Partie seize

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La seule chose qu'on aie à faire c'est d'avoir le courage de se lancer. On se lance, on aime, on se plante, on se relève.

~~~ Point de vue de June. ~~~

Le garçon aux yeux clairs a une vision du monde bien contraire à ceux qui nous entourent. La beauté, la force de caractère, beaucoup de courage. La paume de ma main brûlante dans la sienne me donne justement du courage de croire que j'ai peut-être toujours une petite place dans le cœur de mon père. Aussi bêtement qu'il puisse paraître j'espère que mon rêve deviendra réalité.

— Où est ta famille à toi ? Demandai-je faiblement en prenant la bouteille de rouge de ma main libre. Donnant-donnant, Collins.

Ses yeux me transpercent en me regardant un court instant.

— Je ne suis pas famille, j'ai juste mon frère.

Il retire sa main de la mienne en me laissant un vide immense dans la poitrine.

— Alors ils disent la vérité, le mannequin n'a vraiment pas d'attache ?

— Aucune, je ne laisse pas de place aux sentiments.

Il récupère la bouteille qu'il porte à ses lèvres. Je suis peut-être éméchée mais je sais reconnaître quelqu'un qui dissimule un point faible en se fermant comme une huître. A la façon dont il fixe le volant, je suis certaine que son passé ne doit pas être simple.

— Pourquoi ?

Plus je suis curieuse et plus il se renferme.

— Premièrement ça ne te regarde pas et deuxièmement tu m'emmerdes avec tes questions.

La centaine de questions qui me taraude le crâne meurent entre mes lèvres. Moi aussi il y a certaine chose que je préfère mettre sous silence et c'est absolument ce qu'il est en train de faire. Nous restons silencieux un instant qui me semble être une petite éternité, je m'imprègne seulement de cette absence de mots pour reprendre mes esprits embués de champagne.

— Il faut que je rentre maintenant. Dis-je les yeux lourds de fatigue. Merci encore.

— Pourquoi ?

Je pensais à plus cauchemardesque mais apparement il a fait un effort en ne m'accablant pas avec cette histoire de chaîne.

— Je ne sais pas, disons juste que tu es moins imbuvable que d'habitude.

Je m'accoude au montant en plastique de la fenêtre. Nos visages a bonne distance, un sourire aux bords des lèvres, il me le renvoie.

— Ouais, je suis mort. Me dit-il en s'accoudant aussi contre le montant de la vitre. Demain, promis je vais te rentre la vie impossible.

Mes mots restent en suspens tant ses yeux passent avec insistance des miens à ma bouche. Un frisson s'insinue sous mes vêtements comme galvanisé d'une sensation familière à ses côtés. A cet-instant, je ne me vois pas comme le vilain petit canard mais plutôt comme le cygne de l'histoire. Aucun jugement venant de sa part, il demeure silencieux.

— Ça veut dire que nous allons nous revoir ?

— Tu vas te brûler si tu m'approches de trop, Juno. Me dit-il d'un air grave. Protège-toi, ne m'embarque pas dans ton monde.

Il semble que je viens de me prendre une claque en pleine gueule mais je suis trop fière pour le dire à voix haute alors je recule doucement de mon point d'accroche. Il a raison, il ne peut rien m'offrir et de mon côté non plus. J'avais fait cette promesse à ma sœur plus jeune pendant une de ses peines de cœur, personne ne chamboulera ma vie.

— Je ne suis pas un chaton, celui qui risque de se brûler ce n'est pas moi.

Je ne m'attarde pas davantage en rebroussant chemin jusqu'à la porte. Je ne me retourne pas non plus lorsqu'il me parle et m'enferme sans jamais revenir en arrière. Le bruit de sa voiture se dissipe une minute après tout comme ma joie passagère.

— Joyeux anniversaire, June.

Petite blonde à la peau laiteuse et aux yeux bruns. Je suis toujours la même avec peut-être un kilos en moins suite à ma fatigue de ses derniers temps. Je ne rivalise pas avec ses filles taille mannequin mais mon truc à moi c'est mon grain de folie. Apparement ça me donne un certain charme. Je ne suis pas pulpeuse et je traîne plus souvent en tenue confortable que dans les milieux non explorés de la mode.

{ Joyeux anniversaire poussin, je ne peux pas être là mais demain on trouve quelque chose à faire, promis. }

Salut frangine, il est deux heure du matin et j'ai des maux de crâne qui m'achève, les remerciements sans saveurs attendrons demain.

~~~

Angelina est son extravagance me lève en fanfare.
J'ai une bonne gueule de bois et la tête proche d'un explosion imminente en couvrant mon visage de ma couverture. Elle porte fièrement sous mon nez une petite boîte en argent qui ne m'inspire pas confiance. Je connais ma frangine, nous n'avons pas du tout les mêmes goûts en matière de cadeaux. Elle aime la luxure comme j'aime ce qui reste simple et discret.

— Une place pour la fashion-week ?

Je redoute que ma sœur remarque que je ne suis pas aux anges en tenant ce billet dans ma main.

— Je sais que tu ne suis pas trop la mode mais ça pourrait te donnait confiance en toi-même et en ton potentiel.

— Je dois le prendre comment ? Demandai-je irritée de son commentaire.

Angelina qui commence a comprendre qu'elle vient de faire une bourde s'excuse en m'assurant que ce n'était pas ce qu'elle voulait dire. Je ne la crois pas le moins du monde mais plutôt que de me mettre en colère, je fais la sourde oreille et la remercie.

— Oh d'ailleurs, il y a une enveloppe pour toi dans la boîte aux lettres.

— Elle vient de qui ?

J'ai envie de croire que mon père puisse être à l'origine de cette enveloppe. Je cours comme une enfant qui croit encore au père noël jusqu'à la boîte aux lettres et m'empresse de lire son contenue. Que pourrait-il bien me dire après toutes ses années ? Salut, June crois-moi je ne t'oublie pas. J'ai fait beaucoup d'erreurs dans ma vie mais t'avoir mis au monde avec ta mère est ma plus belle victoire ?

— Alors, elle vient de qui ? Me demande-t-elle en passant la tête à travers la fenêtre entrouverte de la cuisine.

Je regarde un long moment cette carte postale où la Tour Eiffel danse de mille couleurs sous mes yeux. Je comprends rapidement que le destinataire ne s'agit pas de mon père mais de Jared qui vient de m'offrir certainement le plus beau cadeau du monde. Un billet pour que ma mère puisse me rejoindre pour mon anniversaire.

My only one Où les histoires vivent. Découvrez maintenant