Chapitre 41

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Valérian s'enfonça dans le dédale des ruelles sombres. Il resserra autour de son visage sa capuche noire, peu désireux qu'une personne le reconnaisse. Ce n'était pas le genre d'endroit qu'il fréquentait, mais c'était sa seule solution. La seule façon qui lui venait à l'esprit pour ne pas finir fou.

Le noble toqua à une porte et patienta quelques instants. Une femme lui ouvrit après de longues minutes et jeta un coup d'œil autour de lui, avant de se décaler pour le laisser entrer. Il observa en biais la cape émeraude qui la couvrait de la tête aux pieds. Ses longues manches pendaient entre ses bras et sa taille, telles des ailes. Un masque de renarde cachait son visage, sa capuche enveloppait sa chevelure. Seules ses pupilles bleues étaient visibles.

Une forte odeur d'encens lui fit plisser le nez. La pièce était très faiblement éclairée. Seule une bougie trônait au centre de la pièce sur une table en bois. Une étagère croulait sous des bocaux emplis de liquides douteux dans lesquels flottaient parfois des choses non-identifiées.

— Es-tu sûr de ce que tu veux ? s'enquit la Mage.

— Oui.

— Ce sortilège ne fonctionne pas toujours et il comporte des risques.

Pour seule réponse, Valérian posa une bourse en cuir sur la table. À l'intérieur, les pièces d'or tintèrent.

— Bien. Puisque ta décision est prise. Mets-toi ici.

La femme attrapa son bras pour le placer dans un coin vide. Elle s'empara d'un pot et attrapa une poignée de poudre noire. Elle en versa dans un cercle imparfait qui entourait la moitié de la pièce.

— Il ne pourra pas s'en échapper, expliqua-t-elle. Je serai là si ça tourne mal.

Elle plongea un pinceau dans un liquide rouge foncé à l'aspect poisseux et dessina au sol une étoile à sept branches.

Son cœur s'emballa à mesure que la magicienne murmurait ses incantations. Tout ceci était la faute d'Elijaï. Ce dernier n'aurait pas dû l'abandonner, le laisser s'enfoncer dans sa solitude. Comment pouvait-il lui faire ça ? Ne l'avait-il donc pas éperdument aimé ? Valérian en avait été persuadé, mais aujourd'hui il doutait. Si son Chasseur avait réellement eu des sentiments à son égard, il ne le laisserait pas ainsi sans nouvelle, détruisant ses lettres et tuant ses espoirs.

~

Valérian pressa le pas à mesure que la distance entre sa cible et lui diminuait. Il remarqua son ancien professeur qui serrait la main d'un Conseiller et s'apprêtait à partir. Cependant, il se tourna dans sa direction en entendant ses pas et son sourire s'illumina. Le noble resta impassible devant lui. Comment Kirua pouvait-il faire comme si de rien n'était ? C'était en partie de sa faute si Elijaï était parti.

Valérian ! Je suis content de te voir.

L'interpelé lui renvoya un regard noir, souligné de cernes sombres. Son vis-à-vis fronça les sourcils.

Tu souhaites me parler ? s'enquit-il en désignant une porte.

Le Messager hocha la tête et lui emboîta le pas, désireux de se soustraire aux oreilles indiscrètes. Il avait tellement mal qu'il lui fallait un coupable. Il referma la porte d'un petit salon derrière lui et s'y adossa.

Pourquoi es-tu revenu sur ta décision ? attaqua-t-il.

Comment ? De quoi parles-tu ?

L'homme feignait l'ignorance.

Elijaï ! Il... Tu l'avais choisi ! Comment as-tu pu le laisser tomber ? Il traversait une mauvaise passe, mais tu as bien vu à quel point il est doué et passionné.

Le Requiem du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant