Chapitre cent onze

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Point de vue de Jared.

Perdre un gamin de seize ans dans la montagne, c'est un objectif que je me fixe et qui est bientôt atteint. Après la discussion que j'ai entendu ce matin depuis l'arrière du garage, je suis certain que Randy tente de se faire ma fille derrière notre dos. Enceinte à seize ans ? On est pas dans une chanson de Colonel Reyel et ma fille s'appelle encore moins Aurelie. Alors c'est hors de question que je donne la chance à ce petit con de la faire souffrir.

— Comment on va faire ?

— On planifie la perte de l'individu, rejoins-moi dans  notre planque.

Mon acolyte s'enfonce un bonnet sur le crâne en cherchant des yeux notre cachette secrète derrière le chalet. Une vielle cabane en bois où nous passons notre temps à faire nos plans derrière les oreilles indiscrètes de June. Elle me tuerait de ne pas encore faire confiance à ce gros con après ses deux derniers mois.

— C'est où notre planque ? Me demande-t-il beaucoup trop fort. Je comprends rien là..

— Parle moins fort, Pamela ne doit pas être au courant.

Je crois que je viens vraiment de le perdre à ce moment-là. Je savais qu'il était con mais à ce point, ça devient déprimant.

— Comme Pamela Anderson tu veux dire ? Répète-t-il en me suivant jusqu'à la cabane. Mec, June a des seins plus petits qu'un seul de mes gnocchis..

— Mais justement du con ! Elle ne pourra jamais se reconnaître avec ce blaze.

Il sourit bêtement en comprenant ce que je cherche à lui dire depuis une petite éternité maintenant. J'ai vu ça dans un film, toujours mettre un surnom que la personne en question ne pourrait pas se reconnaître.

— Ah oui, c'est bon j'ai compris ! Ricane-t-il comme un con en faisant mine de se cacher derrière un arbre. Agent chaud lapin à l'appareil.. tu me reçois ?

— Je suis à côté de toi, Marv..

Dépité, je rentre dans notre planque en cherchant une manière de faire partir ce pot de colle de Randy de chez nous. Il faut être discret, le coup de la dernière fois n'a pas fonctionné alors que pourtant j'avais tout planifié correctement. Il fallait qu'une ancienne amie qui dirige la boîte de nuit du village lui fasse du rentre dedans. Ce n'était pas compliqué pourtant, pourquoi ce con n'est pas tombé dans mon piège ?

— On le plante à la deuxième intersection de RiverJones, pas de station de bus à moins de huit kilomètres, facile. Me dit-il en notant tout sur une petite feuille.

— Ok on fait ça, rendez-vous dans trente minute dans la voiture.

Le silence est pesant dans la voiture, Randy ne voulait pas venir mais il n'a pas vraiment eut le choix en connaissant Marvin et ses arguments bidons. J'ai bien cru qu'il allait faire capoter nos plans avec son histoire à deux balles. Heureusement, nous sommes enfin à destination avec nos ski dans le coffre.

— Ça va être la meilleure journée de ta vie mon pote ! Aboie Marvin qui sourit toujours idiotement en allumant une cigarette. T'en veux une ?

— Non, je ne fume pas.

Il lève les yeux haut dans le ciel en sortant de la voiture. J'ai bien compris, il n'a pas envie d'être avec nous et ça tombe bien parce que moi non plus je ne veux pas qu'il soit là. Autant que ce soit expéditif, comme ça plus de problème.

— Tu as déjà fait du ski ? Demandai-je alors qu'il galère à mettre un pied dans la chaussure. On voulait faire du hors piste.

— J'en ai fait que deux fois, mais si vous voulez..

L'après-midi se passe correctement et je suis même surpris de rire de temps en temps avec ce gros con d'adolescent qui tombe à chaque occasion. Nous trouvons le bon moment après une de ses dernière chute. Nous courons comme deux cons jusqu'à la voiture quand il se trouve la tête dans la poudreuse.

— Allez salut le naze, tu as cas descendre en ski ça ira plus vite !

Je donne un coup de coude à Marvin qui grimace en sautant sur son siège. Le calme revient doucement dans l'habitacle après notre fou-rire monumentale. Plus nous descendons et plus je regrette légèrement ce que nous venons de faire. J'imagine déjà Ella qui ne voudra plus jamais m'adresser la parole mais surtout June qui sera déçue de mon comportement.

— Tu vas où comme ça ?

Je tourne brusquement le volant en faisant machine arrière.

— Je peux pas faire ça.

— Bien sûr que si tu peux le faire. Râle-t-il en tournant le volant comme un con. Tu te souviens pas ? Jared Collins fait ce qu'il veut, quand il le veut.

Je ralentis mais la voiture patine dessus la glace, ce con va vraiment nous faire, faire du hors piste si ça continue comme ça.

— On avait vingt ans, on est plus des gamins Marvin. Putain mais enlève ta main du volant !

— Attention la biche !

Je tourne tellement fort mon volant que je contourne cette maudite biche en fonçant tout droit dans un sapin. Le coup violent me donne des soudains maux de crâne. Putain de merde, on est mort.

— Bravo enfoiré, on rentre comment maintenant ?

J'applaudis mon voisin de connerie foireuse qui se frotte la tête en maudissant tout et n'importe quoi. On a perdu Randy et on a plus de voiture, si c'est pas le destin, je ne comprends pas.

— C'est un signe mon pote, il fait bientôt nuit et on a même plus de clopes.

Le coup peut-être légèrement trop fort que j'envoie à mon ami qui se tape la tête contre la fenêtre me donne le sentiment d'être encore plus dans la merde qu'avant. Il va être d'une humeur de chien pendant tout le reste de la journée.

— Qu'est-ce que tu viens de faire là ?

My only one Où les histoires vivent. Découvrez maintenant