Partie quatre

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Dans l'incertitude de mon cœur vacillant, les larmes ont broyé mes regrets.

On dit que pour que les choses changent dans notre vie on doit accepter de laisser aller ce qui ne nous ressemble plus. Paris est dans mon cœur mais physiquement loin de ce qui me convient. Des souvenirs trop douloureux, des gens qui vous poussent dans vos retranchements en vous tirant vers le bas. Beck au loin, les larmes aux yeux tant elle rit de bon cœur parvient a m'arracher un sourire. Soudain je me dis que peut-être finalement de belle choses m'attendent a New-York mais qu'il me suffit simplement d'ouvrir les yeux. Pour le moment chaque larme discrète rendue est une gorgée de champagne de plus dans mon gosier.

— Bah dis donc, je vois que c'est la fête de ton côté.
Me dit-elle en cognant son verre contre le mien pour trinquer. Qu'est-ce qui se passe, Juno ? Tu vas me dire que les bars ne sont plus de ton âge ?

Je tente un sourire a ma meilleure amie qui me pousse sur la banquette pour se faire une petite place.

— Si ça concerne ton Monsieur Collins de mes deux tu peux toujours lui dire d'aller se faire foutre.

— Ça fait déjà la vingtième lettre de motivation que je donne et soit on me refuse soit on ne me donne pas de nouvelle. Dis-je dans une grimace. Je comprends mieux le nombre de sans domicile dans cette ville.

Beck affiche la même moue songeuse en portant de nouveau le verre a ses lèvres.

— Ça ne fait que deux jours peut-être qu'il compte te le dire bientôt.

— Tu ne comprends pas ce type est une ordure, Beck.

Ma voix porte bien au-dessus de la musique mordante du Manhattan Club sans doute en raison de ma trop forte consommation d'alcool. Mes bras s'agitent dans tous les sens dans de grands mouvements qui amassent les regards curieux des fêtards encore suffisamment lucide pour prendre part a ma colère.

— Calme toi, c'est pas grave on trouvera bien une autre solution..

— Une couille molle qui n'ose pas venir me dire les choses, voilà ce qu'il est. Continuai-je dans mon euphorie. Et tu sais quoi ? Qu'il aille se faire voir lui et son boulot de mes deux.

Beck qui habituellement est celle de nous deux la plus sans filtre et extravagante me fait subitement les gros yeux avant de les baisser sur son verre qui diminue a toute allure dans le tube de sa paille.

— Quoi ? Je dis juste la vérité, ça ne fait pas tout d'avoir une belle gueule.

— Putain mais tu vas la fermer, oui ?

Sa voix s'emporte au soudain changement de musique. Ma bouche, elle se referme en remarquant qu'elle me fait signe de la tête de me retourner. Un noeud s'intensifie dans mon estomac a peu près certaine que je ne veux pas savoir qui se trouve dans mon dos. Malheureusement pour moi, ce diable de Jared Collins mains dans les poches de son pantalon me toise de haut en bas d'un sourire sans joie.

— Bonsoir June, comme vous le voyez la couille molle vient vous annoncer que vous commencez demain.

Mon cœur cesse de battre un si long moment que je suis a la limite de la crise d'asphyxie.

— Appelez-moi comme bon vous semble, malheureusement pour vous le patron c'est moi.
Me dit-il d'un ton tranchant. Ma belle gueule et moi vous souhaitons une bonne soirée.

Il disparaît de mon champ de vision dans la seconde même ne me permettant pas de dire quoi que ce soit. Je me retourne vers Beck qui cache son visage dans la paume de sa main embarrassée.

— Alors la tu es vraiment une championne.
M'applaudit-elle en reposant son verre. Tu as conscience qu'il va te pourrir l'existence maintenant ?

Le climat dans la voiture est glaçant en cherchant en vint une solution qui n'existe pas. J'ai envie de me gifler pour enchaîner autant de maladresse a la suite. J'ai appris a survivre dans cette jungle impitoyable en m'armant d'une bonne dose de caractère et un chouïa d'impulsivité. Nous rentrons a la maison tout en repoussant le moment en empruntant les chemins les plus longs seulement dans le but de chanter a tue-tête des chansons de Bruno Mars. Parfois, ça m'aide a me remettre en question et d'autre a seulement parfaire mon rôle de vraie Drama Queen. Aujourd'hui la deuxième option prime sur tout le reste.

— Je peux venir dormir avec toi cette nuit, Juno ?

J'aperçois la petite frimousse de Beck dans mon embrasure de porte au moment où je comptais me mettre au lit.

— Tu as du chocolat ?

— Une tablette c'est suffisant ?
Me demande-t-elle morte d'impatience.

J'acquiesce en la voyant déjà partir en courant pour revenir rapidement avec une tablette dans la main. Comme une gamine, les pieds joints sur la moquette ma meilleure amie me fait le saut de l'ange avant de se glisser sous les draps comme au bon vieux temps. Ouais, je crois qu'il y a des choses qui ne changent pas. J'allume la télé ne voulant finalement pas que la nuit s'arrête de cette façon. J'aurais tout le loisir de regretter demain matin mais pour le moment j'ai encore besoin de profiter du calme avant la tempête.

— Tu comptes lui dire quoi demain ?
Me demande-t-elle soudainement.

— Je ne sais pas encore mais je ne pense pas que ça soit de tout repos. Il va très certainement vouloir me faire payer mes mots du Manhattan Club.

Beck approuve mes propos en baissant le volume de notre film.

— Tu sais qu'on le veuille ou non, Jared Collins est quelqu'un de très influant a New-York. Murmure-t-elle en me tendant une nouvelle barre de chocolat. Il est un peu un personnage phare dans l'histoire de la mode.

— Je ne le connaissais pas pourtant il y a moins d'une semaine en arrière.

Elle roule des yeux en me donnant un bon coup de coude pour me remettre a ma place. Je dois bien admettre qu'il en impose sans faire quoi que ce soit même si c'est vrai que je ne suis pas trop potins et groupie. Beck qui veut me mettre en condition pour demain sort mon ordinateur de sa pochette pour me montrer tout ce qui circule en ce moment sur la toile en ce qui le concerne. Je lis assidûment a travers les grandes lignes sa biographie des plus riches en contenus pour son âge.

Mannequin depuis son adolescence pour des défilés haute couture.

Chaque mois en couverture de magazine.

Entreprise florissante qui ne cesse de s'agrandir.

Je lis chaque paragraphe en me demandant comment un arrogant dans son genre puisse être autant adulés. Certes, la nature a fait son boulot, il est riche, puissant et charismatique mais a quel prix. Beck s'endort avant moi le nez sur la page internet tandis que je fais le tour de son Instagram, Tweeter et Facebook. Les rares photos qu'il a bien voulu montrer sont toutes de la même lignée. La fête, les femmes sur ses genoux et tout ce qui concerne son entreprise. Plus je navigue sur le web et plus mes yeux endoloris me brûlent en retirant un instant mes lunettes de repos. Il ne me faut pas plus d'une seconde pour m'endormir comme une masse la tête contre les touches du clavier.

My only one Où les histoires vivent. Découvrez maintenant