Partie vingt huit

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Ce qui était à moi, il me l'a pris. Il a pris des petits morceaux de moi. Petit morceaux au fil du temps mais si petit que j'ai pas fait attention.

~~~ Point de vue de Jared. ~~~

June ne sourit pas, ne m'enserre pas en se blottissant dans ma nuque comme elle le fait régulièrement. Elle est avec nous physiquement mais à la tête ailleurs.

— Pas besoin d'être collant.

Ses mots tournent dans ma tête comme une relique. J'ai besoin qu'on se retrouve comme avant, qu'elle me parle de tout et de rien, surtout de rien parce que c'est ce qu'elle sait faire de mieux.

— Ne me repousse pas, c'est pas avec moi que tu dois être en colère.

— Ah oui ? Me demande-t-elle en grimaçant. Tu veux que je te dise une bonne chose ? Moi aussi j'ai menti, je jetterais directement ta putain de pomme à la poubelle.

J'accepte seulement parce que je suis responsable tout comme eux dans cette histoire. Même sous silence, je suis tout de même en rogne qu'elle me pourrisse sous les yeux de Max qui ne bronche pas. Bah oui mon vieux, elle est encore plus difficile à vivre que ton autre putain de fille.

— Il faut que je parte mais merci, c'était une très bonne discussion en tout cas. S'adresse-t-elle a son père en soupirant.

— On pourrait peut-être se rejoindre à un café un de ses quatre, ça nous ferait une occasion de se..

— Ne te fatigue pas, j'en ai pas plus envie que toi de toute façon.

Trempée de la tête aux pieds, elle rejoint ma voiture plus silencieuse que jamais en attendant que je la rejoigne. Je regarde une dernière fois Max qui se frotte nerveusement les yeux en jurant entre ses dents. Elle avait juste besoin d'être aimée, mais encore une fois, il a tout foiré.

— Je t'emmène où ? Demandai-je en allumant directement le chauffage.

— N'importe où tant qu'il n'est pas là.

Je connais un endroit calme et tranquille où elle aura tout le repos dont elle a besoin.

— Tu crois que je resterais comme ça toute ma vie ?

Elle me parait tellement fragile à ce moment-là que je ne sais même pas si je dois être honnête où simplement dire que ça ira mieux. A ce stade, j'en doute fortement.

— Ça ne va pas être facile mais je serais là, Juno. On va se battre ensemble.

Il me semble qu'elle sourit légèrement depuis son siège en enlaçant sa main à la mienne. Je ne trouve rien a redire parce que je crois que perdre mes moyens c'est tout ce que je sais faire depuis qu'on se connaît.

— Pourquoi ? Murmure-t-elle en lâchant la route des yeux. Pourquoi tu fais ça ?

— Faire quoi ?

Elle soupire en se frottant le visage nerveusement.

— La dernière fois ce n'est pas ce que tu me disais.. tu ne voulais pas qu'on se batte ensemble.

La colère m'emporte souvent mais le pire dans cette histoire c'est que je ne pensais pas un mot de ce que j'ai dis. Notre relation est bizarre, elle ne rentre certainement pas dans les codes mais c'est peut-être ce que j'aime. On se suffit mutuellement mais surtout elle ne cherche pas à connaître celui que je suis sans elle.

— Je trouve ça flippant de dire qu'on construit quelque chose avec quelqu'un. Je n'aime pas me mettre en couple, tu comprends ? J'aime ma liberté.

— Je ne te demande rien.

La conversation entre nous s'arrête finalement à cette phrase. Je me concentre tout le restant du trajet sur les panneaux, les bouchons infinis qui se succèdent derrière les feux rouges et ses petits bruits de nez en s'endormant. Je me gare après plus de trois heures de route dans une célèbre ville du Maine, plus exactement à Portland.

— Bonne nuit merdeuse.

My only one Où les histoires vivent. Découvrez maintenant