Partie cinquante cinq

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Dans leurs derniers moments la plupart des gens révèlent qui ils sont réellement.

~~~ Point de vue de June. ~~~

Ma dernière sonnerie tombe dans le vide comme la précédente et ça depuis une bonne heure déjà. J'imagine que je m'inquiète pour rien mais je me demande bien ce qu'il fabrique et surtout pourquoi c'est le silence radio depuis ce matin. Peut-être que finalement, il ne se voit pas être dans ce genre de relation aussi rapidement ? Lily qui me rassure comme la bonne amie qu'elle est me caresse les cheveux en soupirant.

— Positive, June. Me dit-elle en mettant pause à notre film. Tu es une femme incroyable, je suis certaine qu'il a une bonne raison.

— La localisation de son portable affirme qu'il été à Central-Parks tout à l'heure.

Ma copine de galère arrête soudainement de mettre du vernis à ses pieds en me faisant de gros yeux.

— Putain mais c'est interdit de faire ça ! Grimace-t-elle en me reprenant mon portable. Eh ma vielle, il s'appelle Jared Collins ton mec, c'est pas un gamin de quinze ans.

— Première règle « Pas plus de deux appels, sinon il va croire que tu le fliques. » Deuxième règle « On lui laisse de l'intimité, où il va se sentir oppressé. »

Mon coach aux cheveux rouge et vraiment la pire de toute en matière de mecs alors je manque d'enthousiasme en entendant toutes ses règles qu'elle me balance dans la figure. Justement, je pense que j'ai le droit de ne pas faire confiance si rapidement en sachant qu'il est mannequin mais surtout à la tête d'une entreprise de mode colossale. Il a tout, le physique comme dessiné sur-mesure de la main d'un artiste et ce fameux caractère imposant qui ne donne pas la place à un doute quelconque.

Tu peux venir me chercher vers le kiosque de Central-Parks ?

Je saute du lit comme une idiote en retirant les bigoudis qui me colle encore dans les cheveux mais Lily m'arrête soudainement dans ma précipitation. Ok, je sais déjà ce qu'elle va me dire. On inverse pas les rôles, c'est pas la princesse qui court rejoindre son prince charmant. Mais putain rien à foutre, je suis une princesse en carton qui ressemble à une naine et qui chausse du trente-cinq !

— Incorrigible..

Je donne une pluie de baisers à celle qui est devenue ma meilleure amie New-yorkaise en sautillant comme une gamine jusqu'à la porte du vieux motel.

— Attends, tu portes toujours ton peignoir ! Hurle-t-elle devant son père qui me regarde comme un extra-terrestre.

— Bonsoir Monsieur Brown !

Je fais un petit signe de la main toujours en courant et il rigole en reposant ses papiers qu'ils lisaient jusque-là.

— Bonsoir, June. Me dit-il en me regardant de haut en bas. Tu vas où comme ça ?

— A ton avis ? Soupire sa fille en se tirant doucement  à la racine de ses cheveux. Elle va rejoindre son mannequin en ville.

Le père de famille secoue la tête en me balançant les clefs de son petit fourgon que je rattrape a la dernière seconde. Il me font confiance contrairement à ceux de ma propre famille.

— Doucement sur la route et retire-moi ce vieux machin rose de Lily ! Grimace-t-il sourire aux lèvres. Ce n'est pas parce que ma fille a des goûts de merde que tu dois faire la même chose..

— Papa !

Je quitte le domicile en remerciant une dernière fois son père avant de me rendre jusqu'à Central-Parks. Dans la voiture, j'envoie un message à Jared puis trouve une rare place dans un vieux parking où il reste à peine une dizaine de place. Il fait bien nuit maintenant et un violent frisson s'insinue dans mon ventre en marchant timidement dans le gigantesque parc où tout ce ressemble. Les questions tournent en boucle dans ma tête, pourquoi est-ce qu'il est ici à une heure si tardive ? Je repère le kiosque en question où l'unique lampadaire qui se trouve clignote faiblement.

— On se casse, dépêche-toi.

Je sursaute en me retrouvant nez à nez avec celui qui avait besoin de mon aide jusque-là. Psychologiquement, il me semble à mille lieux de comprendre que je me suis inquiétée pendant une bonne partie de la nuit. Une capuche sombre recouvre presque entièrement son visage en ne me dévoilant qu'une de ses deux lèvres coupées.

— Qu'est-ce qui se passe ? Chuchotai-je en tentant une approche. Montre-moi ton visage..

Il retire ma main brusquement comme si ce simple contact venait de le brûler à vif.

— Ne pose pas de questions et avance.

Il pose une main dans mon dos en me suivant jusqu'au petit fourgon dans un silence foudroyant. Il s'assoit difficilement et c'est au moment où il cherche une cigarette dans la poche de son sweat-shirt que je remarque le sang séché sur ses phalanges.

— Tu ne veux toujours rien me dire ?

Il soupire en baissant la tête.

— On ne rentre pas a la maison. Me dit-il simplement de cette voix plus écorchée que d'origine. Pas envie que ton putain de père m'emmerde avec ses questions.

— Ok et on va où alors ?

J'allume le contact en roulant à faible allure dans la rue principale encore bondée de touriste. A la tombée de la nuit, c'est là que l'affluence est là plus forte en fin de semaine. Les panneaux publicitaires brillent de mille feux en donnant un spectacle tout bonnement magique tandis que les recruteurs des nombreux restaurants où des bars cherchent des potentiels clients.

— A l'hôtel.

Je ne propose même pas le motel de la famille de Lily. Tous les deux ne s'aiment pas, mieux vaut ne pas que je tente de diable aujourd'hui. Je me gare dans un sous-terrain en râlant devant ses recommandations habituelles. On ne marche pas l'un à côté de l'autre mais surtout on ne s'éternise pas devant un commerce trop longtemps. A force je commence à connaître la chanson maintenant.

— En dirais un vieux canard boiteux. Marmonnai-je en sortant du parking.

— Tu feras moins la maligne après ce qu'il va te faire dans cette chambre.

Je rougis automatiquement en sentant ses yeux se perdre sur mon corps une courte seconde. Il sourit en enfilant sa capuche puis me pousse en avant pour me donner le choix sur l'endroit où nous comptons dormir cette nuit.

My only one Où les histoires vivent. Découvrez maintenant