Tu verras, les âmes se retrouvent toujours quelque part.
Une fin couche de poussière et de condensation recouvre le hublot de l'avion en tentant de voir les derniers rayons du soleil derrière la vitre. Je ne supporte pas les vols de nuit pourtant son prix attractif a tout bonnement eu raison de moi. Douze heures c'est pas la mort non ? Je jette un coup d'œil envieux a mon voisin de siège très a l'aise, bouche ouverte et langue presque pendante en train de dormir. Son souffle brûlant caresse mon visage a chaque expiration, m'empêchant moi-même de me reposer. Les yeux lourds de fatigue, je trouve refuge dans les couloirs du Boeing a la recherche d'une solution. Au loin, a travers une foule dense de monde souhaitant se rendre au petit coin, je remarque une hôtesse et prie secrètement pour qu'elle me vienne en aide.
— Bonsoir, j'ai un problème avec mon voisin de siège. Pouvez-vous me trouver un autre siège disponible s'il vous plaît ?
La jeune femme aux rouge a lèvre carmin coupe court a sa conversation en m'apportant enfin un minimum d'attention.
— Vous êtes en première classe ?
— Non ?
Ses lèvres s'incurvent dans un sourire mauvais en me fixant comme une porteuse de maladie.
— Alors vous pouvez retourner vous assoir a votre place. Me dit-elle sèchement. La prochaine fois, payez plus chère et vous n'aurez pas ce problème.
— Je vous remercie pour votre sympathie, si je peux me permettre, vous devriez vous faire astiquer un peu plus souvent, apparemment ça rendrait aimable a ce qu'on dit.
Je ne manque pas de sourire moi-même avec arrogance au Stewart qui lui fait face pour appuyer mes propos avant de m'aventurer de mon propre chef en direction des portes de la première classe. Je teste plusieurs d'entres-elles avant de me retenir de justesse aux murs en ouvrant la dernière porte d'une cabine inoccupée. Je referme rapidement derrière-moi et avance timidement dans cette petite pièce exiguë qui comporte tout de même tout le confort d'une petite chambre. Une couchette, un fauteuil confortable devant une tablette servant de bureau ainsi qu'une salle de bain privative. Je ne veux même pas connaître son prix mais a ce stade, c'est du luxe.
— Pardonnez-moi mon père, c'est péché.
Je signe d'une main tendue avant de tomber a la renverse sur la couchette. Morphée m'enveloppe rapidement dans ses bras a peine les yeux fermés et je ne lutte plus en me laissant bercer doucement comme un bébé. Je ne sais combien de temps, je m'enivre de bonheur mais une soudaine lumière criarde me fait sortir de mon euphémisme. Le somnifère tape encore sur mon crâne en distinguant a travers mes cils collés, une silhouette imposante sur le fauteuil en face de la couchette. Je sursaute violemment, une main lourde contre mon cœur en tentant de faire taire ses battements douloureux.
— Vous faites des bulles avec votre nez en dormant.
Me dit-il d'une voix grave, les yeux toujours rivés sur son livre.Mon silence accueille ses propos en passant au crible cet homme a l'origine de ma soudaine crise de panique. Ses cheveux bruns sont en bataille et contraste avec le teint de sa peau diaphane. Je ne vois pas totalement les traits de son visage, seulement la courbe de son nez droit mais retroussé légèrement a la pointe. Apparement mon silence ne lui convient pas a la façon dont ses yeux noirs et calculateurs sous des cils infinis sombrent dans les miens sans aucune expression particulière.
— Vous aimez ce que vous voyez ?
Je me retiens de rire devant cette question saugrenue.
— Quoi un homme qui aime lire ?
— Non, un homme qui s'apprête a vous faire payer votre intrusion dans sa piaule.
Il se relève de son fauteuil digne d'un animal et contourne la couchette avant de prendre une bouteille de whisky dans une armoire. Le bouchon tombe sur la moquette et tournoie un petit moment sur lui-même avant de s'immobiliser a nos pieds. Contrainte de faire le moindre geste, sa paume d'Adam roule sous le liquide brunâtre avant de me tendre la bouteille.
