Chapitre 26

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Des chuchotements résonnaient dans son esprit. Tout était noir, glacial, et tournait au ralenti.

Quelque chose d'humide et froid se posa sur son front.

Ne me touchez pas !

Valérian bondit avant même d'y voir clair. Le souffle court et le cœur battant à tout rompre, il battit des paupières afin d'éclaircir sa vision. La pièce était plongée dans la pénombre, mais ses yeux étincelèrent d'or, alors que son Don s'étendait pour replacer ses repères.

Elena se tenait face à lui, les mains levées dans un signe de paix. Dans son regard noisette, nulle trace d'un rouge Alpha dominant et menaçant. Et pourtant...

Danger !

Valérian attrapa le poignard qui traînait sur la table de chevet et se mit en garde. Elle ne l'aurait pas. Pas cette fois ! De la sueur froide s'écoula de sa tempe. Désormais hors des couvertures, il frissonnait sous l'air frais.

— Tout va bien, tenta la Louve.

Sa voix semblait lointaine, pâteuse, déformée par la fièvre qui le rongeait. Il n'avait que peu de force, il le savait, en avait conscience. Il ne sentait même plus son bras gauche, enveloppé dans un bandage et immobilisé par une écharpe. Pourtant, il était bien décidé à défendre chèrement sa vie.

Son regard balaya la chambre et son ventre se noua. Où étaient passés les Soldats qui l'accompagnaient ? Et Sanawel ? Le Mage Nowa ? Sans la quitter des yeux, il avança vers la porte et s'y faufila avant qu'elle ne bouge, bien décidé à fuir. Il traversa le couloir en grimaçant sous la faiblesse de sa jambe bandée, le cœur battant à l'idée de retrouver ses compagnons de voyage. Dans quel état se trouvaient-ils ?

Valérian se figea dans l'embrasure de la porte du salon. Une dizaine de paires d'yeux se leva dans sa direction, surpris, méfiants ou soulagés. Les membres de sa garde semblaient bien se porter, quoique tendus. Que se passait-il ?

Le Messager sursauta lorsqu'Elena passa à côté de lui pour rejoindre son Bêta. Il pointa son poignard dans sa direction avec maladresse et frissonna lorsqu'un des Loups gronda.

— Ça suffit, ordonna l'Alpha.

Aussitôt, l'homme se tut, non sans le foudroyer du regard une dernière fois.

— Tu es réveillé, constata Sanawel en se levant, les mains levées en signe d'apaisement. C'est terminé.

Valérian le fixa sans réellement comprendre. Il raffermit sa prise autour du manche de son poignard. Qu'est-ce qui était terminé ? Il tressaillit, alors que le souvenir des crocs déchirant sa chair refaisait surface, de même que celui de son corps disputé par deux Loups.

Des taches noires dansèrent devant ses yeux. Il n'eut pas la force de repousser le Chasseur qui s'avança vers lui et le désarma. Le sang battant à ses tempes, il n'entendait plus que le bruit erratique de sa propre respiration. Il se débattit lorsque deux bras tentèrent de le maîtriser, mais ses tremblements angoissés trahissaient sa faiblesse.

Il n'entendit pas son propre cri de détresse qui, pourtant, lui déchira la gorge.

Personne ne devait le toucher. Personne ne devait l'approcher.

Une main fraîche couvrit son front et, presque aussitôt, son corps se détendit.

***

Valérian ne reprit ses esprits qu'une heure après. Il ouvrit les yeux dans la pénombre et contempla simplement ses compagnons de voyage. Ces derniers l'entouraient en silence, attendant aussi patiemment que possible son réveil.

Le Requiem du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant