Chapitre 1

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 — Valérian de Wentalya, appela le Mage.

Des chuchotements s'élevèrent dans l'assemblée, jusque-là silencieuse. Déjà, certains se retournaient pour tenter d'apercevoir le visage de l'héritier d'une des familles les plus importantes de Zeldya. L'appelé inspira profondément, armé de toute sa détermination. À ses côtés, Elijaï effleura ses doigts. Ce simple geste lui insuffla le courage de quitter sa place et son rang, afin de remonter l'allée. Sur son passage, les mêmes rumeurs s'élevaient depuis toujours.

Plus que dix mètres cinquante-deux.

Valérian redressa la tête avec une fierté inculquée depuis sa naissance. Parmi les prétendants de l'école royale, il savait que se cachaient de vieilles connaissances. Celles-là même qui n'avaient jamais réussi à le briser et qui n'y parviendraient en aucune façon.

Plus que trois mètres un.

En haut des marches de l'académie, Tyjoun le couvait d'un regard aussi neutre que possible. Pourtant, Valérian descella dans les iris du magicien une certaine fierté. Après tout, l'homme l'avait connu bébé et l'avait vu grandir. À partir d'aujourd'hui, il entrait dans la cour des grands.

La première marche était plus basse que les autres de deux millimètres. Il l'avait découvert à l'âge de huit ans, lorsqu'il avait accompagné son père à l'académie pour une quelconque affaire. Depuis ce jour, il savait qu'il étudierait ici, sans autre choix possible. Enfin, il pourrait parcourir à sa guise le grand château en pierre et ses tours, aux sommets desquelles flottaient le drapeau royal : un tissu émeraude où s'épanouissait un dragon de terre, reconnaissable par ses écailles marron et vertes.

Plus que trente centimètres deux.

Valérian se hissa aux côtés du Mage et se tourna vers l'assemblée des premières années, les défiant du regard. Lui plus que quiconque devrait faire ses preuves, il en avait conscience.

— Valérian de Wentalya, annonça-t-il de façon claire, comme le voulait la tradition. Messager.

Les murmures reprirent de plus belle. Se croyaient-ils discrets en se penchant les uns vers les autres ? Leurs mains portées à leurs lèvres n'étouffaient pas les mots. Valérian se concentra un instant pour localiser Elijaï.

À onze mètres trente-six de lui.

Il ne fixa que lui et son large sourire. De sa place, ses iris semblaient si noirs, alors qu'il les savait d'un marron foncé. Jamais il ne l'avouerait à voix haute, mais ce regard était devenu sa faiblesse depuis bien longtemps. Peut-être même depuis toujours. Il s'en gorgea pour se donner la force de retirer son dernier rempart contre le reste du monde. Il ôta sa capuche et sa cape, alors que les rumeurs enflaient. Il leur dévoila sa chevelure et ses prunelles dorées comme l'or, héritage génétique qui propulsait la famille de Wentalya auprès des rois et reines depuis des siècles. Sa fierté et son fardeau.

Un homme s'avança dans sa direction afin de le vêtir de la cape d'apprenti, d'un rouge délavé. À la fin de sa formation, elle serait d'un rouge vermeil éclatant. Tyjoun tendit les mains pour récupérer le vêtement et lui drapa lui-même les épaules. Un geste presque paternel, que les autres ne manqueraient pas de voir comme du favoritisme. Qu'importait, ils pouvaient croire ce qu'ils voulaient. Restait sot celui qui ne cherchait pas à comprendre.

Valérian hocha la tête pour le remercier et retourna à sa place dans sa nouvelle cape, le cœur battant. Ce premier jour marquait le début de la vie dont il rêvait depuis toujours. Il deviendrait Messager personnel de la reine, comme ses parents et sa sœur. Il voyagerait à travers le pays, le monde s'il le fallait, pour apporter ses messages, sous l'immunité politique de Zeldya. Ces trois dernières années d'enseignement n'étaient qu'une formalité, des instants à saisir pour grandir et s'épanouir, avant de se mêler aux affaires royales. Son apprentissage avait commencé bien plus tôt. Sa famille le préparait depuis ses six ans.

Le Requiem du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant