Partie vingt sept

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Je te retrouverai, quoi qu'il arrive je te retrouverai toujours.

~~~ Point de vue de June. ~~~

J'ai besoin de connaître son histoire.
Qui est-il après tout ce temps ? Est-ce que sa nouvelle vie sans nous enlève un poids dans son quotidien ? Je suis perdue, en colère mais surtout triste en remontant un chemin qui mène à la maison de Jared. Il faut vraiment que je parle à mon père et qu'il me donne une explication.

— Allez revient, c'est pas du tout une bonne idée..

Lily m'envoie un message mais n'arrive pas à me convaincre de me remettre au lit avec un petit-déjeuner de reine.

— J'en ai vraiment besoin, je t'envoie un message après. Dis-je simplement en pianotant ses quelques mots. D'ailleurs merci pour les bottes, tu tailles du quarante cinq non ?

— Du quarante, tu serais verte de jalousie en me voyant faire de la natation.

Je souris en coin devant son message, cette femme est tellement naturelle que ça me redonne tout bêtement un coup de fouet. Je crois qu'avant ça, je n'avais jamais pris le temps de me faire des amis comme ceux en France et ça fait du bien.

— La chance.. je me dépêche, il pleut déjà comme vache qui pisse.

Je range mon portable dans ma veste en regardant ses gros nuages gris au-dessus de ma tête. Je ne suis pas superstitieuse d'habitude mais là ça montre bien que Lily avait raison. Je trottine vivement jusqu'à la maison en apercevant de loin, Max et ses cheveux bruns sous sa capuche, Max qui s'appelle d'origine Tobias et qui m'a abandonné beaucoup trop petite.

— Il n'est pas là aujourd'hui, je peux prendre un message ?

Je ne respire plus convenablement en sentant mon cœur qui se resserre soudainement jusqu'à m'en faire un nœud dans la gorge.

— Je ne le cherche pas, c'est vous que je viens voir.

Il me regarde perplexe, mains dans les poches de son pantalon en attendant que je prenne enfin la parole.

— Qu'est-ce que vous voulez alors ? Me demande-t-il en croisant les bras contre sa poitrine. Si vous avez besoin d'un taxi, c'est pas le bon endroit.

— J'ai plutôt besoin d'une enveloppe et d'un stylo.. c'était mon anniversaire la semaine dernière.

Un silence morbide et certainement le plus long de toute mon existence. Voilà ce qui arrive après une absence de plus de quinze ans. Le père est sa fille se retrouve enfin, l'un avec des reproches à faire et l'autre se sentant certainement le cul merdeux.

— Jared a fait les choses comme il faut cette fois.

— Effectivement, son annonce m'a fait beaucoup de bien. J'ai appris que ma famille vivait dans le mensonge depuis quinze ans, qu'il connaissait cette personne qui me sert de père et que vous ne voulez pas que je vous retrouve.

Je respire enfin après ce monologue qui me brûle entièrement le corps tellement qu'il en est douloureux.

— J'ai fait beaucoup d'erreurs dans ma vie, mais c'est toi la première dans ma liste, June.

La pluie diluvienne cogne avec force mon visage mais je ne trouve pas la force de me mettre à l'abris. Mon cœur saigne, mes yeux brûlent rageusement jusqu'à confondre mes larmes avec ses grosses gouttes de pluie. Je ne serais pas totalement ridicule au moins.

— Il fallait que je quitte la maison, ça ne devenait plus vivable avec ta mère.

— Ah oui ? Dis-je en lui crachant presque à la figure. Alors c'est que je ne compte pas malheureusement pas assez à tes yeux, on abandonne pas sa famille surtout à cinq ans.

Il ne m'aimait pas vraiment sinon il ne serait pas partit à plus de douze heures en avion de chez nous. Beaucoup de parents divorcent, ça arrive tout le temps mais d'habitude il y a une garde alternée ou bien quelque chose qui fasse en sorte que l'enfant ne soit pas privé de l'un des deux.

— Si j'avais le choix, j'oublierais ton visage et tout nos souvenirs. Tu sais, je n'avais que cinq ans mais je me rappelle encore de nos moments ensemble.. on dit qu'après des années on arrive à se reconstruire mais c'est faux, je suis toujours autant malheureuse.

Les phares d'une voiture brouille soudainement ma vue mais je suis dans une phase où je ne choisit pas de prendre la poudre d'escampette. La vie que je mène ne me convient pas. Il pleut quatre jours sur sept, le diable en personne est sur le point de faire une apparition attendue et mon père fait mine de ne pas être touché psychologiquement.

— Tu n'aurais jamais dû revenir, June.

Ses paroles flottent dans ma tête en regardant silencieuse ce merveilleux garçon aux yeux clairs me rejoindre à toute vitesse devant la maison. Ses bras musclés m'enserrent avec force et je me retiens de fondre en larmes à ce contact. Le temps semble être mis en pause, aucun de nous trois ne souhaite gâcher ce moment de retrouvailles.

— Putain ça fait vingt fois que je t'appelle, Juno..

Même ce surnom bidon a une signification particulière à mes yeux.

— Tu es une sangsue, j'avais vraiment besoin de mon espace.

Il ne relève pas ma remarque mais ses pouces eux trouve automatiquement le chemin qui mène à mes lèvres certainement bleues à cause du froid. Bon dieu, qu'est-ce c'est bon d'être avec une personne familière.

My only one Où les histoires vivent. Découvrez maintenant