My only one

Partie quatre vingt onze

L'âme n'aurait pas d'arc-en-ciel, si les yeux n'avaient pas de larmes.

~~~ Point de vue de June. ~~~

J'entends les petits battements de son cœur dans la machine et les sanglots me chamboulent violemment. Marvin se tient à ma droite et Andrew a ma gauche, tout deux serrant puissamment leurs mains dans la mienne. Ils sont au petits soins, aimants et rassurants depuis qu'ils savent ce qu'il se passe en ce moment dans nos vies. J'aimerai que ce soit aussi facile avec Jared qui depuis mon annonce fait le mort. Il ne rentre pas souvent à la maison et coupe son portable en me disant qu'il y a trop de boulot à Massey's Industrie.

— Oh la vache, c'est quoi ce monstre ? Il nous fait un paiement cash pour voir son..

Marvin grimace en regardant les images qui dansent sous nos yeux contrairement à Andrew qui reste de marbre pour ne pas se prendre un fou rire devant tout le monde.

— Ils ne font pas les choses à moitié ces deux-là.

La porte s'ouvre brusquement et Jared est la première personne que je remarque après les effets sonores du monitoring. Essoufflé et les cheveux en bataille, il observe silencieux les images qui défilent.

— Excusez-moi mais qui est le père entre vous trois ? Demande soudainement l'infirmière aussi surprise que nous de l'apparition de mon ingrat de petit copain.

La pièce est vide de bruit, j'ai honte de cette situation.

— Ça vous regarde ? Crache Jared en restant obnubilée par le monitoring.

— Nous appliquons les mêmes règles pour tout le monde, vous êtes autant concerné que quiconque.

Andrew serre ma main un peu plus fort dans la sienne en m'incitant à me soumettre au silence. Il veut simplement me faire prendre conscience qu'il fait déjà un gros effort d'être dans cette pièce avec nous. Je veux bien le comprendre mais j'ai besoin de comprendre ce qui se passe dans ta tête dans ses moments-là. Sera-t-il capable de prendre ses responsabilités ? Puis-je lui faire confiance et ne pas m'attendre à ce qu'il parte à chaque coup de panique ?

— Nous sommes ensemble.

Ma voix n'est qu'un murmure presque inaudible.

— Alors je vous demande d'attendre dans la salle d'attente s'il vous plaît Messieurs. S'adresse-t-elle a Marvin et Andrew qui me regarde compatissant.

— On vous rejoins dans pas longtemps.

Jared qui restait jusque-là en retrait soupire soudainement avec agacement.

— Ça va les chiens de garde votre maîtresse vous donnera un os, promis.

— Va te faire foutre, le seul chien dans cette pièce c'est toi.

Andrew que je ne connaissais pas encore sous ses mauvais jours montre ses crocs. La tension devient soudainement insoutenable dans la pièce et plus particulièrement entre les trois garçons qui se regardent en chien de faïence.

— Qu'est-ce que tu viens de dire bouffon ?

— On est en train de te dire plus simplement de revenir à la réalité, putain mais qu'est-ce que tu fous mec, tu pètes les plombs en ce moment.

Marvin pousse doucement Jared en arrière pour lui faire comprendre que ses sautes d'humeurs sont douloureuses pour tout le monde mais comme à son habitude, il ferme les yeux.

— Il a raison, Jared.. Murmurai-je en me redressant doucement du fauteuil. Qu'est-ce que tu fais ici si tu ne veux même pas de cet enfant ?

Ma remarque est comme une grande gifle que je lui inflige. Il me regarde un court instant qui me semble être une petite éternité en me fusillant de. ses grands yeux verts.

— Je sais que je fais que de la merde en ce moment mais putain June.. Je ne veux pas être comme mon père.

Ses traits durcis jusque-là s'apaisent lentement. Le ventre encore couvert de gel, je me rapproche de lui en reposant mes mains sur ses joues pour qu'il me regarde.

— Tu es une personne incroyable Jared Collins, ne l'oublie jamais.

Silencieux, il ferme les yeux en se concentrant exclusivement sur ma voix comme pour reprendre le contrôle.

— S'il te plaît, nous avons encore beaucoup de temps pour apprendre à être des bons parents, ensemble nous y arriverons.

— Et si ce n'est pas le cas ?

— Les deux tontons font déjà tout ceux qu'ils peuvent, il ne reste plus qu'à toi de vivre tout ça avec nous..

Il soupire longuement en passant des deux garçons à moi d'un bref hochement de tête.

— Je dois faire quoi ? Me murmure-t-il a l'oreille.

— Déjà excuse-toi d'être imbuvable avec tes frères, ils sont exceptionnels et tente en vain de rattraper tes conneries.

Son visage croule dans ma nuque et ses bras m'enlacent fortement en s'excusant a moi la première d'être aussi violent dans ses propos et ses réactions.

— Merci de prendre soin de June depuis que..

— Que tu fais de la merde.

Marvin sourit heureux de cette fin de phrase alors qu'Andrew ne desserre pas les dents depuis son remerciement d'avoir pris soin de moi pendant son absence.

— Je te donne une dernière chance, ne me déçois plus où la prochaine fois je vous laisse dans votre merde.

— Promis.

Nous nous prenons tous dans les bras jusqu'à ce que l'infirmière nous rappelle une nouvelle fois à l'ordre. Je ne l'aime pas celle-là, ne voit-t-elle pas que nous avions besoins de ça pour avancer dans la bonne direction ? 

— Sortez-moi de cette pièce et veuillez attendre dans la salle d'attente s'il vous plaît. Râle-t-elle une nouvelle fois en attrapant une grosse serviette. J'ai beaucoup d'autres rendez-vous après le votre.

Les deux frères s'exécutent silencieux en nous laissant finalement l'opportunité de profiter du spectacle qui s'offre sous nos yeux. Ce bébé a besoin de sa maman et de son papa et je ne permettrai jamais à Jared de douter de ses capacités à être un père formidable. Celui que je n'ai pas eu et que je regrette. Je suis certaine sue nous aurons cette magnifique famille que nous construirons avec beaucoup de patiente et d'amour.

— Nous ne pouvons pas dire tout de suite le sexe de ce bébé mais à mon avis.. Elle aura des magnifiques yeux bleus comme sa maman et le petit nez de son papa.

— Alors ça serait une fille ? Demandai-je surprise de cette information.

L'infirmière me sourit chaleureusement avant de m'essuyer le gel qui coule encore sur mon ventre.

— Nous ne pouvons pas être certains à cent pour cent mais oui j'en suis presque convaincue.