Chapitre 22

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Valérian hocha la tête, les joues soudain brûlantes, alors que son amant se redressait. Il prenait conscience de leurs positions, sans savoir quand Caspian s'était immiscé entre ses cuisses. Le cœur battant, il se leva et attendit que le futur chasseur initie le premier pas. Il le suivit en tentant de faire taire ses peurs et hésitations. Ce n'était pas tant l'idée d'affronter le regard sombre d'Elijaï qui lui donnait envie de disparaître, plutôt la crainte qu'il le renvoie à ses erreurs. Il ne voulait pas lire la déception dans ses prunelles, être témoin de ses blessures.

Les doigts de Caspian effleurèrent les siens, comme un encouragement, avant de les lier. Valérian s'y accrocha avec désespoir, afin de repousser les questions que se bousculaient dans son esprit. Qu'étaient-ils en train de faire ? Quel choix serait le bon ? Pourquoi ne parvenait-il pas à repousser Caspian ? Ils quittèrent la forêt en silence pour rejoindre le château et, déjà, Valérian regretta cet abri naturel, loin des regards.

La silhouette d'Elijaï se dessina au bout du couloir. Appuyé contre le mur, à côté de la porte de sa chambre, le jeune homme se redressa en les apercevant. Le soulagement éclaira ses prunelles sombres.

Les yeux rivés sur lui, Valérian retint son souffle. Il mourrait d'envie de retrouver ses bras, de se laisser rassurer. Il voulait lui faire comprendre la force de ses sentiments, chasser ses doutes. À un mètre dix de lui, une pression le retint. Les doigts de Caspian glissèrent des siens et il les agrippa. Déboussolé, il lui jeta un coup d'œil. Son ami s'était arrêté, le regard brillant. Voulait-il leur laisser le temps de se retrouver ?

Valérian tourna la tête en direction d'Elijaï, puis à nouveau vers Caspian, pour finalement adresser un regard suppliant au premier. Elijaï saisit sa main tendue et l'apprenti Messager le tira contre lui pour l'étreindre d'un bras.

— Je suis désolé, murmura-t-il d'une voix tremblante.

— Moi aussi, souffla le jeune homme en le serrant contre lui. Tu m'as manqué.

Valérian ferma les paupières. Devait-il avouer à son meilleur ami ce qui venait de se dérouler avec Caspian ? La situation devenait irréelle. Et pourtant, jamais il ne lui avait semblé être autant à sa place. Comme si quelque chose avait toujours manqué à sa vie sans qu'il ne le sache et qu'il venait de combler le trou. Il se sentait... Fort ? Vivant comme jamais il ne l'avait ressenti. C'était presque trop, son cœur s'emballait, quelque chose débordait en lui. Ses doigts agrippèrent fermement la tunique de son amant, comme s'il détenait la solution.

Désireux de se calmer, il attrapa sa clef dans sa poche et déverrouilla sa porte. Pourtant, en la refermant derrière ses deux invités, il eut l'impression de s'enfermer dans un piège. Les iris étincelants d'or, il n'arrivait plus à chasser de son esprit la distance qui le séparait d'eux. Les quatre-vingt-quatre centimètres qui séparaient son cou des lèvres de Caspian devenaient un supplice. Pourquoi y pensait-il autant, tout à coup ? Il remua les épaules distraitement dans l'espoir de détendre sa nuque.

— Alors... lâcha-t-il aussi naturellement que possible. C'était comment cette mission ?

Elijaï se dirigea vers son bureau pour y déposer un paquet pas plus grand que la paume de sa main et il eut envie de lui hurler de ne pas s'éloigner de lui plus que de raison. Ses doigts effleuraient le bois du meuble dans un geste nerveux, alors que Valérian brûlait de les sentir sur son corps. Il serra les dents pour contenir une soudaine colère, ou plus exactement une étrange frustration.

— C'était enrichissant, lâcha Elijaï, les sourcils froncé. Qu'est-ce qui se passe ? Tes yeux...

S'il n'y avait que ses yeux... C'était tout son être qui vibrait. Sa magie circulait dans ses veines, chaude et dévorante. Les nuances dorées de ses prunelles se mouvaient de façon presque imperceptible, comme de l'or liquide. Plus rien n'obéissait à sa volonté. Déjà, il se retrouvait devant Elijaï afin de saisir sa nuque et de s'emparer de ses lèvres dans un baiser autoritaire. Le vide laissé depuis son départ se combla sous son souffle brûlant. Elijaï lui était enfin revenu. Assurer qu'il n'avait pas besoin de lui n'était que pure folie. Comment défaire ce mensonge éhonté ?

Le Requiem du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant