je me regarde dans le reflet de la glace, rien d'extraordinaire si ce n'est ma combinaison en pilou-pilou pas du tout effrayante mais qui repousse à tous les coups mon rebelle. Je connais trop bien comment ce termine un film Netflix, on ne connaît jamais la fin.

— Bonbon ou un sort ?

Andrew et son costume ridicule de squelette tente une clef de bras lamentable. Je regarde Marvin qui reste timidement en retrait et vient le prendre dans mes bras aussi fort que possible.

— Tu nous manques beaucoup, Marvin.

Depuis ses confessions cette nuit-là, on ne peux pas dire que la communication entre eux est facile. L'un s'en veut terriblement et un autre reste de glace mais je sais que dire à voix haute ce qu'il a ressenti est toujours douloureux à ses yeux.

— Je te manque. Me reprend-t-il en soupirant. D'ailleurs recule-toi ou je vais vraiment finir à l'hosto pour de bon.

— Tu as une fichue manie a te mettre dans la merde.

Je me recule et nous nous sourions jusqu'à ce que Jared nous rejoigne. A la façon dont il nous regarde, je comprends qu'il n'approuve pas du tout cette surprise. Il ignore totalement Marvin qui soit disant passant ressemble parfaitement au personnage du clown, œil au beurre noir, nez sous attelle après son opération d'urgence pour le remettre en place.

— Rentrez, il y a des pizzas et assez de bières pour un régiment.

— On voulait juste faire une petite surprise, on ne s'attarde pas. Me dit Andrew qui craint la tension entre les deux qui sont bien trop silencieux.

Jared barre le passage en faisant bien comprendre qu'il n'a pas sa place dans cette maison. Je comprends son comportement mais Marvin est un chouette garçon qui donnerait tout pour cette amitié qu'ils entretiennent. La preuve, il a menti aux urgences en disant qu'il était tombé.

— Il ne rentre pas chez moi.

— Tu as quel âge, cinq ans ? Je peste de colère en soupirant. En faite tu sais quoi, fait ce que tu veux, moi je reste avec lui.

Ses yeux sont ronds comme des billes en entendant ma confession. Je le pousse violemment en arrière puis récupère mon sceau de bonbons et un pack de bière dans la cuisine. Jared me suit a la trace certainement aussi en colère que moi.

— Je ne te laisse pas toute seule avec lui.

— Je vais t'apprendre quelque chose, je suis aussi son amie et je ne compte pas le mettre de côté. Je le fusille des yeux en posant un doigt menaçant contre son torse. Vous avez des différents certes mais en attendant il te supporte alors que beaucoup lâcherait l'affaire depuis longtemps.

Mon assurance ressemble à un coup imaginaire qu'il vient de se prendre en pleine tête. Je ne voulais pas être mauvaise mais simplement lui faire comprendre que la situation est de plus en plus difficile à vivre. J'ai perdue ma vraie famille, j'ai absolument besoin de celle que nous nous sommes construit ensemble.

— Parle-lui, je t'en prie.. Chuchotai-je en me retournant face à lui. Je ne te demande pas de pardonner son comportement mais juste faire des efforts. Il est malheureux sans toi.

— Comment peux-tu le savoir ?

Je me sens honteuse mais il faut qu'il sache que nous parlons très souvent et que je mens régulièrement en disant que je vais lire à la bibliothèque ou que je vais me boire des cappuccinos toute seule au café du coin. Non, Marvin est bien là et même si je ne suis pas la meilleure copine du monde, je suis la première à prendre de ses nouvelles tous les jours.

— On se parle régulièrement.

Ses yeux s'assombrissent mais il ne dit rien.

— Vous êtes ma famille, je ne veux pas faire de choix entre vous deux..

Depuis que ma mère et ma sœur vivent tranquillement pas le moins perdue par mon absence, mes peurs reviennent en flèche. Il ne me reste plus qu'eux maintenant.

— Il y a peut-être des disputes mais on ne t'abandonnera jamais, June.

Les larmes affluent, je ne me suis pas rendue compte de tout ce que je retenais en moi depuis si longtemps. La voix de Marvin dans mon dos est rassurante, comme le frère que je n'ai jamais eu.

— Il a raison. Me rappelle soudainement Andrew qui cale la paume de sa main à l'arrière de la nuque. La famille c'est important, n'est-ce pas frangin ?

Je lève un œil en direction de mon brun aux cheveux en bataille qui reste silencieux en nous jaugeant tous un après les autres. Face à son silence, je sais qu'il se livre une lutte sans merci entre le fait d'être en colère contre Marvin et l'importance de notre amitié à tous.

— Allez vous faire foutre, je fais pas ça pour vous mais pour elle bande de connards.

Andrew caresse vigoureusement la tête de son frère qui ne se laisse pas faire. Dans la famille Collins, le grand frère est clairement le moins docile et le moins sentimental de tous.

— Alors on fait la paix ? Demande Marvin d'une petite voix.

— Crève, soit déjà content que je t'accepte dans cette maison.

My only one Où les histoires vivent. Découvrez maintenant