Partie soixante trois

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J'avais l'habitude de penser que le pire sentiment au monde était de perdre quelqu'un qu'on aime, mais j'avais tort. Le pire des sentiments est le moment où tu réalises que tu t'es perdus.

~~~ Point de vue de Jared. ~~~

Je me fais violence, j'ai tellement de chose à lui dire mais en même temps, j'ai envie que notre conversation dure le plus longtemps possible. Vous ne savez pas à quel point elle est belle naturellement. Elle est doucement en train de reprendre des couleurs en faisant un mixte de sa langue natale et de celle où elle vit actuellement. Ses cheveux blonds sont emmêlés et ses lèvres ont retrouvées une teinte rosée depuis qu'elle m'a rejoint dans ma chambre. Putain, pourquoi je me rends compte que maintenant que je ne peux pas vivre sans elle ?

— Je me souviens de ton visage mais pas de notre relation.. Je te jure, c'est tellement frustrant.

— Ça reviendra et si ce n'est pas le cas, alors on reprendra depuis le commencement.

Elle me sourit sincèrement en approchant doucement son fauteuil roulant de mon lit. J'avais envie de ça depuis tellement longtemps mais les mecs m'ont dit de ne pas être trop brusque avec elle et surtout qu'elle avait besoin de distance pour comprendre un peu mieux ce qu'elle venait de vivre.

— Salut je m'appelle June et je ressemble à une handicapée, tu veux bien me sortir de mon carrosse s'il te plaît ?

Benny va certainement me mettre une bonne gifle mais je suis beaucoup trop faible en la regardant me faire les yeux doux. Je grimace en me relevant après seulement trois jours au repos complet et passe mes mains sous ses cuisses. Je la relève difficilement déjà essoufflé de cet effort minime mais parvient toute de même à me convaincre que j'en suis capable.

— Je suis désolée, j'ai presque oublié que..

— Continue comme ça alors.

Ma voix est presque trop grave mais c'est toujours autant difficile de me dire que je suis incapable de faire quelque chose de moi-même a cause de mes essoufflements encore beaucoup trop constants.

— Je comprends, moi aussi je me trouve exactement dans la même situation. Me dit-elle en soupirant. Sauf que je ne sais toujours pas la raison de mon accident.

J'ai une boule dans la gorge en tentant de lui faire comprendre tout depuis le début. Je parle de cette merde de Devon, de son accident dans la forêt ainsi que mes sentiments à vifs jusqu'à ce qu'on m'annonce que mon groupe sanguin me permettait d'être compatible avec elle.

— Comment est notre relation à tout les deux ? Me demande-t-elle timidement en restant à une distance convenable.

— Comme une cigarette allumée dans une flaque d'essence.

Elle me fait des grands yeux ronds mais je trouve que cette citation convient parfaitement à notre situation.

— On s'aime tellement, June. Chuchotai-je en baissant finalement les yeux. Notre relation est toxique et pourtant c'est toujours ensemble qu'on accomplit ce qui nous semble impossible.

— Comme aujourd'hui tu veux dire ?

— Ouais, comme aujourd'hui.. Maintenant, tu auras toujours un petit bout de moi en toi.

Elle rigole en faisant mine de prendre un masque à oxygène.

— Je comprends mieux pourquoi je respire difficilement..

Nos lèvres se joignent et à ce moment-là c'est mon cœur qui parle à ma place. Je retrouve des sentiments oubliés et la sensation de son sourire qui m'effleure dans nos baisers.

— Comment je peux te remercier ? Me demande-t-elle en se reculant.

— Ne t'arrête pas, ça sera suffisant.

Et c'est exactement ce qu'elle fait en reprenant cette fois-ci le contrôle. J'ai beau faire tout mon possible pour prendre de la distance, je n'y arrive pas c'est comme ça. Je ne contrôle pas non plus cette fièvre qui m'habite en enlevant deux boutons de sa robe de chambre. Dans l'obscurité de la pièce, elle accepte la main que je porte à son sein déjà pointé dans ma direction.

— J'en ai besoin, June s'il te plaît.

L'oxygène dans la pièce s'amenuise et c'est comme ci nos respirations reprenaient vie ensemble. J'ai les mains qui brûlent comme du feu en touchant chaque infime partie de son corps sous mes doigts. Je jure que je pourrais la prendre ici même si elle le voudrait autant que moi.

— J'en ai besoin aussi..

Je ferme la porte de la chambre en retournant dans ses bras. Son râle en touchant simplement le bas de sa cuisse me donne des violents frissons. Putain de merde, mon jogging ressemble à la taille de celui d'un enfant de dix ans, apparement c'est la vie que je mène depuis que je la connais.

— Est-ce que nous l'avons déjà fait tout les deux ?

Ses joues virent aux rouge en me posant cette question. Ça me fait doucement rire, elle ne s'imagine absolument pas que notre première fois ensemble a été catastrophique mais qu'on c'est bien rattrapé depuis.

— Pas qu'une fois, Juno. Dis-je en effleurant la culotte en dentelle qu'elle porte.

Elle reste silencieuse en se concentrant sur les mouvements à peine perceptible que je lui porte. Je m'enfonce doucement en elle, je ne peux pas attendre une seconde de plus. J'ai beaucoup trop besoin qu'on se retrouve comme avant même si elle ne se rappelle pas complètement de ce que nous avons vécu avant son accident. Elle se raidit légèrement à ce rapprochement mais me laisse libre court à mon imagination en tirant doucement à la racine de mes cheveux.

Nous prenons notre temps, nos conditions physiques ne nous permettraient pas de faire mieux de toute façon. Son corps tremble sous le mien et nos respirations s'emballe dans une putain de symphonie irrégulière et chaotique.

— Je t'aime June, je t'en supplie ne m'abandonne plus jamais.

Elle ouvre soudainement les yeux en me fixant comme si je venais de dire quelque chose de grave. Elle se relève légèrement sur ses deux coudes en me pointant d'un doigt menaçant.

— Attends deux seconde, pourquoi tu me dis ça maintenant alors que tu sais que je ne me souviens plus de rien ?

Apparement notre conversation de l'après-midi est bien encrée dans son crâne.

— J'avais pas le courage de le faire avant, je veux que tu le saches maintenant.

My only one Où les histoires vivent. Découvrez maintenant