Les chapitres s'achèvent mais cela ne veut pas dire qu'ils s'effacent.
Mes talons hauts claquent contre le parquet en slalomant maladroitement dans la foule dense des couloirs de Massey's Industrie. La trotteuse de ma montre avance beaucoup trop rapidement pour que ma tension redescende dans un moment autant critique. Je joue des coudes en provoquant un vrai exploit. Courir c'est bien mais avec du dix centimètre ça révèle d'un talent. Je frappe a la porte au douzième coup de midi, le cœur aux bords dès lèvres et essoufflée comme un cochon agonisant. Une voix grave et ferme provenant de derrière la porte du boss en personne me fait sursauter. Je lâche ma liasse de feuille qui se renverse un peu partout a mes pieds en me maudissant de ma maladresse.
— Merde, non pas maintenant..
La porte s'ouvre brusquement sur une femme en pleurs qui m'enjambe avant de partir en courant.
Les portes des couloirs claquent bruyamment provoquant un courant d'air qui entraine ma lettre de motivation au loin. Je retire mes escarpins et sautille sur moi-même pour rattraper mon bien avant que quelqu'un ne me surprenne.— Vous chassez les papillons depuis longtemps mademoiselle.. ?
Cette voix dans mon dos m'en fait tomber a la renverse. Non, putain c'est pas possible. A quatre pattes sur la moquette, les larmes s'amassent dessous mes yeux en n'osant pas me retourner. Les secondes s'égrènent, immobile et me sentant terriblement seule dans une situation aussi malaisante. Plus son silence me parcourt d'un mauvais pressentiment et plus une seule question me vient en tête. Mes fesses sont-elles apparentes depuis son champ de vision ? Je pense que je ne préfère pas le savoir finalement. Le bruit de ses pas foulent le par terre au même rythme que les battements anarchique de mon cœur. Le patron de la boîte se positionne devant moi dans un raclement de gorge qui me fait subitement ouvrir les yeux.
— Je vous laisse une seconde pour vous remettre debout sinon vous pouvez tout aussi bien cirer mes pompes, je suis preneur.
Je reste stoïque devant cette arrogance dont il fait preuve en retournant calmement dans son bureau.
Je me relève difficilement, les genoux en compote avant de le rejoindre morte de honte dans la pièce baignée de lumière.— Relevez les yeux, je ne mange pas.
J'ignore combien de temps il me faut pour comprendre qui se trouve en réalité devant moi mais son identité me revient subitement en plein gueule comme un boomerang. Je ne contrôle pas les tremblements qui surviennent de toute part dans mon corps en scrutant celui qui doit encore sentir le poids de la gifle sur sa peau. Sans grande conviction, je me plonge dans ses iris obscurs et soudain un sourire mauvais s'incurve sur ses lèvres comme la pire des perversion.
— Votre joue va mieux visiblement, Monsieur Collins c'est bien ça ?
Il ne me reste plus que mon culot pour me sortir de cet entretien d'embauche en gardant la tête haute.
— Beaucoup mieux, je vous remercie.
Me dit-il en croisant ses mains jointes sur la table. Revenons a nos moutons si vous le voulez bien, que puis-je faire pour vous ?— Plus rien, j'imagine.
Je me relève de mon siège prête a renoncer a ce boulot d'assistante en me convaincant que la plaisanterie a assez duré. Pourquoi ma candidature plutôt qu'une autre ? Mon estomac se retourne violemment en sentant ses doigts s'enroulaient autour de mon poignet me bloquant ainsi dans ma manœuvre. Il desserre sa prise rapidement, lui aussi visiblement étonné de notre contact aussi bref soit-il.
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My only one
RomanceDans ce roman, June nous plonge dans l'univers délirant d'une femme tourmentée par son passé qui rejoint sa meilleure amie a New-York pour prendre un nouveau départ. Beck reconnue et bien implantée dans ce monde si fantasque lui ouvre les portes d'u...