Chapitre cent six

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Point de vue de June.

Je suis vivante et consciente de ce qui m'entoure, morte physiquement devant cette horde de gens dans ma chambre. Suis-je au paradis ? Si c'est le cas, je n'aime pas cette endroit. Je préfère entendre les gazouillis de mon enfant que les pleurs de mon compagnon.

— Je suis désolé, il n'y a plus aucune chance..

Je ne comprends pas bien ce qu'ils veulent dire à l'unique personne que j'aime mais le contraste entre ses larmes chaudes et ses mains froides comme de la glace est saisissant.

— Il me reste une demie-heure, Max..

Sa voix est brisée, détruite comme si il n'était plus vraiment de ce monde.

— Ça ne sert à rien d'attendre, elle n'est plus avec nous depuis bien trop longtemps.

La remarque inconsciente de mon père me vexe au plus haut point. Je ne suis pas morte, mais simplement endormie comme la belle au bois dormant sans maquillage. Il y a mon prince charmant depuis apparement trois mois qui veille à ma santé et me parle avec ses mots doux. Pourquoi ne veut-on pas me comprendre ?

— Sort de cette chambre, il faut que je lui parle encore une minute. La voix éteinte de mon Jared me retourne les boyaux.

Je n'entends plus un bruit après un claquement sourd de la porte et un reniflement presque inaudible. Sa main m'effleure tellement lentement que ça en devient presque douloureux mais je garde la tête haute en me demandant la suite des événements. Est-ce qu'il est d'accord de mettre un terme à ma vie maintenant ? De ne plus se battre alors que je suis toujours entre deux mondes ?

— Tu es au courant que c'est la dernière minute qu'il me reste pour te convaincre de ne pas faire la plus grosse connerie de ton existence ?

Merci du con, je suis au courant.

Il ne m'entends pas mais autant faire une conversation de sourds avant de m'éteindre de la pire façon qu'il soit.

— Je sais ce que tu vas me dire, mais je peux te promettre que je ne suis certainement pas d'accord avec leurs raisonnements de merde. Il soupire lourdement en replaçant une mèche de ma chevelure derrière mon oreille. Je suis en train de vivre un cauchemar, June.. je suis à deux doigts de te perdre à tout jamais parce que tu m'abandonnes, parce que tu ne veux pas te battre.

Ça va être de ma faute maintenant.. Tu es incorrigible Collins.

— Il ne me reste plus qu'une seule solution.. je retire ton masque à oxygène et je te laisse vivre ta nouvelle vie parce que je ne suis pas capable que ça soit quelqu'un d'autre qu'il le fasse à ma place.

Il a de la chance, beaucoup de chance que je ne sois pas vraiment consciente physiquement de ce qu'il m'arrive. Comment peut-il me faire ça après tout ce que nous avons vécus tous les deux ?

— Tu peux être certaine que je ne m'arrêterais jamais de t'aimer.

Une larme salée qui n'est pas la mienne coule dans ma nuque. Je ne veux pas que ça s'arrête, je ne peux tout simplement pas le croire.

Non, je t'en supplie.. je suis vivante !

Le masque à oxygène glisse soudainement contre la couverture et la sensation qui m'enveloppe à ce moment-là est bien plus forte que de la torture. Je veux bien me battre, mais l'oxygène qui me traverse à grands coups de couteau ne m'alimente pas suffisamment. Je suffoque, lutte contre moi-même et rentre indirectement dans un monde qui n'est pas le mien et qui ne doit sûrement pas l'être à vingt-deux ans. La machine bruyante me tape dans le crâne et mon corps ne réagit certainement pas comme il le devrait.

— Jared ! Qu'est-ce que tu fais ?!

Je me crispe, tremble comme une feuille en sentant un noeud qui me comprime de plus en plus fort la gorge et je crois qu'un miracle se produit sans que je ne m'en rende compte.

— June ?!

Je ne vois plus rien à part cette lumière qui me brûle absolument toute la rétine mais même si je comprends pas un traitre mot de tout leurs baratins, je ne suis pas totalement morte ou du moins pas encore.

— Il faut un médecin de toute urgence ! Une voix de femme qui je suppose doit être ma mère hurle jusqu'au bout du hall.

Ses lèvres chaudes et pleines rencontrent les miennes dans un moment à peine croyable. Je reste immobile, mais entendre ses sanglots bruyants dans ma nuque me rassure d'une certaine façon. Je lui dois une fière chandelle après ce qu'il vient de faire. Non, je lui dois absolument tout.

~~~

Après une soudaine résurrection à la dernière seconde, un diagnostique complet de plusieurs docteurs et un rapport bien que rassurant en ce qui concerne mon rétablissement qui apparement reste un miracle, je me repose toute seule dans ma petite chambre en ne comprenant pas vraiment ce que je viens de vivre.

— Salut mamie, tu as encore la tête à réfléchir après trois mois de convalescence ?

Je retombe sous son charme encore et encore en le regardant accolé d'une manière nonchalante contre l'encadrement de la porte. Mon rebelle dans l'âme sourit en passant sa main tatouée dans sa chevelure auburn qui bien que trop en bataille me semble être encore plus douce qu'autrefois.

— Salut.. peut-être que tu pourrais rejoindre cette vielle mamie en insuffisance respiratoire juste histoire d'être certain qu'elle se porte bien ?

— Je crois que je pourrais le faire jusqu'à la fin de ma vie.

Il me regarde un bref instant de ses yeux perçants en me rejoignant presque automatiquement jusqu'à mon petit lit grinçant. Ses lèvres humides m'embrasse d'une manière qui m'emporte brusquement au paradis avant que nos langues ne s'emmêlent jusqu'à l'épuisement.

— Ne me refait plus jamais ça ou je te débranche volontairement la prochaine fois.

Je peux comprendre ce qu'il est en train de me dire grâce à cette forte connexion qu'il y a entre nous. Il n'a pas besoin de me le dire, je sais que nous avons besoin l'un de l'autre quoi qu'il en coûte.

— Je suis impressionnée, ton humour est encore plus merdique qu'avant..

Il replace le masque à oxygène sur mon visage et une légère fossette s'élargit contre ses lèvres en me tirant la langue comme un gamin.

— Tu entends ce silence merdeuse ? Il pointe le doigt haut vers le plafond en me tenant fermement le masque de l'autre main. Promets-moi de ne plus jamais me le faire entendre, je ne le supporterais pas encore.

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