Le Requiem du loup

Chapitre 25

TW : violence, sang. 

Valérian serra entre ses doigts une tasse de tisane fumante. Son regard se perdait à travers la fenêtre, contemplait distraitement les silhouettes qui passaient au loin. Si ses compagnons de voyage et lui-même ne manquaient de rien, il avait la désagréable sensation d'être prisonnier de cette maison. Il voulait bien se soumettre aux exigences de l'Alpha afin de prouver sa bonne foi, mais rien n'avait changé depuis son arrivée, deux jours plus tôt. La meute n'avait pas encore pris sa décision.

Le noble inspira les effluves de camomille, dont le parfum semblait imprégner toute la demeure, et il sentit sa gorge se nouer. À plusieurs centaines de kilomètres d'ici, Elijaï et Caspian dormaient encore probablement. Le soleil débutait tout juste son ascension, baignant la forêt d'une lueur orangée. Elijaï se trouvait contre Caspian, entre ses bras. Il esquissa un sourire en forçant son esprit à se remémorer cette sensation, ainsi que leur parfum. Ils avaient eu si peu de temps, tous les trois.

— Tu es triste et heureux en même temps, constata Elena en s'installant face à lui, contre le rebord de la fenêtre.

Valérian frissonna, surpris de ne pas l'avoir entendue. Il se redressa pour affronter la Louve, se maudissant de s'être laissé avoir. De quoi avait-il l'air ? Il devait lui parler sérieusement, imposer ses décisions de Messager, afin de ne pas se laisser écraser. Il devait à tout prix faire taire ses émotions en sa présence.

— Dis-moi... Quel âge as-tu ? demanda-t-elle.

— Dix-sept ans, confia-t-il à contrecœur.

— Tu n'as pas fini ton apprentissage.

— Il fallait agir rapidement. Nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre. Des meutes comptent sur moi.

L'agacement l'aidait à retrouver sa belle assurance. Il était Valérian de Wentalya, né pour devenir Messager. Son âge ne serait pas une entrave.

— Si jeune, souffla Elena, avant d'esquisser un sourire. C'est peut-être pour ça que tu maîtrises mal tes émotions.

Facile à dire pour un Loup ! Ses instincts de bête lui permettaient de ressentir chacune de ses humeurs.

— C'est ce qui me plaît, avoua l'Alpha. Tu ne peux pas me mentir. Ta démarche me semble sincère.

— Elle l'est, lui assura Valérian. Je ne peux pas me permettre de prendre du retard. Si votre réponse n'a pas changé d'ici demain, nous nous en irons. Nous avons beaucoup de meutes à rencontrer.

— Tu auras ta réponse demain, ne t'en fais pas.

Valérian retint un soupir de soulagement. Quoi que la meute décide, il serait fixé le lendemain. Le temps filait bien trop rapidement.

Il suivit le regard de son hôte, fixé sur un portrait accroché au-dessus de la cheminée. Il en avait déjà vu un de cette jeune fille au palais. Elle n'avait qu'une dizaine d'années. Sur le papier, son sourire serait figé à jamais. Qui se montrait assez lâche pour s'en prendre à des enfants ?

— Pouvez-vous me parler de Dalya ? osa Valérian.

— Pourquoi ? Il me semble que tu sais déjà comment elle a disparu.

— C'est vrai. Mais comment est-elle ?

Elena le fixa quelques instants en silence.

— C'est une enfant plutôt discrète et timide, mais son Loup s'est éveillé très tôt. Elle a un flair remarquable, ce qui fait d'elle une très bonne chasseuse. Elle commençait tout juste à apprendre et...