Partie trente deux

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Certains disent que nos vies sont définies par la somme de nos choix. Mais ce ne sont pas vraiment nos choix qui distinguent qui nous sommes.

~~~ Point de vue de Jared. ~~~

Je rattrape June à la dernière seconde en sortant son corps déjà assis dans le taxi. Ses petits poings frappent dans mon dos avec de plus en plus de force mais je ne ressens rien de plus que cette colère insoutenable qui s'immisce dans tout mon corps. Un type en belle chemise blanche sort d'une espèce de voiture qui ressemble plus à un camping-car qu'à un taxi en tentant de me faire reprendre mon calme mais c'est tout bonnement impossible.

— Lâche-moi espèce de merde !

Apparement June est encore plus en colère parce que je ne comprends pas a un traitre mot à ce qu'elle me raconte. Certains mots sont en anglais et d'autres en français, ça reste assez troublant.

— Vous voulez que j'appelle la police mademoiselle ? Demande son chauffeur inquiet en me retenant tant bien qu'il le peut.

— Rentrez dans votre van et ne m'emmerdez pas maintenant.

— Vous êtes une mademoiselle ?

Mon esprit vrille totalement à ses mots et je me contiens de refaire son portrait devant June qui me donne toujours des coups avant de me mordre bien comme il faut dans l'épaule. J'ouvre la portière d'une main et pousse celui qui est en trop dans notre dispute dans sa voiture en fermant grâce à la fermeture centralisée.

— Je te repose seulement si tu te calmes, June.

— Tu es plus branché castration ou que je te roule dessus avec ce van ?

Je repose cette petite merdeuse sur la terre ferme en touchant du pouce les petits marques de dents qu'elle m'a fait si gentiment.

— Qu'est-ce qu'il te voulait ce type dans le restaurant ?

Elle reste silencieuse en croisant les bras contre sa poitrine en signe de résignation.

— Je te pose la même question. Me dit-elle en me fusillant de ses grands yeux bruns. Qu'est-ce qu'elle te voulait cette sangsue collée à ta bouche ?

— Me faire revenir à nos anciens démons.

Je ne peux pas être plus honnête, c'est ce que Nina voulait faire en essayant de me convaincre que je loupe quelque chose en refusant ses avances.

— Alors je t'en prie, amuse-toi bien Collins.

Elle me fait signe de la main en cherchant à me dire que cette conversation est close mais je suis tellement nerveux de me dire qu'elle a sourit grâce à ce putain d'inconnu que je ne veux pas que ça s'arrête là.

— On a pas fini tous les deux !

— Fait moi plaisir Jared, barre-toi d'ici mais surtout récupère ton vieux machin qui souille ce trottoir.

Je ne peux pas dire à June que mon comportement n'est d'autre que de la jalousie. Je vais être honnête en disant qu'il n'y a pas mieux que les lèvres de cette femme en colère sous mes yeux.

— Pourquoi est-ce que tout le monde t'abandonne à ton avis ? Demandai-je en regrettant déjà ses propos. Je vais te le dire honnêtement, personne ne veut d'une pleurnicheuse coincée dans sa vie.

— Je ne te crois pas..

Les larmes sont visible dans ses yeux mais je ne m'arrête pas en si bon chemin. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive mais j'ai besoin que quelqu'un souffre davantage que moi et qui de mieux qu'une femme déjà meurtrie.

— Merde, mais qu'est-ce que tu crois à la fin ? Je peux me faire qui j'ai envie et toi tu imagines vraiment que je vais juste te prendre toi ? La petite française sans famille qui pleure constamment ? Désolé June mais je ne trouve pas mon compte dans cette histoire.

Je respire enfin après cet acharnement mais bizarrement je ne trouve pas cette sensation que je recherchais en disant des mots aussi cruels. A la façon dont elle me regarde, je suis certain qu'elle me voit comme un monstre qui n'a pas de cœur et peut-être qu'elle a vraiment raison.

— Tu as fini ? Me demande-t-elle en se mordant l'intérieur de la joue.

June fait mine de ne pas être blessée mais c'est flagrant qu'elle ne supporte plus toute cette méchanceté que je lui balance à la figure depuis ses derniers temps. Elle me gifle tellement puissamment en guise d'adieux que ma tête pivote comme si elle venait d'un faire un tour sur elle-même comme dans les dessins animés.

— Là c'est vraiment terminé.

Elle court rapidement entre les voitures arrêtés à un feu rouge avant de disparaître dans l'immensité de la ville. Je reste immobile de longue minutes avec en simple bruit de fond le chauffeur de taxi toujours enfermé dans son véhicule qui hurle d'ouvrir la portière.

— Incroyable cette scène.. tu es sûr d'être un mannequin ? Demande Nina qui n'a pas loupé d'une miette notre dispute. Si tu n'as plus de boulot tu sais qu'il te reste le monde du spectacle.

— Ferme là, c'est à cause de toi qu'elle est partit.

Nina qui me sourit toujours de cette façon niaise qui m'agace au plus haut point s'avance lascivement jusqu'à moi.

— Non Jared, c'est toi qui vient de te mettre dans la merde. On embrasse pas son ex copine juste pour rendre jalouse cette petite fille prude.

— Elle n'est pas prude.

— Ah oui excuse-moi, la petite française sans famille qui pleure constamment.

Ce n'est pas un rêve, j'ai vraiment dit ça.

— Barre-toi Nina, ça te fait rire mais comme d'habitude c'est toi la distraction dans l'histoire pas celle qu'on veut vraiment.

Son sourire insolent jusque-là se transforme en une grimace qui a le don de me satisfaire. Je m'en vais jusqu'à ma voiture en laissant cette garce sur le trottoir, ça lui va bien.

Il n'y a pas de train à cette heure.

J'envoie ce texto mais je ne sais même pas ce qui me pousse vraiment à le faire. Est-ce que mes sentiments commence à prendre le dessus ? Sentiments ? Putain ça faisait bien longtemps que je pensais qu'ils ne reviendraient jamais et certainement pas pour une fille comme June. La vérité c'est que j'ai la trouille de me perdre dans cette relation. Je ne suis pas le même avec elle et ça c'est vraiment flippant.

— Bravo du con, tu fais vraiment tout de travers.

Mon poing cogne contre le pare-brise avec une si forte violence qu'il se fissure en deux. Une femme qui passe pas loin de ma voiture toque à la vitre soucieuse.

— Monsieur ? Couine-t-elle en toquant de plus en plus fort. Vous avez besoin d'aide ?

Je fixe un point à l'horizon, silencieux et immobile avec cette simple brûlure dans mes phalanges certainement brisées a cause du mauvais coup.

My only one Où les histoires vivent. Découvrez maintenant