Partie soixante seize

6.8K 409 62
                                    

Aimer c'est ne jamais avoir à dire qu'on est désolé.

~~~ Point de vue de June. ~~~

Cette femme est extrêmement belle dans sa robe de chambre longue et blanche. Un petit nez en trompette, des cheveux noirs qui ondulent dans un carré long mais le plus marquant reste son sourire similaire à celui de son petit-fils. Je peine à croire qu'elle fait partie de cette famille en me rappelant du comportement abjecte de la mère de famille. Hautaine est mauvaise langue, la richesse a beaucoup d'importance à ses yeux.

— Excuse-moi ma petite, je n'ai pas encore l'habitude qu'il me ramène une femme importante à ses yeux.

Grammy profite d'un moment opportun en venant me rejoindre sur le divan.

— Vous êtes la première qui m'accepte aussi facilement.

— Effectivement ses parents ne sont pas les plus gentils qui soit.. Soupire-t-elle en me donnant une nouvelle limonade. La richesse pourrie le cœur des gens.

Malheureusement nos familles ne voient pas d'un très bon œil notre relation. Autant de son côté que du mien certainement parce que nous ne venons pas du même monde. Il est un homme libre vivant confortablement et beaucoup trop populaire. Je suis une femme avec des valeurs morales de classe moyenne et pas un brin connue.

— Vous ne ressemblez pas à Héloïse.

La mère de Jared est tout sauf sympathique.

— Pourtant elle est ma fille. Me sourit-elle en m'offrant une main tendue. Elle c'est juste perdue en prenant le mauvais caractère de mon ex-mari.

— Je tiens beaucoup à votre petit-fils Grammy.

Elle m'offre un sourire resplendissant qui me donne du baume au cœur.

— Je te donne comme mission de le rendre plus aimable avec ceux qui nous entourent. Souvent, il s'oublie derrière son personnage.

— Arrête de lui mettre la pression, Grammy. Remarque Jared en revenant dans le salon.

— Elle a de la discussion contrairement à certain.

Il esquive le petit coup derrière le crâne qu'elle comptait mettre en reposant ses lèvres contre sa joue. La grand-mère de famille sourit avant de le prendre dans ses bras.

— Vous revenez demain ? Demande-t-elle en nous ramenant à la porte. Ma réunion Tupperware est à dix-huit heure et après j'ai le champ libre.

— Interdit de faire ça, c'est bon pour les vieux.

La femme brune roule des yeux dans une dernière embrassade.

— Envoie-moi l'adresse de votre hôtel, j'ai quelque chose à faire livrer.

A ses mots nous partons comme nous sommes arrivés, bien dans nos baskets avec une impression d'être plus légers. Grammy est une femme pleine de charme qui comble votre coeur de joie. J'aimerais connaître ma grand-mère pour connaître ce genre de moment complice.

— Merci encore, ta grand-mère est incroyable.

Les yeux perdus vers l'horizon, il me sourit en coin avant de mettre sa main sur ma cuisse.

— Apparemment on dansait souvent ensemble, elle me lisait une histoire dans son lit avant de me mettre dans le mien et on avait le droit une fois dans la semaine de faire journée entière dessin animés.

— Tu te souviens de quelque chose ?

— Non.

Je me souviens de notre discussion avec Andrew dans le jardin. Apparement après une grosse commotion plus petit, Jared ne se souviendrait plus d'une bonne partie de son enfance. Alors cela voudrait dire que nous sommes pareils à ce stade.

— Juste d'une nuit où mon père a fracassé la tête de ma mère contre la table basse parce qu'il avait trop bu de whisky.

Mon cœur manque un battement en comprenant soudain la raison de cette colère venimeuse contre ses parents. Un traumatisme d'enfant qui ne cesse de s'accroître en grandissant.

— Une seule fois uniquement ?

Ses yeux se perdent dans la nuit et sa main se resserre fermement contre le volant.

— Ne m'emmerde pas avec ta question, je viens de te dire que je ne m'en souvenais plus.

— Je cherche simplement à comprendre..

Je me raidis sur mon siège en appuyant bêtement avec mes pieds contre le parquet comme si la voiture pourrait perdre de cette façon un peu d'allure. La colère qui le submerge me terrifie d'autant plus que ses gestes se font beaucoup moins fluide.

— PUTAIN MAIS MÊLE-TOI DE TES AFFAIRES.

— Arrête cette voiture s'il te plaît.

Ma voix blêmit en me crispant comme une idiote. Les flashs de mon accident me reviennent en tête et ma respiration devient de plus en plus douloureuse. Il suffirait d'une seconde d'inattention et nous sommes bons à rejoindre l'hôpital sur une civière.

— ARRÊTE CETTE VOITURE !

Je crois qu'il a conscience de ma panique à ce moment-là parce que le paysage défile beaucoup moins rapidement depuis la vitre. J'attends qu'il soit complètement à l'arrêt pour sortir de l'habitacle en me blottissant dans un coin derrière la barrière de la voie rapide.

— June, je ne voulais pas..

— Ne me touche pas !

Les secondes suivantes sont les plus dures, je ne comprends pas ses douleurs puissantes dans ma cage thoracique en me retenant au tronc d'un arbre. Je repense à Benny l'infirmière et ses conseils. Inspire et expire autant de fois que possible jusqu'à ce que ta respiration soit plus régulière. Bizarrement, aujourd'hui ça ne fonctionne pas.

— Putain laisse-moi faire quelque chose..

Je ne vois pas bien ce qui m'entoure mais à la façon dont il tire à la racine de ses cheveux emmêlés, je suis consciente qu'il ne semble pas s'être calmé.

— Laisse-moi tranquille. Soupirai-je en pressant ma cage thoracique de mon poing. Il n'y a pas plus simple que ça.

My only one Où les histoires vivent. Découvrez maintenant