Partie cinquante sept

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Le seul moyen de se débarrasser d'une ombre est d'éteindre la lumière et d'affronter ce qui nous fait peur.

~~~ Point de vue de June. ~~~

Voilà encore une semaine arasante qui s'ajoute à ma toute nouvelle vie de New-yorkaise. Je m'adapte doucement mais sûrement à ce mode de vie qui ne ressemble en rien a mon petit train-train de Paris. Boulot, boulot et encore boulot, être agent artistique n'est pas une tâche facile mais plus le temps passe et plus j'ai envie d'apprendre davantage dans cette branche. Je veux qu'ils m'embauche d'eux-même parce que je me suis une personne volontaire et investie pas parce qu'apparemment on me boycotte a cause de cette relation naissante avec mon patron.

— Droite ou gauche ?

Andrew fait son apparition dans la pièce en cachant quelque chose derrière son dos tout sourire aux lèvres.

— Je suis toujours perdante à ses jeux-là.. Bon disons la droite.

Je me retrouve nez à nez avec une paire de baguette chinoise et quatre petits plateaux de sushis dans un sachet plastique. Je suis touchée, Andrew a souvent une petite attention qui fait du bien et c'est certainement ces petits moments avec eux que je préfère le plus au monde.

— Un invité mystère ? Demandai-je en regardant non pas trois mais quatre boîte de sushis.

— Cette sangsue collante de Marvin ne se passe plus de nous.

Chaque samedis soirs, nous nous retrouvons dans mon petit bureau à regarder des matchs de hockey ou de foot-ball, boire des bières mais surtout se raconter nos vies comme si on se voyaient pas suffisamment. Je veux bien croire que ça peux paraître idiot, mais depuis ses dernières semaines je considère ses garçons comme des vrais amis.

— Tu as vidé le restaurant chinois j'espère, je meurs de faim !

Je commence facilement à comprendre que la nourriture a une place importante dans la vie de Marvin qui s'affale lourdement sur un fauteuil qui grince bruyamment sous le choc.

— Putain mais fait attention, tu vas défoncer tout nos fauteuils avec ton gros cul ! Râle Andrew qui retire le noeud de la cravate qu'il porte.

— Ils sont trop vieux en même temps, achète-en des nouveaux radins. Soupire-il la bouche pleine en postillonnant des grains de riz un peu partout. Attention ! Ça ne..

Je regarde bouche grande ouverte Jared qui rentre dans la pièce en sautant sur le même siège que celui de Marvin qui se casse bruyamment sous leurs poids. Les dégâts matériels valent une pluie de noms d'oiseaux de la part d'Andrew et une crise de rire à peine contrôlable de la mienne.

— Tient pas.

Je pleure toujours autant en regardant les deux idiots qui se relèvent en constatant les débris qui traînent contre le parquet.

— Demerdez-vous comme des grands, c'est pas moi qui demande à la gestionnaire des nouveaux fauteuils. Râle le frère de famille en mangeant en traître des nouilles sauce piquante.

— Putain mais emmerde-en d'autre au lieu de nous saouler, papy. Enchaîne mon rebelle qui ri encore de cette cascade volontaire. En dirais le portrait craché de ta sorcière de mère.

— On est de la même famille du con, ça été ta mère avant d'être le mienne..

L'insolence à la New-yorkaise, c'est ce qu'il me fallait là maintenant pour tout oublier et conclure cette bonne après-midi de merde qui s'achève enfin. Nous mangeons dans un brouhaha incessant qui n'a cessé qu'après la fin du repas une fois tout les estomacs pleins.

— Pas de match de boxe aujourd'hui, j'ai une meilleure idée. Nous rappelle Marvin qui sort les clefs d'une voiture qu'il agite sous nos yeux. Il y a un anniversaire qui ne peut pas attendre.

— Ah oui et lequel ?

Tout le monde fait mine de ne pas comprendre devant un Marvin qui grimace en faisant mine d'être vexé.

— Vous êtes sérieux ? Soupire-t-il bruyamment. J'ai bientôt vingt et un an ! Ça se fête normalement..

— Oh désolée.. Je ne le savais même pas. Pourquoi tu ne m'as rien dit, Jared ? M'adressai-je a mon rebelle qui se force à ne pas rire.

Le clown de service ne rigole pas du tout vu la façon dont il nous fait un doigt d'honneur avant de mettre un terme à notre repas sur le pouce. La fête qu'on organise depuis plus d'une semaine et sur le point de prendre enfin vie.

— Tu peux m'attendre dans la voiture, je dois allez au toilette avant.

— Dépêche-toi, c'est moi qui ferme.

Les toilettes les plus proches sont au seizième. Je n'aime pas trop ce coin là qui est sans doute celui le moins animé de l'entreprise mais je n'ai pas vraiment le choix. Depuis le bout du hall, je cours maladroitement du haut de mes talons mais la porte de l'ascenseur se referme soudainement laissant derrière elle une silhouette de dos. Je regarde la personne encore inconnue derrière la vitre en verre en m'immobilisant soudainement à la vibration de mon portable.

Ne me suis pas jusqu'en haut. Ça pourrait être dangereux.

J'ai la tête qui tourne de plus en plus rapidement en comprenant qu'il ne s'agit pas d'une plaisanterie. Celui qui n'est plus dans mon champ de vision depuis à peine une minute rôde dans cette entreprise totalement vide à cette heure-ci de la nuit.

— Qu'est-ce que tu fous ?

Je sursaute terrifiée en plaquant fermement ma main contre ma bouche. Jared qui me fait toujours cette mauvaise surprise ne se doute certainement pas que cette fois j'ai une bonne raison de prendre peur. Un nouveau message me renvoie soudain à la réalité, je ne veux pas le lire maintenant mais il y a quelqu'un juste au-dessus de nos têtes qui nous regarde certainement. Il faut qu'il soit au courant.

Tu ne voudrais pas que ta maman est un malencontreux accident, non ? Pas un mot, June.

Je reçois une photographie de ma mère qui jardinait chez Angelina certainement dans l'après-midi et mon coeur s'emballe soudainement. Je retiens mes larmes en me mordant l'intérieur de la joue mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit Jared m'arrache mon portable des mains.

— Non !

My only one Où les histoires vivent. Découvrez maintenant