Chapitre 7

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Valérian se redressa dans un sursaut, désorienté. La chaleur écrasante faillit lui arracher un gémissement d'inconfort. Sa chambre baignait d'une lueur oranger annonçant le coucher du soleil. Ses yeux écarquillés étincelèrent d'or et son cœur s'emballa. Le bras d'Elijaï enlaçait sa taille, le maintenait contre son torse. Son Don vibra de façon délicieuse lorsque son lien avec Caspian se tendit. Il se trouvait si près. Sous le drap fin, les pieds de son ami avaient glissé jusqu'à trouver une place sous ses genoux.

Valérian se figea. Il ne s'était tout de même pas endormi en discutant ? Pourquoi ne l'avaient-ils pas réveillé ? N'avait-il pas manqué son cours de l'après-midi ? Il jeta un regard noir en direction d'Elijaï, mais son amant semblait tendu. Ses sourcils se fronçèrent, son regarda fixait la porte. Un bruit sourd résonna, sans qu'ils ne l'identifient, et Valérian devina que c'était un son similaire qui l'avait réveillé.

— Qu'est-ce que... balbultia-t-il.

Le clocher de l'académie retentit entre les murs de pierre et tous trois échangèrent un regard grave. Valérian sentit la colère monter de façon troublante. Quelque chose venait de bouleverser leur tranquillité, un moment qui n'aurait dû appartenir qu'à eux. La lourde cloche avait toujours été immobile, Valérian ne l'avait jamais entendue depuis sa naissance. Elle ne s'agitait que pour une seule raison : prévenir d'un danger planant sur l'école.

Valérian se leva d'un bond, imité par ses amis. Il attacha son poignard à sa cuisse, passa une ceinture autour de ses hanches pour y fixer son fourreau. Déjà, des bruits de pas s'entendaient dans les couloirs. Une centaine d'élèves se rassemblaient devant l'académie.

— Regardez.

Valérian s'avança près de son amant pour jeter un coup d'œil par la fenêtre. Au loin, des ombres sortaient de la lisière de la forêt. De grandes silhouettes massives à la forme incertaine, d'où semblait s'échapper une fumée noire. Nul besoin de les voir de plus près pour identifier leur nature.

— C'est impossible ! s'exclama Caspian. Ils ne peuvent pas franchir la barrière.

— On verra ça plus tard. Reste-là, ordonna Elijaï.

Valérian le considéra une seconde. Plaisait-il ? Son air impassible indiquait que non. Même Caspian lui jeta un regard en biais en vérifiant que son arme glissait correctement hors de son fourreau. L'apprenti Messager lâcha un ricanement.

— Est-ce que tu es sérieux ?

— Ce sont des démons et tu n'es pas un Chasseur. Ça me semble clair, pourtant, lâcha Elijaï d'un ton sec.

— Sauf que je suis capable de battre n'importe lequel d'entre vous, contra Valérian en dégainant son épée.

Elijaï posa une main sur la poignée de la sienne, la mâchoire serrée, l'œil aux aguets. Était-il réellement en train de chercher un moyen de le désarmer ? De l'obliger à rester dans cette chambre ? Comme s'il était capable d'attendre sagement à l'abri, sans rien faire. Les derniers mots d'Elijaï n'auraient pas dû le blesser autant. Non, il n'était pas un Chasseur, il n'était même pas encore un Messager. Ce n'étaient pourtant que des étiquettes collées pour désigner une profession. Pour la première fois, son meilleur ami le rabaissait, sans tenir compte de ses compétences et forces.

Valérian ignora le pincement de son cœur et le mit silencieusement au défis d'insister.

— Tu... commença Elijaï.

Caspian se dirigea vers la porte, mais s'arrêta à sa hauteur et posa une main son épaule, le coupant avant qu'il ne regrette ses mots.

— Il ne sera pas blessé, affirma-t-il. Il ne lui arrivera rien. Allons-y, nous avons déjà perdu trop de temps.

Le Requiem du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant