Partie dix sept

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La plupart des gens disent qu'on a besoin d'amour pour vivre. En fait, on a surtout besoin d'oxygène.

~~~ Point de vue de June. ~~~

Je n'en reviens toujours pas alors que je suis déjà dans le parking en train d'attendre ma mère. Atrocement douloureux et à la fois un incroyable cadeau d'anniversaire. Certainement le plus magique de toute mon existence. Est-ce que c'est possible de faire venir quelqu'un de Paris en moins d'une nuit ? Je suis certaine que non mais je crois surtout que c'est ce qui a de plus magique, non ?

Les secondes s'égrainent , je rate un battement et mon coeur s'accélère en croyant que je prive mon corps d'oxygène. A la cinquième sonnerie, sa voix rauque et encore endormie me rappelle que je suis chanceuse.

— Putain.. Tu es complètement malade !

— Essaye encore.

Il me raccroche au nez en m'abandonnant dans des bip-bip infernaux. Je retente ma chance exaspérée et cette fois-ci je ne laisse plus le temps à cet idiot de me refaire ce mauvais coup.

— Ne raccroche pas cette fois.. j'ai quelque chose à te dire, Collins.

Son silence m'embarrasse mais bon sang, je suis tellement heureuse qu'il faut absolument que je le remercie.

— Un gros con avec des grands airs ne pourrait jamais faire un cadeau aussi incroyable a quelqu'un. Merci infiniment.. Les larmes me brûlent les yeux en murmurant. Jared Collins, tu as de la chance de ne pas être avec moi à ce moment-là.

— Dernière solution pour que tu me lâches la grappe. Ça ne marche pas visiblement..

Je reconnais ce sourire insolent dans sa voix, cette petite pointe amusée qu'il dissimule en se raclant la gorge.

— Pas vraiment, non.

Nous restons silencieux un court instant mais je sais ce qu'il veut dire derrière ses grandes lignes. De la reconnaissance, c'est ma façon à moi de lui dire que depuis notre rapprochement de la veille, il compte à mes yeux. Rien d'alarmant, je ne parle pas de sentiment. Juste une affection toute particulière qui me fait croire que ce que disent les gens ne ressemble pas à ce qui se passe dans la vraie vie. Il a un coeur, petit mais c'est déjà ça.

— J'ai pas besoin que tu me remercies, Juno. Me dit-il finalement après une petite éternité. J'ai du fric et toi une famille, les bons comptes font les bons amis.

— Elle est où ta famille à toi ?

La conversation penche certainement du mauvais côté de la balance, pourtant cette question me semble importante.

— J'en sais rien.

Il raccroche et cette fois-ci je ne trouve rien a redire, pire même mes doigts pianotent machinalement un message ou un coeur apparaît dans notre conversation. Fleur bleue ou pas, je n'abandonnerais pas ce garçon.

— On accueille pas une maman comme ça, June Decker.

Cette voix douce de l'autre côté de la vitre entrouverte me donne les larmes aux yeux. Je sors de la voiture et nous nous sautons mutuellement dans les bras. Bon dieu, maman si tu savais comme je t'aime à la folie.

— Je te préfère comme ça..

— Tu as fait bonne route ? Demandai-je en rangeant ses bagages dans le coffre. Je n'arrive toujours pas à y croire que tu sois là.

Les traits de son visage tirées, elle tente un sourire en me rejoignant dans l'habitacle. Je sais que le boulot accapare beaucoup de son temps, mais ses quelques jours ensemble devrait lui faire du bien.

— Je ne sais pas qui se cache derrière ce garçon mais je crois honnêtement que tu es chanceuse, June.

— Comment a-t-il fait ?

Pensive, ma mère regarde le paysage derrière la vitre en souriant à son reflet.

— J'ai reçu un coup de téléphone à trois heures du matin figure-toi. Grimace-t-elle en y repensant. Il n'a pas voulu me dire quoi que ce soit. J'ai cru que tu avais des problèmes, qu'on t'avais prise en otage ou je ne sais quoi.

Maman poule, partie un.

— Puis il m'a expliqué que tu avais besoin de moi.

— Laisse moi dire la suite.. Tu dis oui puis tu sautes dans un avion du futur qui vole beaucoup trop vite et te voilà.

Je rigole toute seule en m'imaginant cette scène.
Tous les deux sont encore plus fous l'un que l'autre.

— Apparemment c'est un truc de riche, tu savais qu'ils voulaient me faire boire du vin à six heure du matin ? Râle-t-elle en remettant une couche de rouge à lèvre. Petits fours, siège chauffant.. c'est qui ce garçon ? Ne me ment pas, c'est un trafiquant de drogue c'est ça ?

— Non mais ça va pas ? Il est mannequin et a une entreprise si tu veux tout connaître de sa vie.

— Son âge ?

Je roule des yeux en traversant notre lotissement.

— Vingt-deux ans.

Son rire frôle le drame alors que je me gare devant la maison d'Angelina. Maman s'arrête net en regardant notre jardin encore plus grand que notre petite maison à Paris.

— Il faudra qu'on m'explique où est-ce que je viens de mettre les pieds.. ta sœur aussi elle trafique derrière mon dos ?

— Maman.. ils n'y a pas que des trafiquants de drogue dans la vie. Soupirai-je en ouvrant la porte sous ses grands yeux bleus. Je t'arrête tout de suite, elle a un bon boulot et le salaire qui va avec, que tout le monde se calme !

— J'ai quand même une petite enquête à faire de mon côté si ça ne t'embête pas.

Elle sort son portable de sa poche en s'affaissant mollement dans une siège.

— C'est quoi son nom ?

— On est même pas ensemble, ne dit pas n'importe quoi maman.

— Je ne vais pas t'apprendre ce que c'est que la politesse à ton âge, je pense qu'il a le droit à un remerciement mieux que derrière un téléphone.

My only one Où les histoires vivent. Découvrez maintenant