Chapitre cent sept

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Elle avait des yeux où il faisait si bon vivre que je n'ai jamais su où aller depuis.

Point de vue de June.

Un doigt expert s'insinue lentement sous la bretelle de mon soutien-gorge dans un moment d'inattention. Je sourie bêtement, comblée et heureuse que mon mari me regarde toujours de la même façon même après cinq ans de vie commune. Il trace une petite ligne invisible de baisers de la base du lobe de mon oreille jusqu'à la peau fine de ma nuque en souriant malicieusement comme à son habitude.

— Dix euros de pourboire et je te donne le droit de faire ce que tu veux de moi quand on rentre à la maison.

Je me retourne soudainement et contemple ce détraqué sexy à en crever qui ricane en me faisant un clin d'œil.

— Je te rappelle que tu es milliardaire, Collins. Qu'est-ce que tu vas faire avec dix euros ?

— Et je te rappelle qu'il y a une petite naine qui ponctionne tous dans les placards.

Je lui donne une bonne claque dans le crâne en me demandant le véritable sens à ma vie quand notre petite fille me saute dans les bras en grimaçant de plus belle.

— C'est quoi une naine ? Me demande-t'elle en enroulant une mèche de mes cheveux dans sa petite main.

— Un petit machin minuscule comme ça et qui mange gros comme ça.

Mon bad boy mime du plus petit au plus grand avec ses doigts en lui tirant la langue comme elle le fait d'habitude quand quelque chose ne lui convient pas. Autant dire qu'ils sont exactement les deux mêmes et ça me donne souvent du fil à retordre à la maison.

— Je suis pas un petit machin ! Ella croise les bras contre sa poitrine en boudant.

Il pince tendrement la joue de notre petit ange au mauvais caractère en lui demandant le plus gentiment possible.

— Ils sont où mes gâteaux, Ella chérie ?

— Dans mon ventre.

Je crois que je peux mourir en paix en regardant ce spectacle entre deux enfants de quatre ans qui sont en train de se battre pour une histoire de gâteaux.

— Tu es certaine qu'il n'y a rien dans tes joues ?

— Non..

Je la repose doucement contre le carrelage et cette petite chipie court jusqu'à la sortie avec son père à ses trousses qui hurle de plus en plus fort dans le hall.

— Rends-moi mes gâteaux ou je te mets en pension chez ta vielle sorcière de grand-mère qui ne te donne que de la soupe et du pain !

— A L'AIDE, PAS MAMIE SORCIÈRE !

~~~

Je contemple le paysage animé derrière la fenêtre en me demandant si il existe quelque chose de plus merveilleux que d'être entouré de sa propre famille. Celle qu'on construit avec le temps quand on passe au stade adulte de notre existence. J'ai Ella, ma magnifique petite fille aux cheveux blonds qui sourit toujours malicieusement de la même manière que son père, qui commence à comprendre certaine petite chose du haut de ses quatre ans et qui m'envahit d'un bonheur sans fin. De l'autre côté, une main fermement accrochée au volant et l'autre contre ma cuisse, celle d'un homme difficile et tourmenté par la vie qui s'accroche à ses rêves de petit garçon.

— A quoi tu penses ? Me demande-t'il en baissant le volume de la radio.

— Je pourrais mourir d'amour en regardant cette petite fille endormie.

Un bref sourire s'esquisse contre ses lèvres pleines.

— On est tous chanceux dans cette histoire et je ne veux pas que ça s'arrête.

Nous poursuivons notre route jusqu'à la campagne, loin de toute l'agitation de New-York et de cette ville polluante qui constitue notre environnement. Enfin des vacances, plus de soucis avec l'entreprise et dix jours de repos dans une vielle maison d'une arrière grand-mère à Jared qui préfère nettement la maison de retraite avec ses amis.

— J'ai faim, maman..

Ella radote depuis cinq minutes en sautillant dans son siège auto.

— On arrive bientôt, rendors-toi encore un peu.

Après quelques minutes supplémentaires de voiture, nous nous arrêtons dans un restaurant à la recherche de poulet comme veut cette petite chipie à l'arrière. La pancarte aux allures de Cow-boy donne faim et nous ne tardons plus à faire notre entrée dans la salle en cherchant une table de libre.

— Ça pue la merde ou c'est moi qui a un problème ?

J'inspire longuement et expire en cherchant cette fameuse odeur qui empêche Jared de faire un pas de plus dans le restaurant et me bouche le nez à mon tour en lâchant soudainement la main d'Ella.

— Non tu n'as pas de problème visiblement..

Un haut-le-cœur me paralyse de tout mon long et je comprends bien que trop rapidement qu'il ne s'agit pas de la cuisine un peu plus loin mais de la couche de notre fille.

— C'est à toi aujourd'hui, je te préviens tout de suite. Dis-je à mon bad boy en lui montrant un sac d'affaires de rechange.

— Bravo c'est très classe de me faire ça, June.

Il m'applaudit soudainement en nous fusillant l'une après l'autre du regard avant de prendre la petite boule puante par la main.

— Oh je te félicite aussi ma cocotte, c'est charmant de faire ça devant tout le monde.

— Bah, ça pue ! Renchéri-t'elle en se bouchant le nez comme son père.

Trois heures plus tard, Ella est déjà endormie dans la chambre attenante à la notre, le ciel nous illumine de ses reflets tirant jusqu'au orange et la brise est plus ou moins fraîche. Cette maison de campagne est incroyable sous tout point de vue, grande, lumineuse et révèle même une jolie piscine en bois sous les grands arbres. J'enfile mon maillot de bain, attrape un verre de champagne dans le sceau en plastique puis me tape un sprint jusqu'à l'eau tiède de ce début de soirée.

— C'est pas la belle vie ?

Je regarde cette pomme d'Adam qui monte et descend quand il boit à même la bouteille de champagne. Je le reconnais bien là-dedans, il n'en fait qu'à sa tête, mais il reste incroyablement sexy même du haut de ses vingt-six ans.

— Il ne me manque plus qu'une chose, tu veux la connaître ? Me demande-t'il de son sourire coquin.

— Cette piscine va être spectatrice d'une vague à haut risque ?

Son tee-shirt frôle brutalement la pelouse et dans un bref instant, ses bras s'enroulent contre ma taille en me rapprochant toujours un peu plus proche de lui.

— Tu n'as même pas idée..

My only one Où les histoires vivent. Découvrez maintenant