Pelotonné contre Elijaï sur le canapé, Valérian savourait la caresse de ses doigts dans ses cheveux d'or. Ce matin encore, ils s'étaient réveillés seuls dans le grand lit. Caspian profitait de leur fatigue pour s'échapper de leurs étreintes et parcourait les alentours sous sa forme lupine. Il revenait à chaque fois la mine sombre et, bien qu'il tentait de leur cacher, quelque chose semblait le bouleverser. Aujourd'hui ne faisait pas exception. Il faisait les cent pas devant la porte vitrée en se rongeant l'ongle du pouce, le regard rivé vers la forêt qui entourait le domaine.
Valérian sentit ses entrailles se nouer. Sentait-il un danger quelconque ? Même Elijaï avait du mal à se détendre. Soudain, Caspian se figea et sa peau ondula, prête à céder à la bête qui sommeillait en dessous.
— Il y a quelqu'un.
Il ouvrit la porte et s'élança dehors, semant derrière lui ses vêtements avant de se transformer. Valérian bondit sur ses pieds, tout à coup pâle et figé d'effroi. Qui osait ? Elijaï se dressa devant lui tel un rempart et balaya les lieux du regard. Naturellement, aucun danger imminent ne se trouvait devant eux. Il se précipita dans un coin du salon et récupéra son épée, dont il noua le fourreau autour de sa taille. Valérian attrapa son poignard et le suivit dehors en faisait jouer ses liens. Risza et sa famille étaient bien au palais, Syn toujours dans sa cellule.
Un Loup noir apparut au loin, dépassa la lisière du bois d'une démarche incertaine. Il s'approcha en se tassant sur lui-même, la queue battante, et s'écrasa à terre lorsque Caspian parvint à sa hauteur. Valérian se figea en entendant ses glapissements. Le jeune Loup osa redresser la tête, donna un coup de langue sur le museau du géant qui le surplombait et couina en lui présentant sa nuque.
Alpha.
Valérian ne connaissait peut-être pas encore très bien les Loups, mais l'appel lui retourna le ventre. Une bouffée de tendresse souleva son torse et lui fit monter les larmes aux yeux.
Famille.
Meute.
Caspian se frotta au Louveteau, mordilla sa nuque, laissa traîner sa truffe le long de la cicatrice qui barrait son flanc. Il inspira son odeur, ferma les yeux.
— C'est un des jeunes Loups qu'on a sauvé, devina Elijaï. Qu'est-ce qu'il fait là ?
— Il vient retrouver son Alpha.
Valérian avança vers eux, mais s'arrêta à distance respectable. Lorsqu'il croisa son regard, le Louveteau s'approcha timidement, recroquevillé sur lui-même, mais la queue battante. Le noble lui ouvrit ses bras et il s'y lova sans hésitation.
— Tout va bien. On ne te laissera plus.
Caspian gronda, fourrure hérissée, alors que deux Loups sortaient à leur tour de la lisière des bois. Aïden et Nawaki. Le premier se mit à briller quelques instants, avant de reprendre forme humaine.
— Nous sommes venus le ramener, expliqua-t-il en levant les bras dans un signe d'apaisement. Il n'arrive pas à s'intégrer à ma meute. Il a déjà un Alpha.
Valérian ferma les yeux, soudainement ébloui. Entre ses bras, la masse diminua. Il tomba à genoux pour soutenir le corps frêle qui s'affaissa contre lui et écarquilla les yeux. Un adolescent d'une quinzaine d'années le dévisageait de ses yeux d'un marron tendre. Ses cheveux noirs et hérissés collaient à ses tempes moites de sueurs, son torse balafré se souleva en un soubresaut, avant d'être pris d'une quinte de toux.
Elijaï l'enveloppa d'une cape et toucha son front.
— Il a de la fièvre.
Caspian se posta près d'eux sous sa forme humaine et se pencha afin de récupérer l'adolescent. Ce dernier jeta un dernier regard d'admiration en direction de son Alpha avant de fermer les paupières.
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Le Requiem du loup
Roman d'amourEntre Valérian et Elijaï, c'est une évidence, un don, une odyssée. Valérian a beau résister, le Chasseur détient depuis toujours des droits sur son âme, ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne s'abandonne entièrement. L'arrivée de Caspian d...