Partie vingt quatre

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L'amour n'obéit à aucune règle, c'est ce qui le rend si imprévisible... Il arrive parfois qu'il naisse là où personne ne l'attendait...

~~~ Point de vue de June. ~~~

Je tombe à la renverse sous ses mots.
Mon cœur rate un battement puis deux et je ne vois plus que le vide sous mes pieds. Pas besoin d'en dire davantage, son silence exprime tout ce que je suis en train de comprendre.

— Il t'envoie une lettre à chacun de tes anniversaires, mais jusque-là c'est ta mère qui recevait tout en France.

Ma cervelle grille complet à ce moment-là.

— Alors tu es au courant depuis tout ce temps ? M'agaçai-je en ravalant les larmes brûlantes sous mes yeux. Bientôt trois semaines que tu me caches ça alors qu'on a discuté pas plus tard que tout à l'heure du manque de mon père ?

— Ça ne me regarde pas à la base, June. Essaie de me comprendre juste une seconde. Ta mère et Angelina vivent dans le mensonge depuis plus de quinze ans et toi tu m'en veux à moi ?

— Je t'en veux parce que je croyais qu'on étaient honnêtes envers l'autre. Il vit chez toi depuis tout ce temps, nous avons même discutés deux fois ensemble et tu n'as pas juger bon de m'en parler.

Je suis en colère, incroyablement triste mais je crois surtout que je ne réalise toujours pas ce qui m'arrive. Mon père ne peut pas être en lien direct avec Jared, ça me semble tout bonnement impossible.

— Pourquoi Max d'ailleurs ? Demandai-je en cherchant à comprendre. Il s'appelle Tobias à la base.

Ses yeux brillent dans l'obscurité sûrement gêné d'être au cœur du conflit de famille.

— Il ne voulait pas que tu le retrouves.

— Alors pourquoi toutes ses lettres ?

Je ne comprends rien à cette histoire. Tobias Decker voulait vivre dans l'anonymat mais tout de même en restant proche grâce à des bouts de papiers ? La trahison est lourde, je ne sais même pas à qui je dois en vouloir après tout ça. Jared Collins ? Celui qui m'a menti alors que nous avons à peine commencer un bout d'histoire ? Ma mère ? Ma sœur qui garde le secret depuis des années ?

— Je te donne son portable si tu veux, il te dira mieux que moi ce que tu as besoin de connaître.

J'accepte seulement parce que j'ai besoin de connaître la vérité.

— Ensuite j'aimerais être seule.

— Ne fait pas ça.

Ses traits de visage sont tirés en me regardant.
Je crois qu'il est en train de comprendre que je ne rigole plus, que tout ce que je voulais depuis quinze ans est en train de se produire mais pas dans le bon sens du terme.

— Je suis aussi désolée que toi, ça ne sera jamais possible entre nous.

Je suis ferme dans mes propos et pourtant c'est encore plus douloureux que le reste. Nous ne sommes pas ensemble mais il compte tellement à mes yeux depuis ses trois dernières semaines que je n'arrive pas à mettre un terme à cette pseudo relation.

— Pas possible entre nous ? Répète-il en ricanant avec insolence. Qu'est-ce que tu crois, June ? Sache une seule chose à mon sujet, je préfère mourir maintenant plutôt que de construire quelque chose avec toi.

— Tu ne penses pas vraiment ce que tu dis..  

Je savais que ses mots pouvaient être douloureux mais à ce point-là c'est comme si mon coeur saignait de plus en plus abondamment. Je reste silencieuse et mes larmes coulent sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit.

— Ah oui ? Regarde moi bien parce que c'est la dernière fois.

Le mot de la fin, c'est tout ce que je retiens de ses adieux. Comme une furie, il récupère son blouson en me claquant la porte au nez alors que je tente de le retenir dans les escaliers. Évidement, Angelina sort de sa chambre en courant avant de comprendre ce qui cloche.

— Non mais qu'est-ce qui se passe ici ? Râle-t-elle en remarquant soudainement Jared devant la porte. Non mais je rêve, qu'est-ce que tu fais dans cette maison ?

— Ce que je devais faire depuis longtemps.

Ils se regardent une courte seconde qui me semble être la plus longue de toute mon existence et c'est à ce moment-là que l'illumination se produit dans les yeux de ma frangine. Elle s'arrête un instant dans son mouvement en passant lascivement de Jared à moi.

— June..

— Ne t'emmerde pas, je suis au courant de tout.

Une dispute en entraîne toujours une autre, je peux dire que c'est la conclusion à tout cette histoire. Je m'assois mollement contre une chaise en sentant la pièce tournait de plus en plus vite. Les objets volent au dessus de ma tête en s'explosant avec fracas contre le parquet du salon. Il me semble que Julian intervient de justesse en s'emparant du bras de Jared qui lui fout un violent coup de poing dans le nez. Est-ce que c'est possible de vivre l'action même et pourtant être très loin de la réalité ?

— Appelle une ambulance tout de suite !

Je peux entendre la voix de ma mère qui s'inquiète, lire de la souffrance sur le visage de mon beau-frère mais celui que je retiens premièrement reste celui de du merveilleux garçon à ma droite. Des traits sculptés dans de la pierre, une main guérie redevenue sanglante, de la colère, tout ce qui me donne finalement un sentiment d'abandon. Je préfère mourir maintenant plutôt que de construire quelque chose avec toi. La vache, c'est encore plus difficile maintenant que ses mots tournent en boucle dans ma tête.

— June ?

Je retrouve de la mobilité en regardant soudainement ma mère qui pleure toujours autant. Je me lève dans le brouhaha incessant de la pièce en poussant Jared de mon chemin qui s'arrête subitement dans son geste.

— Rentre chez toi, c'est mieux. Dis-je d'une voix teintée d'amertume. Toi comme moi, nous n'avons pas notre place dans cette maison.

My only one Où les histoires vivent. Découvrez maintenant