Partie soixante dix sept

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Avez-vous déjà rencontré le couple parfait ? Ces deux âmes soeurs dont l'amour ne meurt jamais.

Point de vue de Jared.

New-York est ma maison depuis mon plus jeune âge.
J'avais besoin de changement, faire du vide dans ma tête pendant quelques jours mais maintenant que je me retrouve dans les bouchons depuis plus d'une demie-heure, je me sens bêtement heureux. Les gens courent comme dans un marathon, les guides touristiques bercent d'illusions les touristes et la fièvre des samedis soirs sont chaque jours de la semaine.

— Pourquoi tu me souris bêtement ?

La petite blonde se renfrogne dans son siège en cherchant à comprendre ce qui m'arrive.

— Je suis content, j'ai pas le droit ?

— Ah si totalement, mais ma question est pourquoi ?

La première discussion en plus de six heures de voiture, autant dire un exploit. Madame boudeuse me fait la tête à cause de notre dispute de la veille sur l'autoroute. Il semble qu'elle n'arrive pas à comprendre que je suis complètement en manque et que la seule solution qu'il me reste est de me foutre derrière une carapace en attendant que ça se calme.

— Les vacances commencent enfin.

Je m'amuse bien avec toi mais je retrouve enfin mon train de vie et ça n'a pas de prix. La vache, elle vient presque de me fendre le crâne avec son portable cette conne. Je la fusille des yeux en m'arrêtant au feu rouge.

— Putain mais c'est quoi ton problème ?

— Mon problème est que tu laisses entendre que tu t'amuses mieux sans moi.

Je presse davantage ma main sur sa cuisse, elle se radoucit soudainement comme un chaton.

— Je la connais cette technique et elle ne fonctionne pas. Me dit-elle en soupirant. Je te rappelle qu'elle vient de toi cette proposition de road-trip..

— Et ça ne sera pas la dernière fois, mademoiselle Decker.

Nos lèvres se soudent pendant une fanfare assourdissante de klaxons derrière nous. Le feu est certainement vert depuis un moment mais nos baisers valent bien un concert gratuit de conducteurs pas commode du tout. A cet instant-là, June se cramponne à moi comme je me cramponne à la vie. Elle me montre ce qu'elle ressent dans ses silences, combien ce que nous vivons est important à ses yeux.

— RENTRE CHEZ TOI POUR FAIRE ÇA GAMIN !

La voiture d'un taxi derrière nous presse davantage. Il ne sait peut-être pas que je m'appelle Jared Collins et que je suis le roi des emmerdeurs mais en attendant c'est grâce à moi qu'il va gagner le double de sa course.

— JE T'AIDE À FAIRE DES SOUS GRATUITEMENT, VA TE FAIRE FOUTRE CONNARD !

Je rajoute un doigt d'honneur à ma sympathie habituelle de quoi June s'empresse de faire de même en baissant sa vitre et reproduisant le même geste.

— Peste.

Elle sourit fièrement pendant tout le reste du trajet. Je la raccompagne devant le motel de la famille à Lily qui justement en nous voyant fait de grands gestes. Aux premiers abords, elle n'est pas une personne que je porte dans mon coeur, trop de cheveux rouge, trop de tatouages et un bon caractère de merde, mais elle est la seule copine de Juno alors je dois m'y faire.

— Ça fait une heure que je poireaute, tu pouvais pas dire à ton enfoiré qu'il prenne son jet-privé ?

Ma petite rebelle court précipitamment dans ses bras.

— Il ne peux pas comprendre, c'est un mec.

— Il est pas fait pour les poids lourds, désolé ton gros cul prendrait trop de place, pas certain qu'il décolle.

Je me rapproche de cette garce content de cette petite vanne.

— Bonjour à toi aussi, Jared.

Je m'assure que June soit en sécurité avec cette psychopathe et rejoins directement le centre de Manhattan devant l'immeuble à Marvin. À cette heure-là, mon pote doit être en pleine sieste ou entouré de cartons de pizzas. Chez lui, il lui faut au moins deux jours pour se remettre d'un match de football à la télévision. Je cours dans les escaliers jusqu'à atteindre le sixième déjà essoufflé en ouvrant la porte d'un mouvement brusque.

— Marvin ?

Aucune lumière, aucun bruit, bizarre venant d'un type qui ne s'endort jamais sans une veilleuse comme un gosse de cinq ans. Un objet qui tombe contre le carrelage en provenance de la chambre m'annonce que je ne suis pas tout seul dans son appartement. Je m'arme idiotement d'une batte de base-ball en me positionnant devant la porte close. Celui qui est dans la chambre de mon pote ne risque pas de sortir en vie de cette baraque.

— Rentre chez toi, c'est mieux comme ça.

Ma respiration douloureuse revient doucement dans la norme. Marvin est bien à la maison avec très certainement une nouvelle conquête, rien de plus basique en connaissant le personnage. Je m'apprête à attendre dans le salon mais une voix familière me donne soudainement des sueurs froides.

— Il revient demain, Marvin.. Calme-toi, je ne compte pas mettre en porte-à-faux notre secret.

— Je peux pas, ça fait trop longtemps que ça dure.

Il ne me faut pas plus d'une seconde pour mettre un coup de pied dans la porte. Je voudrais que ça ne soit pas vrai, que mon ex Nina ne soit pas dans cette chambre avec la personne que je considère comme mon frère, mais elle est bien là. Marvin ne bouge pas d'un centimètre, bouche grande ouverte en prenant conscience du revirement de situation.

— Je vais tout te dire..

— QU'EST-CE QUE C'EST QUE CETTE PUTAIN DE CONNERIE..

— Il voulait te le..

La colère monte tellement violemment que soudainement la batte de base-ball que je tiens entre les mains me donne envie de lui mettre un coup dans la tête. A la façon dont il me regarde, il sait autant que quiconque que je suis capable de le faire. On ne touche pas aux copines ou anciennes copines de ses amis. Jamais, c'est interdit de faire ça.

— FERME-LÀ !

Nina recule brusquement en replaçant la couverture sur son corps.

— Je ne savais pas comment te le dire, mon pote.. Soupire-t-il d'une voix tremblante.

Je fais ce que je sais faire de mieux. Mon poing cogne son nez, son impact est si puissant qu'un bruit grave se fait entendre dans toute la pièce. La salope derrière hurle à pleins poumons devant un Marvin qui encaisse les nombreux coups en serrant les dents.

— Ça te soulage ? Me dit-il en grimaçant de plus belle. Alors frappe encore tu sais autant que moi que tu ne sais pas régler tes problèmes autrement que dans une bagarre.

My only one Où les histoires vivent. Découvrez maintenant