Partie vingt cinq

12.1K 644 27
                                    

Il n'est jamais trop tard ou dans mon coeur trop tôt. Pour être ce que tu as envie d'être. Il n'y a pas de limite de temps, c'est quand tu veux. Tu peux changer ou rester la même. Il n'y a pas de règles pour ça.

~~~ Point de vue de June. ~~~

Je m'asphyxie dans cette voiture.
Deux jours sans prendre une douche, ça fait beaucoup. Si j'avais le choix, je dormirais une éternité jusqu'à ce que ça ne soit plus douloureux mais visiblement j'ai loupé mon train en direction du pays des rêves.

— J'ai juste besoin d'une couverture. Hurlai-je en tapant contre une vitrine. Madame, s'il vous plaît !

Les jours se ressemblent, mes nuits sont des sanglots  infinis qui s'éternisent jusqu'à tôt le matin. Les mauvais rêves sont conçus pour permettent aux plus petits de combattre cette peur bleue du monstre sous le lit, du vilain clown qui hante nos placards et des ombres chinoises que font les arbres derrière les carreaux de la fenêtre. En attendant, comment être forts si même les rêves ne trouvent plus de place dans notre imaginaire ?

— Ouvrez..

La vielle dame me ferme un store au nez en descendant le deuxième une seconde après. Je ne suis pas une cambrioleuse, j'ai juste besoin d'une couverture a titre gracieux jusqu'à demain matin. Est-ce que ça fait de moi une mauvaise personne ?

— On est tous à ce stade ma jolie, tu payes où tu n'auras rien de cette boutique.

Je rentre bredouille à la petite voiture qui demeure immobile dans un parking du centre-ville depuis avant-hier. Presque plus d'essence, pas de chauffage et mon coffre est désespérément vide en nourriture. Est-ce que ça compte une pomme presque pourrie ? Je repense soudainement à notre conversation en ce qui concerne des aliments impropres à la consommation et je me rappelle que j'avais dit que je mangerais quand même en retirant juste les mauvais morceaux.

— Pas de vers apparement.

J'inspecte un petit moment avant d'en prendre un croc juste pour me dire que je n'ai pas le ventre totalement vide. Farineuse, goût de terre, elle est juste infâme. Il avait raison, personne ne rattrapera ses erreurs. Je jette d'un mouvement brusque ma pomme en heurtant une femme qui fume une cigarette dans le parking.

— Il pleut des pommes maintenant ou cette attaque est volontaire ?

Une jolie femme aux longs cheveux rouge retire sa capuche en s'avançant doucement jusqu'à ma voiture.

— Je suis désolée ! M'excusez-je en grimaçant. Je n'avais pas fait attention que vous étiez là..

— Heureusement que j'ai la tête dure.

Son petit rire timide me rassure automatiquement. Il ne manquerait plus que des soins aux urgences et je serais bonne a faire la manche dès le lendemain matin.

— Je suis peut-être indiscrète mais qu'est-ce que vous faites depuis plus d'une heure dans cette voiture ?

Bonne question, j'ai une maison, une bonne chambre avec un chauffage mais ma tristesse m'empêche de me soumettre à cette solution.

— J'attend quelqu'un. Dis-je machinalement en faisant mine que je vais bien. Bon sang, toujours en retard ce garçon..

La jeune femme avec un badge contre sa veste me regarde soucieuse en croisant les bras contre sa poitrine.

— Vous avez les lèvres bleues, pas certaine que ce soit le bon votre copain.

Ses simples mots me traversent comme une flèche dans la poitrine.

— Effectivement, je n'en suis pas certaine non plus.

Je mens parce que c'est encore trop douloureux à ce stade. Nous ne sommes pas ensemble mais il me manque atrocement et c'est peut-être ce qui m'empêche de faire face à mes problèmes.

— Allez venez.. c'est pas du luxe mais une nuit dans un lit c'est mieux qu'ici non ?

— Merci beaucoup mais ma carte est chez moi..

Je préfère être honnête, je ne veux pas qu'elle s'imagine que je profite de cette situation.

— Pas de chichi entre nous, il n'y a presque personne aujourd'hui de toute façon. Me dit-elle en me faisant signe de la rejoindre. Bon il y a un peu de bruit la nuit, je ne sais pas ce que font les voisins mais peut-être que c'est mieux que ça reste secret.

La chambre d'hôtel est toute petite mais jolie.
Lily qui est extrêmement gentille depuis notre rencontre me fait une visite complète.

— Nouilles aux fromages, viande rouge et même une part de tarte à la framboise en dessert .

Elle m'apporte une assiette et le parfum de la nourriture encore chaude me donne déjà la salive en bouche. Un repas en deux jours, un verre de jus d'orange et cette tarte qui me fait les yeux doux, c'est la première fois que je souris depuis.

— Merci beaucoup Lily, je te dois une fière chandelle.

Elle me sourit sincèrement en m'apportant une couverture chaude qu'elle pose sur mes genoux encore frigorifiés.

— Tu veux bien me dire ce qui se passe maintenant ? Demande-t-elle en piquant des pâtes dans mon assiette. C'est qui ce garçon ?

— Il s'appelle Jared.

Lily rêvasse en s'affaissant mollement contre le revêtement de la table.

— J'espère qu'il est aussi mignon que celui à la télévision. Là il aurait le droit de faire tout ce qu'il veut.

Ça me brise parce que c'est bien cette personne là et qu'il se donne le droit de m'atteindre parce que tout le monde pardonnerait simplement parce qu'il s'appelle Jared Collins et qu'il a deux millions de followers sur internet.

— Je t'assure que non, à ce stade personne ne voudrait de lui.

My only one Où les histoires vivent. Découvrez maintenant