— Non merci, je vais partir maintenant.
Dis-je en remarquant mon doigt vide de ma bague.Je pars a sa recherche en fouillant les draps comme une toxicomane en manque de drogue. Elle est la dernière chose qu'il me reste de mon père et je ne compte certainement pas lui offrir comme cadeau.
— Vous voulez creuser un terrier ?
Me demande-t-il visiblement jamais a court de saloperie.— Vous êtes marrant mais je ne partirai pas de cette chambre sans ma bague.
Des coups bruyants contre la porte soulève mon estomac en me statufiant comme une momie sur le lit. Nos regards s'amarrent soudainement l'un a l'autre en sentant la chaleur de sa paume sur mon avant-bras pour me faire rejoindre la salle de bain attenante. J'ai envie de riposter mais son doigt niche subitement sur mes lèvres pour me faire signe de me taire.
— Ne sortez pas de cette pièce, c'est compris ?
Me dit-il dans un chuchotement. J'ai un rendez-vous important.— Dépêchez-vous alors ou je vous rejoins et vous colle la plus grosse honte de votre existence.
Un sourire malsain naît a la commissure de ses lèvres en me jaugeant de haut en bas comme la salope au rouge carmin de tout a l'heure.
— Essayez toujours, je suis certain que ça pourrait vous plaire.
Je grimpe sur la cuvette des toilettes pour assister a ce fameux rendez-vous important qui ne peux pas attendre. La fenêtre est toute petite mais suffisante pour assouvir ma petite crise de curiosité digne de la pire commère du quartier. L'hôtesse de tous mes cauchemars fait son apparition dans la cabine d'une moue agacée. Mon oreille vient se tendre contre la vitre pour attendre la conversation entre eux.
— On m'a dit de me faire astiquer plus régulièrement. Dit-elle en baissant sa jupe. Ça me rendrait plus sympathique apparemment.
— Cette personne a raison, tu ne peux pas compter que sur mes jours de vol pour que je m'occupe de toi. Lui dit-il en la retournant contre le mur. Trouve-toi un mec, Alix.
La conversation cesse soudainement dans une partie de jambe en l'air dont je regrette amèrement d'être conviée. Plus les secondes s'égrènent et plus je me sens comme une intruse, une putain de voyeuse devant un film porno. Le garçon ne lui donne aucune forme de romantisme en la prenant violemment contre les parois des murs. Soumise, Alix se contente de le gratifié dans des halètements suffisants. La bile me remonte en bouche en me terrant sur la cuvette des toilettes. Je poireaute, le temps me semble être une éternité avant que la porte ne se referme enfin. Je sors de moi-même sans qu'il ne vienne me chercher, le cœur battant a tout rompre dans la poitrine.
— Vous vous prenez pour qui ?
— Je vous retourne la question ? Nous sommes quittes maintenant, la prochaine fois que vous ne voulez pas faire saigner vos oreilles et vos yeux, ne rentrez pas dans une chambre sans autorisation.
La paume de ma main fourmille tant cette envie de lui en mettre une pour le faire redescendre devient forte. Avec une nonchalance propre a lui-même, le garçon rajuste son pantalon sans retirer son air hautain et condescendant de son visage.
— Vous pouvez toujours utilisé votre bouche pour faire autre chose plutôt que de dire de la merde. Nous pouvons toujours trouver un compromis.
Je le gifle de toute la puissance dont je suis capable a peine sa phrase achevée. Je me suis faite la promesse de ne plus jamais me faire parler de cette manière par un homme et je compte bien tenir mon engagement. Son visage pivote légèrement sur lui-même dans un silence qui n'augure rien de bon.
— Pas la peine, ma main fait tout aussi bien son travail.
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My only one
RomanceDans ce roman, June nous plonge dans l'univers délirant d'une femme tourmentée par son passé qui rejoint sa meilleure amie a New-York pour prendre un nouveau départ. Beck reconnue et bien implantée dans ce monde si fantasque lui ouvre les portes d'u...