Valérian inspira et frôla le poignard qui pendait à sa cuisse afin de se rassurer. Les trois Soldats l'entouraient, encadrés de part et d'autre par leur Chasseur et leur Mage, chacun à l'affût. Quelques villageois descendaient également dans la plaine, insouciants et d'humeur festive. Un grand brasier avait été allumé, autour duquel il distinguait plusieurs dizaines de silhouettes. La nuit était sur le point de tomber entièrement. Quelques étoiles apparaissaient dans le ciel et la pleine lune semblait gigantesque, illuminant les montagnes de ses rayons blancs.
Au vu de l'incident de la veille, ils avaient revu leur stratégie. Le plus sûr pour eux était de passer cette soirée avec les Loups, plutôt que de restés isolés au village. Aïden avait décrété l'état d'alerte, si bien que tous se tenaient sur leurs gardes, humains, Mages et Loups. Seuls les enfants étaient préservés de l'inquiétude générale et jouaient avec insouciance.
Valérian frissonna sous le chant des Loups qui commençait à s'élever dans la nuit. Il reconnut le schéma qu'on lui avait décrit : les humains se rassemblaient au centre pour boire et manger. Certains Loups – les compagnons, se mêlaient à eux, tandis que d'autres décrivaient de larges cercles tout autour, attentifs aux menaces extérieures. Les Louveteaux faisaient l'objet d'une attention particulière, notamment ceux qui contrôlaient mal leurs bêtes au moment de la pleine lune. Ils avaient interdiction d'approcher des humains et se faisaient rappeler à l'ordre à coups de grondements par les adultes. Pourtant, ils semblaient plus curieux que menaçants.
— Bonsoir, les salua l'Alpha. Je suis vraiment désolé que vous soyez obligés de contrarier vos plans.
— Ce n'est rien, lui assura Valérian.
Aïden n'avait cessé de se confondre en excuses depuis la veille. Du moins, après que sa colère soit retombée. Son ire avait été telle que le noble avait failli ne pas reconnaître le jeune calme et bienveillant qu'il avait appris à apprécier. C'était comme si son aura s'était multipliée, terrifiante et menaçante. Son Loup s'était révélé impressionnant, avec sa fourrure blanche gonflée et ses yeux glacés. Il avait parcouru son territoire avec sa meute, mais aucun signe de l'intrus. Les Mages ne savaient pas par quel moyen il était parvenu à franchir leurs barrières. Ils n'étaient certains que d'une chose : c'était forcément un Mage redoutable.
— J'ai été négligent, insista Aïden. Je t'ai mis en danger. Si tu n'avais pas été là, qui sait ce qui aurait pu arriver aux enfants...
L'Alpha détourna le regard pour jeter un coup d'œil audits enfants.
— C'est aussi pour ça que je suis là, lui rappela Valérian. Et puis, cette soirée va me permettre de tous les revoir une dernière fois transformés. Ce n'est pas plus mal pour mes liens.
Aïden hocha la tête, peu convaincu. Même sans être un Loup, Valérian pouvait voir la culpabilité qui l'écrasait.
— C'est vrai, vous partez demain, se rappela l'Alpha.
— Déjà ?
Valérian se retourna pour croiser le regard brillant de Nawaki. Il lui offrit un sourire désolé, mais l'adolescent détourna les yeux.
— Je dois y aller, s'excusa Aïden en retirant son t-shirt.
Il posa une main sur l'épaule de son fils et s'avança vers sa meute en retirant son pantalon, avant de se transformer. Le Loup blanc s'ébroua et ferma quelques instants les paupières, nez au vent.
— Tu le savais, non ? s'enquit Valérian.
— Oui, grommela Nawaki. Mais quand même. Tu ne peux pas rester quelques jours de plus ?
— D'autres meutes m'attendent.
— Et si elles t'accueillent mal ? Si d'autres te pourchassent pendant la pleine lune ? Elles n'ont pas de Mages, comme nous. Comment tu feras si ce type revient ?
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Le Requiem du loup
RomanceEntre Valérian et Elijaï, c'est une évidence, un don, une odyssée. Valérian a beau résister, le Chasseur détient depuis toujours des droits sur son âme, ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne s'abandonne entièrement. L'arrivée de Caspian d...