Partie quatre vingt quatorze

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Peu-être que mon erreur c'est d'avoir craqué sur la mauvaise soeur.

Point de vue de June.

Anxieuse, Lily m'apaise avec un petit sourire resplendissant. Elle me connaît mieux que personne surtout dans ce genre de moment où je ne contrôle rien. Rien de grave, juste une après-midi où je vais être le centre d'interêt des autres en arrivant dans une belle robe blanche où je vais dire oui à ma personne préférée.

— Comment te sens-tu ?

Mon amie m'embrasse doucement avant de prendre ma main dans la sienne.

— Je ressemble à une grosse meringue enceinte jusqu'au cou sinon tout va bien..

Son rire procure des miracles, je suis surprise de faire de même avant d'entendre une musique religieuse dans les jardins du château. Je ne me marre plus du tout, mon angoisse est en train de reprendre les devants.

— Allez Max Decker, faite votre travail et correctement. Dit-elle à mon père qui vient me prendre subitement dans ses bras.

— Tu es sublime, Juno..

Je me rappelle vaguement de ce surnom plus petite et nous voilà une éternité après dans les mêmes circonstances là où mon père prenait soin de notre famille comme à la prunelle de ses yeux.

— Ne me fait pas pleurer, il y en a encore beaucoup à vivre aujourd'hui. Dis-je d'un ton solennel en retenant un sanglot dans ma gorge.

— Oui tu as raison comme ce miracle que tu portes.

Mon père récupère une pochette sur le lit où je distingue déjà les couleurs rosées d'un vêtement. Les larmes me montent de plus belle mais je me retiens comme je peux en regardant la petite robe sous toutes ses coutures.

— Elle est magnifique, mais nous ne savons même pas encore le sexe de ce bébé..

— Je suis certain que ça va être une petite fille.

Nous voulons que cette surprise soit la plus totale d'où notre refus de connaître la vraie identité. Jared porte tout de même une envie folle que ce soit un garçon.

— Ne va pas lui dire ça, il est déjà en train de mater les cages de foot sur internet.

Nous rions avant d'entendre une nouvelle musique dans les jardins extérieurs. Il est tant de se rendre devant le maire où du moins sous les yeux ahuris des invités qui applaudissent déjà alors que nous ne sommes même pas encore là. Papa m'encourage en marchant droit comme un piquet, je ne peux pas faire de même avec cette robe meringue qui m'empêche de reprendre mon souffle.

— Respire et regarde bien devant toi. Me chuchote-t-il en saluant les convives assis déjà sur les petits bancs fleuris. Putain si ce con n'est pas amoureux, je ne comprends plus rien.

Je lève soudainement le nez sur Jared qui me regarde sous cette arche magnifiquement décorée. Je jure que c'est la personne qui compte le plus dans ma vie en regardant ce sourire digne d'une publicité de dentifrice. Je me rends très rapidement compte que j'ai rejoins cette bulle qu'il a créé en me retrouvant sous ses yeux. Mon père m'a lâché la main pour rejoindre les premières rangées.

— Impressionnante, j'ai bien fait de ne pas être avec toi pendants ton essayage.. me chuchote-t-il tout bas, petit sourire aux lèvres. Elle te va beaucoup trop bien, tu ne l'aurais pas prise.

— Impressionnant ce compliment, digne d'un Collins.

Il me sourit avant de se mettre droit devant le maire qui me salue fièrement.

— Je suis heureux de vous accueillir, mesdames et messieurs, ce quatorze Avril dans nos beaux jardins du château afin de célébrer l'union de Mademoiselle June Decker ainsi que Jared Collins.

Une boule se forme dans ma gorge en comprenant que ce moment nous appartient enfin.

— Nous choisissons pour la plupart le jardin du mariage pour y planter son amour et le voir s'épanouir, grâce à l'attention quotidienne que vous lui porterez.

— Rassure-toi, je vais bien planter autre chose ce soir, June Decker..

Je ris comme une idiote en sentant tous les regards sur nous. Il trouve toujours l'art et la manière de faire d'un moment solennel une attraction de foire.

— Ce n'est pas trop le moment ni le lieu..

— Qu'est-ce qu'on s'en branle, en dirais qu'il sort d'une secte c'est barbant.

Le maire lève les yeux de ses papiers en remontant amèrement ses lunettes sur son nez. Morte de honte, je l'incite à poursuivre. Jared devient de plus en plus instable en se dandinant doucement d'un pied à l'autre comme si il avait le feu au derrière alors que nos deux témoins commence à prendre la parole. Des discours, émouvants, bienveillants qui me comble d'une joie sans fin.

— Mademoiselle Decker ?

Je regarde le maire qui m'observe drôlement en attendant que je retrouve ma langue qui vient clairement de se faire la malle. J'ai tant de chose à dire à Jared, tant de remerciements à faire que je trouve tout à coup ce brouillon dans ma main un peu idiot.

— Il n'y a pas besoin de ça finalement..

Mon chiffon s'envole plus loin dans une haie.

— J'ai tant de choses à te dire qu'une minute ne sera pas suffisante mais l'essentiel se trouve ici même. Je montre d'un doigt mon ventre sous la robe en souriant timidement. Tu ne pouvais pas me faire plus grand honneur, Jared Collins que devenir le père de ce bébé.

Les hormones me jouent des tours mais dans le silence le plus complet, il presse sa main dans la mienne en m'incitant discrètement à poursuivre.

— Tu as été un chamboulement dans ma vie mais qu'il est bon de vivre dans un raz-de-marré en se sentant tous les jours plus femme, plus belle encore en restant à tes côtés. Je t'aime au-delà du possible depuis cette dernière année et je te promets de continuer encore et encore jusqu'à tant que tu me le permettras.

Je me retrouve dans ses bras à la seconde où cette flopée de mots franchissement mes lèvres. Je ne me rends plus compte des regards des invités, seul son visage au creux de ma nuque à de l'importance à mes yeux.

— Je t'aime, merci déjà pour tout ce que tu fais. Me chuchote-t-il en resserrant doucement sa prise dans mes cheveux. Je ne suis pas parfait mais putain tu n'imagines pas le bien que tu me procures.

My only one Où les histoires vivent. Découvrez maintenant