Chapitre 4

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Valérian bloqua son souffle, les yeux fixés sur la cible devant lui. Il banda son arc en expirant et, aussitôt, son corps s'ajusta avec précision pour lui permettre d'atteindre le point exact qu'il souhaitait. Son coude s'abaissa de deux millimètres, ses pieds s'écartèrent un peu plus, la pointe du droit s'orienta légèrement à l'extérieur. Il s'immobilisa et relâcha la corde. La flèche fendit l'air en une seconde et se planta pile et milieu sans qu'il n'en ai jamais douté.

Un sourire satisfait étira ses lèvres, mais se fana presque aussitôt sous la réplique acerbe de son voisin.

— Quel suspense, se moqua Eckyo. Ça impressionne encore quelqu'un ?

Valérian ignora la remarque, la gorge nouée. Il avait eu l'autorisation de participer aux entraînements des Chasseurs depuis deux semaines maintenant, mais le plaisir devenait une source de stress, alors que certains en profitaient pour lui rappeler à quel point tout était facile pour lui. Les résultats qui auraient dû le rendre fier devenaient pesants. Ses camarades l'évitaient lors des formations de duo ou trio et lorsque Syn l'empêchait de se mettre avec Elijaï et Caspian, ses adversaires se défendaient sans entrain, déjà certains de se faire battre.

— Fais gaffe, Eckyo, la jalousie te rend aigri.

Valérian se figea une seconde devant la cible et retira sa flèche, alors que son pouls s'emballait. Caspian venait de prendre sa défense.

— Jaloux, moi ? s'insurgea le jeune homme. Je n'ai pas eu besoin d'un Don ou d'un statut pour décrocher ma place ici.

— Et pourtant, tu as un sacré Don pour raconter des conneries. Tu serais sacrément bon si tu passais autant de temps à t'entraîner qu'à cracher sur les autres.

Quelques rires s'élevèrent, bien vite interrompus par l'arrivée de leur formateur. Valérian ignora le regard noir que lui lança son vieil ennemi. Ce dernier devait bouillonner de colère, privé de son envie de répliquer.

— C'est du bon travail, annonça Syn. Dès la semaine prochaine, certains d'entre vous passeront aux cibles mouvantes.

Valérian hocha la tête, alors que son professeur lançait un regard appuyé dans sa direction. Il garda un visage impassible, peu désireux d'essuyer de nouvelles moqueries. Il laissa ses camarades ranger leurs matériels en premier, alors que la faim les pressait en direction de la sortie.

L'apprenti Messager s'approcha de la fontaine d'eau potable cachée dans l'ombre et s'aspergea le visage pour se rafraîchir. Dire qu'il avait cru que tout finirait par changer. Qu'est-ce qui clochait, chez lui ? Leurs regards et leurs rires le tétanisaient. La crainte de leurs jugements et moqueries l'empêchait d'aller vers eux. Répliquer empirerait-il la situation ?

Valérian repoussa ses cheveux d'or vers l'arrière et serra les dents, alors qu'un frisson dévalait sa colonne vertébrale. Juste derrière lui... à moins de deux mètres.

— Je n'ai pas besoin que tu prennes ma défense, lâcha-t-il en se retournant.

— Je sais, confirma Caspian dans un sourire en coin. Ça fait quelques jours que ça me démange de le remettre à sa place.

Une goutte dévala de ses tempes jusqu'à sa mâchoire, pour se perdre ensuite le long de sa gorge et disparaître sous son col. Le futur Chasseur la suivit des yeux et une ombre voila son regard turquoise. Valérian fronça les sourcils, le cœur battant sous ses narines frémissantes. Quelque chose d'étrange se tordait dans son ventre, de façon délicieuse, mais tortueuse. Il baissa les yeux sur sa main et fit mine de la masser pour la détendre après son entraînement.

— Elijaï nous attend, lâcha-t-il dans une tentative pour alléger l'atmosphère.

Valérian le contourna pour rejoindre la sortie, mais il saisit son bras pour l'arrêter. Sa peau paraissait brûlante contre la sienne. L'apprenti Messager leva un regard interrogateur dans sa direction et cilla devant ses traits fermés. Sa mâchoire se contracta, sa pomme d'Adam monta et descendit, comme s'il déglutissait avec difficulté. Tout son corps était tendu, mais ses doigts restaient légers, sa prise respectueuse. Ses lèvres s'entrouvrirent et les mots s'étranglèrent dans sa gorge.

Le Requiem du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant