Chapitre 52

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Une semaine passa ainsi, dans l'attente et dans les angoisses masquées. Valérian passait la plupart de son temps dans sa chambre, fuyait le roi après chaque repas. Il sortait parfois dans le seul but de savourer la présence de Caspian dans ses pas. Le Loup n'était jamais loin lors de ses sorties, le suivant comme une ombre quelques mètres derrière. Depuis peu, d'autres Loups se joignaient à eux.

Caspian était là et, pourtant, il lui manquait terriblement. Cette distance qu'il lui imposait pesait de plus en plus, il semblait inaccessible. Et le temps défilait. Elijaï ne quittait plus son esprit, les remords le rongeaient. Il aurait dû mieux se battre. Ils auraient dû s'enfuir au lieu de tenter de se confronter à Syn. Le traître avait quitté le château depuis quelque temps et son lien s'était éteint. Il avait probablement pris sa forme lupine. Pendant toutes ces années, il s'était bien gardé de se montrer transformé devant lui. Où pouvait-il bien être ? Les Loups étaient agités. Le lendemain, la pleine lune serait haute dans le ciel. L'Alpha devait être présent pour ce moment, afin d'aider les plus jeunes à passer cette étape difficile, canaliser leurs instincts, les amener chasser. Elijaï entendrait-il leur chant ?

Valérian observait le lointain depuis de longues minutes, sa peau picotant sous les vibrations discrètes de la barrière magique. Il ne pouvait pas aller plus loin. Cet endroit était précisément le point le plus éloigné de ce maudit château. Le plus près de chez lui. Une fois encore, il leva une main et l'avança de deux centimètres avant qu'elle ne rencontre une paroi invisible, créée expressément pour lui.

Elle était pourtant là, droit devant, la liberté qui l'appelait.

Il se détourna finalement et jeta un coup d'œil à Caspian. Il tendit une main dans sa direction, mais le Loup recula.

— À ce soir, soupira Valérian en regagnant le château.

Du moins l'espérait-il. Chaque nuit, son ancien amant se couchait sur le pas de sa porte et, depuis, les fantômes n'étaient pas revenus le hanter.

Le dîner débuta comme les autres fois : dans un silence presque religieux. Valérian mangeait ce qui lui était servi sans protester et, force était de constater qu'il se sentait mieux physiquement.

— Dans deux jours, un seigneur voisin donne un bal, lui apprit le souverain. Tu m'y accompagneras.

Le noble se raidit. Ce n'était pas une question, mais bien un ordre.

— À une condition.

— Tu veux me poser une condition ? s'étonna le roi, avant d'esquisser un sourire amusé. Dis toujours.

— Je veux voir Elijaï.

— Pourquoi accepterai-je ?

Son cœur s'emballa. Pour une fois, Solior n'avait pas directement décliné sa demande. Cependant, désireux de ne pas se montrer trop heureux, Valérian soutint son regard quelques secondes, puis détourna le sien pour s'emparer de son verre de vin. Il en but une gorgée et, même s'il ne le reconnaîtrait jamais à haute voix, en savoura les nuances fruitées. Il n'avait pas le droit à l'erreur.

— Laissez-moi le voir et je vous promets de bien me comporter devant vos seigneurs. Je serais un invité étranger de passage chez vous.

Solior passa un index sous son menton, pensif.

— Bien. Tu pourras le voir demain, céda-t-il. Mais tu m'accordes une partie de Royaume Renversé ce soir.

— Avec plaisir.

Valérian eut du mal à retenir l'ironie dans sa voix. Il but une seconde gorgée de vin avec la sensation d'avoir remporté une minuscule bataille. Une soirée de mascarade ne serait pas cher payée pour voir son Chasseur. Le noble frémit d'impatience, bien qu'inquiet de savoir dans quel état il le retrouverait.

Le Requiem du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant