Partie soixante et un

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C'est parce que je t'aime que je dois te laisser partir.

~~~ Point de vue de Jared. ~~~

Six longs jours où j'ai envie de mettre la tête en sang au stagiaire parce que je n'accepte toujours pas ce qu'il a dit. Max qui venait rendre visite à June à ce moment-là nous a séparé après seulement le deuxième coup de poing. Apparement son nez en a pris un bon coup, c'est tout de même jouissif. Après une visite banale à l'infirmerie, j'ai appris que nous sommes compatibles avec la mère de June. Problème de santé de son côté, c'est moi qui me porte volontaire. L'opération est dans moins de quatre heure, c'est vraiment flippant.

— Tu veux un café ?

Lily la copine de June me donne un gobelet en plastique fumant.

— Je suis à mon sixième aujourd'hui. Dis-je simplement en avalant une gorgée brûlante du liquide.

— Oublie alors, tu vas faire une attaque pendant ton intervention.

Elle sourit en me reprenant le gobelet dont elle jette rapidement son contenu dans le lavabo de la salle de bain. Après ça elle revient prendre place sur une chaise en soupirant.

— Comment tu te sens, Jared ?

— Comme quelqu'un qui va bientôt vivre avec un poumon à la place de deux.

Voilà comment je me sens actuellement. Je ne dis pas tout parce que ça ne la regarde pas mais June me manque terriblement, c'est insupportable. Je veux qu'elle est la chance de vivre normalement si mes organes vitaux me le permettent. Qu'elle me revienne tout simplement avec son sourire plus brillant encore que le soleil et cette joie de vivre contagieuse qui me rendait tellement plus heureux.

— Tout le monde est fière de toi.. Me dit-elle en m'incitant timidement à prendre la main tendue qu'elle m'offre. J'avais une mauvaise image de toi avant mais ce que tu fais pour elle aujourd'hui c'est vraiment digne d'un chouette type.

— Remballe ta main, Lily on est plus en primaire.

Elle rigole sincèrement en comprenant que ce n'est pas parce que je me donne corps et âme dans ce putain de combat que ça veut dire que je vais être quelqu'un d'autre qui ne me ressemble pas.

— Ok pas de poigne de main, j'ai bien compris.

Je me force à sourire parce que je vois enfin cette toute petite lumière au bout du chemin. Finalement, c'est ce qui me retient de ne pas me morfondre. Je ne le savais pas encore mais c'est June qui me donne cette force de me battre.

— Il y a certaine chose que tu ne pourras plus faire comme avant, tu en as conscience j'espère.

— Je suis au courant la chieuse, plus de sport intensif, plus de cigarette, plus d'alcool. En gros on me prive de tout ce que j'aime.

Une main se pose soudainement dans ma nuque, je me retourne comme une furie prêt à mettre un point dans la gueule à celui qui vient de faire ça mais je remarque que Marvin se recule d'un pas prêt à esquiver mon coup.

— Putain mais tu es con ou quoi ?

Je râle comme à mon habitude mais son rire grave et entêtant me calme automatiquement. Je ne sais pas de quoi je me protège, bientôt toute cette merde restera dernière nous.

— J'ai un traumatisme crânien alors ne m'emmerde pas, mon pote.

— Mais il est de naissance ton traumatisme, mec !

Lily qui ne connaît apparement pas le bébé de notre groupe le regarde comme s'il venait d'une autre planète. Je t'assure que c'est pas une blague ma cocotte et avec son accident ça va être pire qu'avant.

— Je vois que ça s'amuse beaucoup là-dedans. Nous sourit Benny en changeant la poche de la perfusion. Est-ce que tu es prêt à faire le grand saut mon mignon ?

— J'ai le choix ?

Le stress me faire dire n'importe quoi, bien sûr que j'ai le choix mais surtout que je suis prêt à tout pour que June me revienne.

— Je te fais confiance Benny, ne me loupe pas avec ton con de chirurgien où je vais vous rendre la vie impossible.

— Je dois être honnête avec toi, c'est la première fois qu'on intègre ce genre d'intervention dans notre service. Me dit-elle les yeux rivés sur June. Tu vas être notre cobaye.

— Pardon ?

Mon coeur tambourine avec violence dans ma poitrine. Mais qu'est-ce qu'elle me raconte encore ? Je ne compte pas être le cobaye de la science. Je fume depuis que j'ai quinze ans, je ne comprends même pas comment c'est possible que mes poumons soit encore intacts à ce stade.

— Arrête de faire ta petite nature, c'est pour la bonne cause mon chou.

Marvin me chochotte à l'oreille de la même intonation que l'infirmière.

— Bah oui mon chou, assume ce que tu as dans le pantalon.

— Ferme là, tu veux voir si ta bouche est assez grande pour bouffer tout ce qu'il y a dedans mon con ?

Il fait une mine de dégoût en se reculant soudainement. Bah voilà, c'est pas difficile d'avoir un peu la paix ?

~~~

Me voilà enfin prêt à me rendre au service de la science pour sauver la vie de ma copine. Si on m'avait dit ça plutôt, je rigolerais encore de cette blague mais maintenant que j'y suis, je fais moins mon comique. Ils m'attendent tous dans la salle d'attente alors que je suis déjà sur un putain de brancard de vieux. J'ai lutté pour ne pas me mettre dessus mais c'était peine perdue, je n'ai pas mon mot à dire d'après Benny.

— Ne rigole pas où je t'arrache ton sourire de vicieux, Andrew.

Il me taquine mais je n'arrive pas a en rire, je suis trop anxieux à ce stade.

— Merci pour ce que tu fais, Jared. Me chuchote la mère de June à l'oreille. Nous t'en serons éternellement reconnaissants.

— Je ne fais pas ça pour vous, vous devriez vous mettre ça dans le crâne.

Elle se recule livide de mon lit roulant en comprenant que je suis sincère dans tout ce que je viens de dire. Je ne fais pas ça pour eux après tout ce qu'ils ont fait mais surtout tout les mensonges accumulés depuis tant d'années. Marvin se lance en deuxième en me prenant dans ses bras, je ne le repousse pas contrairement à d'habitude.

— On t'aime mon frère avec ou sans gnocchis sous la braguette.

Cette fois-ci, je ne trouve pas la force de lui mettre une claque, je me contente simplement de le serrer le plus fort possible contre moi en prenant toute la force qu'il me donne.

— Ça toujours été toi le plus rebelle de la famille. Me lance mon frangin en acceptant ma main tendue. Reviens-nous en forme, je ne bouge pas de ta chambre.

— Ne cherche pas à te faire Benny, elle a un double menton.

Merde, à la façon dont elle me regarde je suis certain qu'elle vient de m'entendre.

— Allez Collins, tu feras moins le malin quand tu n'auras même plus ton poumon droit.

My only one Où les histoires vivent. Découvrez maintenant