Partie quinze

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Soyons extraordinaires ensemble plutôt qu'ordinaires séparément.

~~~ Point de vue de Jared. ~~~

Je mate son cul beaucoup trop bandant dans cette robe courte en laine. Les yeux dans le vide, elle observe la pleine lune tout sourire aux lèvres. Cette fille a un putain de grain à la place de la cervelle, je ne vois pas pourquoi ce qu'elle regarde la fait sourire à ce point-là.

— Putain la vache c'est quoi cette gueule ? Demandai-je en la narguant depuis le capot de ma voiture. Tu peux ressusciter ma grand-mère comme ça.

Elle me mitraille de ses grands yeux bleus, la phrase qui s'ensuit risque d'être plus que cinglante.

— Elle se retourne déjà certainement tous les jours dedans vu la tienne.

La morsure glaciale du vent s'immisce sous mes vêtements tout comme la claque que je viens de me prendre dans la tronche. Cette petite conne est autant habile dans ses joutes verbales que dans sa façon de me mettre ce qui a dans le caleçon au garde à vous.

— Tu peux descendre de ton balcon pour voir qui je vais retourner si tu m'emmerdes encore.

Ma remarque est suspendue à ses lèvres et me fait doucement rire. Ses joues virent dans un teinte inhabituelle.

— Pourquoi tu es encore là ? Crache-t-elle comme un serpent.

— Parce que c'est ton anniversaire et que j'ai une bouteille de vin dans mon coffre.

Ses grands yeux de chats balaient ma voiture encore à l'arrêt en sentant certainement le vis qui se trame. En réalité il y a bien une bouteille dans le coffre pour cette occasion. Aujourd'hui, cet enfant rebelle devient une grande, il fallait bien que je fasse un effort.

— Comment peux-tu savoir la date exacte vieux psychopathe ?

Je secoue une petite chaîne dans ma main. June l'avait oublié en partant de chez moi la semaine dernière et je me suis dit comme un tordu que c'était un bon moyen de pression. Elle plisse des yeux en comprenant rapidement ce que je tiens dans la paume de ma main.

— ESPÈCE DE MALADE.

Exactement vingt-neuf secondes avant qu'elle ne se pointe en petite robe sous mon nez.

— Donne-moi cette chaîne !

Je domine June qui saute le plus haut possible sans jamais parvenir à me la reprendre. Elle semble tellement en colère et moi tellement hilare de la situation que je continue à la faire tourner en bourrique.

— Elle a quoi de symbolique ? Demandai-je en plaçant ma main encore plus haut.

— Rien qui ne te concerne.

Je tiens la petite chaîne de chaque extrémité en faisant mine de la fendre en deux. Ses yeux brillent comme deux soucoupes en hurlant comme si on venait de lui prendre la vie. June respire si bruyamment que je crois à une soudaine crise de panique en la regardant.

— Non s'il te plaît..

— Alors tu vas me dire pourquoi elle compte autant à tes yeux ?

La tristesse consume ses traits comme de la dynamite. Elle est blanche, bien trop blanche et ses lèvres bleues tremblent légèrement. Je me demande si il y a un rapport avec le climat ou simplement parce qu'elle a une trouille monstre que je casse cette chaîne sous ses yeux.

— Un cadeau de mon père..

Ses derniers mots se perdent dans une voix presque inaudible. Je renonce à cette torture psychologique en lui redonnant ce qui lui appartient.

— Ne refait plus jamais ça, c'est la seule chose qu'il me reste venant de lui.

June est en train de confondre les mots dans un charabia presque incompréhensible. Le français est la langue la plus difficile à apprendre, déjà à l'université j'avais un grave problème avec ses cours mais là venant d'une personne qui parle aussi rapidement je ne comprends absolument rien.

— Je comprends rien, parle moins vite.

Ses yeux pleins de larmes reviennent à moi.

— Va te faire foutre. Dit-elle plus lentement avant de faire sens inverse. Lâche-moi la grappe, j'ai autre chose à faire.

Je la retient d'un mouvement à peine perceptible mais en comprenant ce que je viens de faire je la relâche subitement en me reculant.

— Bois un coup avec moi et après je te laisse.

Je pointé du doigt ma voiture derrière mon dos.

— Pourquoi faire ? Demande-t-elle en calant les manches de sa robe dans les paumes de ses mains.

— Parce que ta sœur ne se soucie pas assez de toi pour être là pour tes dix-neuf ans.

June s'immobilise soudainement en regardant aux alentours. Pas un bruit, pas une voiture à l'horizon. Elle sait que j'ai raison, cette connasse d'Angelina préfère ses nuits endiablées a un anniversaire déjà gâché. Dans le silence le plus complet, June s'enferme dans ma voiture en claquant bruyamment la portière, je la rejoins en allumant brusquement le chauffage.

— Je ne connais personne ici mais tu as raison ma frangine ne se soucie pas de moi.

Cette remarque me fait le coup d'une bombe.

— Toute ta famille est en France ? Demandai-je en sortant une cigarette de mon paquet.

— Oui ma mère.. Je ne connais presque pas mon père, il est partit depuis longtemps de la maison.

Je sais ce que ça fait de ne pas avoir de famille même si mes parents vivent à New-York. J'entretiens juste une relation avec mon petit frère Andrew et mon meilleur pote Marvin qui fait comme partie de ma famille depuis petit.

— Il est où maintenant ?

Ses yeux brillent de plus belle en augmentant le chauffage.

— Je ne sais pas, impossible de le joindre mais je paye encore la ligne fixe de ma mère pour entendre sa voix.

Ses mots me font l'effet d'une bombe.
Je sais où il se trouve, je sais qu'il est tout proche et pourtant je ne peux pas lui dire la vérité. Si je dis le moindre mot, je me trahis alors je repose seulement ma main sur sa cuisse. Elle m'observe un instant, bouche en forme de cœur avant de mettre sa main dans la mienne.

— Tu crois qu'il pense à moi ?

Je ne supporte pas qu'on m'approche à une certaine distance, peut-être la raison que je suis aussi solitaire mais aujourd'hui je fais un effort parce que je connais la vérité et que j'ai un pincement d'être au courant et de ne rien dire. Max parle tous les jours de June comme d'un ange. Avant même de la connaître, je connaissais son existence à travers les discussions avec son père. 

— Peut-être mais ne t'attache pas à cette supposition.

My only one Où les histoires vivent. Découvrez maintenant