Partie cinquante neuf

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Certains disent que nos vies sont définies par la somme de nos choix. Mais ce ne sont pas vraiment nos choix qui distinguent qui nous sommes. C'est notre engagement pour eux.

~~~ Point de vue de Marvin. ~~~

Mes yeux me brûlent en regardant aveuglement cette lumière blanche qu'on m'agite douloureusement depuis une seconde. Je ne comprends rien mais il me semble qu'on me parle beaucoup trop rapidement pour que je sois capable de comprendre quelque chose.

— Vous m'entendez ? Pleure une femme en appelant les secours. Oui, il a ouvert les yeux.. Je ne suis pas certaine qu'il me comprenne.

— Je..

Des millards de points blanc et noirs me traversent sous les yeux mais je distingue tout de même la silhouette d'une femme inanimée sur le siège.

— Non, la deuxième victime ne bouge pas.. Elle saigne abondamment du visage. Qu'est-ce que je dois faire ?

Je me rappelle soudainement de tout ce qui vient de se produire. La voiture qui nous suivait de beaucoup trop près, June qui pleurait en me tenant la main puis plus rien. J'arrache ma ceinture en prenant son pouls inexistant sous mon pouce. Elle ne respire plus mais depuis combien de temps ? Pourquoi cette salope parle encore à son portable en disant tout mes moindres faits et gestes ?

— Les secours sont en chemin, ne bougez pas..

Je la repousse en arrière en ouvrant la portière mais elle me retient encore en me rappelant que j'ai peut-être un traumatisme crânien. Mais putain qu'est-ce que ça peut faire à la fin ?

— LÂCHE-MOI, ELLE NE RESPIRE PLUS !

Cette fois-ci le coup est tellement violent qu'elle retombe en arrière en grimaçant. Je retrouve June qui tombe dans l'herbe au moment où j'ouvre la portière. Je ne connais rien à un massage cardiaque mais apparement personne ne semble être capable de me venir en aide. Je me souviens vaguement d'un cours de science où il disait qu'il fallait appuyer sur le sternum et après trente compression thoracique c'est le bouche à bouche.

— Pitié tout mais pas ça..

Je parle a voix haute en faisant des compressions qui semble être inutile. June ne bouge pas d'un centimètre, c'est comme si elle été déjà morte dans mes bras avant même que je ne me charge de ses soins.

— Allez putain, s'il te plaît..

Les secours ne viennent pas aussi rapidement que dans les films surtout à New-York. Ils prennent trop de temps et je ne comprends pas ce que je fais de mauvais pour qu'elle n'ouvre pas les yeux.

— MARVIN !

Je reconnais la voix de Jared qui me pousse violemment dans la terre en se jetant sur June encore inconsciente. Ma tête est en vrac et mes neurones explosent en regardant les gouttes de sang qui coulent dans l'herbe. Son massage cardiaque est largement plus efficace que le mien, davantage de pression et certainement moins de questions. Il a toujours été le bandit qui sauve des vies et moi le flic qui agite juste une matraque dans le vent, il y a des choses qui ne changent pas.

— Respire, je t'en supplie bébé..

Les larmes maculent son visage en tentant une dernière fois du bouche à bouche. Je jure que c'est la première fois que je vois cette personne qui est comme mon frère a mes yeux aux bords du gouffre. J'ai la tête qui tourne en apercevant les gyrophares brillaient en haut du ravin. J'entends les braillements de Jared mais je ne vois plus rien, c'est comme si on m'avais éteint la lumière.

— Pas toi non plus mon frère.. Murmure-t-il en reposant son front contre le mien. Allez Marvin ne me laisse pas.

~~~

L'agitation dans la pièce me donne des maux de crâne atroce. Je cligne plusieurs fois de yeux en remarquant Andrew à ma droite et Jared sur ma gauche. Mon meilleur ami qui dormait jusque-là me regarde un instant en revenant sur terre avant de me prendre dans ses bras.

— Putain mais tu es vraiment con !

Je grimace à tant de violence, il s'excuse et serre plus doucement sa main dans la mienne en soupirant.

— Marvin Fox, la prochaine fois que tu me refais ça, je te tue moi-même.

— Compris chef..

J'ai la bouche sèche mais apparemment je suis encore en vie. Mais June ? Où est-elle maintenant ?

— Il me suivait de trop près, je pouvais pas faire autrement.. Dis-je en retenant mes larmes. Putain, dit moi qu'elle va bien, mec..

Son visage s'assombrit soudainement en passant une main dans ses cheveux. Maintenant que je suis légèrement plus lucide, je remarque que ses yeux sont injectés de sang et boursouflés d'avoir autant pleurer. Andrew qui se tenait à distance jusque-là m'ébouriffe les cheveux comme quand nous étions gamins.

— Embolie pulmonaire, elle ne survivra pas si elle..

— Ta gueule Andrew, on trouvera bien quelqu'un de compatible à nous trois.

Le silence est pesant mais je suis surtout en train de me rendre compte que tout ça est de ma faute. Ce chemin été peut-être le plus court mais le plus dangereux. Elle me l'avait dit pourtant.

— Pourquoi ils n'ont toujours pas les résultats d'ailleurs ? Râle Jared en faisant les cent pas dans la chambre.

— Ça fait même pas une heure, n'angoisse pas comme ça.

Les deux frères se fusillent des yeux comme deux chiens de faïence mais bizarrement finissent par me regarder après un court instant en me tendant une enveloppe dissimulé sous le lit.

— On voulaient te la donner dans des meilleures conditions mais.. Joyeux anniversaire merdeux. Exagère comme toujours Jared en prenant place dans le lit à mes côtés.

— Ouais désolé.. Il y avait une fête qui t'attendait à la maison mais là c'est mort..

J'ouvre mon cadeau en regardant les quatre billets dans une enveloppe. New-York -> Dubaï ?

— Il y a une fête du tonnerre dans deux semaines, on voulait te faire la surprise.

— Mais putain pourquoi tu lui dis ? C'est plus une surprise du con !

Jared lui donne un claque derrière le crâne en râlant mais la seule chose que je vois est l'amitié qui nous lie tous ensemble. Trois frère plus une femme que je considère maintenant comme une personne de ma famille.

— Rien a foutre de la fête, on ne partira pas sans elle.

A la façon dont ils sourient comme deux cons je comprends rapidement qu'ils ne s'attendaient pas à ça venant de ma part. Tous les trois allongés dans ce putain de lit beaucoup trop petit, ils me prennent dans leur bras en chantant joyeux anniversaire en français comme June nous avaient appris pendant nos soirées sushis au bureau.

— Messieurs descendez de là tout de suite, les perfusions ne sont pas faites pour être retirées !

My only one Où les histoires vivent. Découvrez maintenant