Chapitre cent trois

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Ils appellent ça un coeur brisé, mais je souffre dans tout le corps. Et si je restais comme ça pour toujours ? Et si je m'en remettais jamais ?

Point de vue de Jared.

J'embrasse son corps, ses lèvres pleines qui m'attendent entre deux respirations irrégulières. Tout chez elle m'attire inexplicablement même quand ma conscience me hurle de prendre la fuite avant un autre drame. Je ne veux pas d'attachements en ce qui concerne ce bébé, mais June a besoin de moi avant tout alors j'accepte cette nuit ou je retrouve tout bonnement goût à la vie.

Elle m'embrasse comme la toute première fois, m'enivre de ses mots doux et m'emmène tout simplement dans un rêve où elle est la seule qui compte à mes yeux.

— Je t'aime à en crever, June.

Elle sourit malicieusement, s'imagine une ligne de baisers imaginaire contre mon torse jusqu'à ma ceinture abdominale puis m'enlève mon jean brutalement en me chevauchant d'une manière experte.

— Je ne te connaissais pas autant sauvage.. Dis-je en caressant sa poitrine volumineuse sous mes mains. Est-ce que je dois connaître autre chose venant de toi ?

— J'en meurs d'envie depuis beaucoup trop longtemps, Jared..

Je m'oxygène de ses mots salaces qui rythme nos retrouvailles sous la couette et doucement elle me plaque contre le matelas en tenant fermement mes deux mains d'une part et d'autre du grand lit. Elle m'enlace, me pénètre lentement sans aucun préliminaires et j'adore ça. Je me noie dans ses petits cris et dans sa respiration saccadée qui m'implore de lui faire vivre les plus belles retrouvailles qui soit.

— Minute papillon, c'est juste le début.

~~~

La lumière de plus en plus violente dans la chambre me donne déjà mal au crâne. Je me rappelle que June voulais de l'aide en ce qui concerne un carton de décoration, mais je n'avais vraiment pas envie de le faire aussi tôt alors je me suis rendormie grincheux en marmonnant.

— June ?

Je me lève difficilement en cherchant ma femme qui doit déjà être en train de faire du café ou même faire du yoga dans le jardin dans son legging ultra moulant.

— Putain, c'est quoi toute cette flotte ?

Je ferme le robinet en soupirant à la vue de toute cette piscine contre le parquet, mais June ne me donne toujours pas signe de vie. Est-ce que je dois être inquiet ? Je visite la maison pièce après pièce en cherchant ma blonde préférée qui m'a fait vivre la plus belle nuit de toute mon existence, mais le silence radio dans l'immensité de cette maison commence à me faire froid dans le dos.

— C'est vraiment une blague de merde, June !

J'ouvre la dernière porte qu'il me reste de la maison ou la lumière est encore allumée et remarque tout de suite la chaise renversée et le corps livide de June contre le parquet. Je rate un battement, m'étouffe silencieusement en restant en apnée un bref instant qui semble être une éternité.

— Ma femme est tombée d'une chaise, elle est enceinte de presque sept mois ! Je hurle dans le combiné en donnant le plus d'informations possibles au centre des urgences. Dépêchez-vous, elle a perdue beaucoup de sang.

Je raccroche quand on m'en donne l'autorisation puis soulève légèrement son visage en le positionnant contre mes jambes. La panique me paralyse conte le sol devant cette robe blanche recouvert d'un liquide rouge et profond. Je l'appelle plus d'une fois, lui implore de me faire un signe, mais même avec ses yeux fermés, je ne vois que le vide qui nous entoure.

— S'il te plaît mon cœur, réveille-toi..

Les nombreuses minutes qui suivent mon coup de téléphone se ressemblent et me bouffe au plus profond de moi-même. Je crois bien que je suis en train de vivre une descente vertigineuse jusqu'en enfer. J'ai besoin d'elle à tout jamais, de ce bébé qui la rendait lumineuse et de croire qu'on pourrait se reconstruire malgré tout. La porte d'entrée s'ouvre soudainement, mais je ne bouge pas d'un poil en lui promettant de ne plus jamais partir sans elle.

— Dégagez le passage, nous devons la prendre en charge immédiatement ! Un ambulancier me pousse légèrement en me faisant comprendre que je suis de trop dans cette pièce. Hémorragie externe Bruce, je ne trouve plus son pouls !

Le fameux Bruce touche mon ange encore endormie en commençant un massage cardiaque de plus en plus rapide. Je ne vois que cette scène sous mes yeux en priant pour qu'elle s'en sorte avec notre enfant qui ne mérite pas de vivre déjà sous une couveuse.

— Depuis combien de temps approximativement est-elle tombée de cette chaise ? Me demande une femme en ouvrant son bloc-notes.

— Vous croyez vraiment que je suis capable de répondre à cette question ?

— Je dois faire une estimation Monsieur Collins, c'est nécessaire pour l'enquête.

J'ai la tête qui tourne et le cœur qui se brise en mille morceaux en me disant que je suis coupable de cette accident.

— C'est quoi cette connerie d'enquête ? Je ne sais pas peut-être une heure ou plus.

La femme poursuit son interrogatoire puis me dirige jusqu'à l'arrière de l'ambulance en entendant qu'ils transportent June dans un vulgaire brancard. Je lui serre la main doucement en reposant mon front contre le sien durant les dix longues minutes qui nous emmène à l'hôpital.

— Je ne t'abandonne plus, June.. s'il te plaît ouvre tes beaux yeux.

Une larme brulante roule à vitesse vertigineuse jusqu'à mon menton. Je me livre complètement à cette femme qui me manque plus qu'elle ne l'imagine. Je suis fautif, l'incontestable responsable du petit cœur qui bat puissamment en elle. Nous ne sommes plus deux mais trois et je commence vraiment à le comprendre maintenant qu'elles sont plus que jamais en danger.

Je patiente une longue heure dans la salle d'attente avec Marvin qui m'a rejoint aussitôt en m'apportant une tablette de chocolat et une petite gourde avec du whisky. Comment fait-il pour me faire sourire dans un moment aussi terrible ?

— Il sert à quoi le chocolat dans cette histoire ? Demandai-je en regardant la tablette qui me fait de l'œil.

— Apparemment c'est un bon remède contre le stress et c'est aussi celui que ta blondinette préfère.

Il me sourit, mais je suis en train de prendre conscience que je ne le savais pas avant qu'il ne vienne ne me le dire en pleine tronche.

— Je ne suis pas au courant..

— Oh.. c'est pas grave mon pote, c'est qu'un putain de détail rien de plus..

Ce garçon qui est comme mon frère me console silencieusement en caressant mon dos en vrac. D'ordinaire, je ne me laisserais sûrement pas faire mais je crois que dans le fond j'ai besoin d'être soutenu d'une manière ou d'une autre.

— Monsieur Collins ?

Une infirmière en blouse blanche s'avance jusqu'à nous en me souriant faiblement.

— Comment va-t'elle ?! Demandai-je en l'attrapant des deux côtés du col de sa blouse.

Je ne prends conscience que plus tard que je la soulève doucement du carrelage et la repose gentiment en m'excusant.

— Nous sommes dans l'obligation de faire sortir votre petite fille bien que trop en avance.. elle ne pourra pas survivre si nous ne le faisons pas dans l'heure qui vient.

— J'ai pas bien compris, vous pouvez me le redire plus clairement ? Putain, où est ma femme ?!

My only one Où les histoires vivent. Découvrez maintenant