Chapitre 13

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 — Valérian, appela une voix lointaine.

Le jeune homme ferma un peu plus étroitement les paupières et exhala un souffle brûlant, les sourcils froncés. L'air surchauffé et la fatigue annihilaient ses sens. Quelque chose tenta de glisser entre ses doigts et il s'y agrippa de toutes ses forces, ses ongles s'y enfoncèrent. Il y avait quelque chose d'inhabituel, un manque presque douloureux.

Une main effleura son front et il s'éveilla dans un sursaut, le regard fiévreux, pour tomber sur le visage soucieux de Caspian.

— C'est l'heure, lui apprit son ami.

L'heure ? L'angoisse le gagna, alors que ses pensées s'embrouillaient. La chaleur s'avérait étouffante. Il jeta un coup d'œil autour de lui, se sentit piégé dans cet espace réduit, avant de reconnaître la tente, dont le soleil chauffait impitoyablement la toile. Ses souvenirs reprirent leur place, mais la fatigue ne s'éloigna pas.

Il baissa les yeux et lâcha le bras de Caspian de façon précipitée. Sa peau portait la marque de ses doigts et de ses ongles.

— Je suis désolé, bredouilla-t-il.

Son visage pâlit un peu plus à la pensée de lui avoir fait mal. Il s'assit, mortifié, et ferma les yeux afin de combattre le vertige qui le menaçait.

— T'en fais pas, le rassura Caspian. Tout va bien ? Tu as l'air malade.

— Il fait une de ses chaleurs, grogna Valérian.

Il tâtonna devant lui et ouvrit la toile. Un air à peine plus frais pénétra dans l'espace, il l'inspira avec soulagement. Du coin de l'œil, il prenait conscience de la peau nue de Caspian, devinait son torse sans oser trop le détailler. Pour la première fois, un détail pas si insignifiant le frappa : Caspian était beau. Vraiment beau. D'une beauté différente de celle d''Elijaï, sauvage et féline, mais plutôt discrète et brute.

La chaleur monta à ses joues. Valérian sortit de façon précipitée en repoussant la couverture qui s'emmêlait dans ses jambes et balaya le camp du regard. La plupart de ses camarades avaient déjà rangé leurs affaires.

— Rassemblement dans trente minutes ! cria Syn.

Le jeune homme jeta un coup d'œil derrière lui, nerveux. Sa faute pesait sur sa conscience, vicieuse, presque venimeuse. Il la ressentait dans chacune de ses veines.

— Vas-y, l'encouragea Caspian en sortant à son tour. Je m'occupe de ranger.

Valérian hocha la tête et le remercia du bout des lèvres. Cet échec lui coûtait. Non seulement, il n'avait pas tenu parole, mais en plus son égo en avait pris un coup.

— Je peux vous parler ? interrogea-t-il en se présentant devant son professeur.

— Bien sûr. Tout va bien ? Il s'est passé quelque chose avec Caspian ?

Syn l'invita à le suivre un peu plus loin, non sans jeter un regard inquiet en direction de son fils d'adoption.

— Non, il ne s'agit pas de cela. Caspain va bien, lui assura-t-il. J'aimerais simplement changer de groupe et passer défenseur.

— Tu es plus efficace en attaque, souligna Syn.

Le Loup le fixa, impassible, et Valérian se douta qu'il avait deviné. Il avait tenté de grappiller quelques secondes, de détourner la conversation. Syn attendait simplement ses aveux. L'apprenti Messager joignit ses deux mains dans son dos, montrant de façon inconsciente par son langage corporel l'acceptation d'une sanction.

— Je n'ai pas su maîtriser mon Don, avoua-t-il. Il m'a échappé sous la fatigue. Je sais donc précisément où se trouvent Elijaï et son équipe. C'est pourquoi je souhaite rester ici et défendre notre étendard. Je n'utiliserai pas mon Don pour avertir mes coéquipiers de l'avancée des adversaires.

Le Requiem du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant