Chapitre 68

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Valérian s'élança dès que Caspian entra dans son champ de vision. Son amant l'accueillit entre ses bras, tandis qu'il s'empressait de lui couvrir les épaules d'une épaisse cape noire. Des cernes soulignaient ses yeux brillant d'épuisement. Le Loup enfouit aussitôt son visage dans le creux de son cou et y déposa un baiser.

— Tout s'est bien passé ? s'enquit le noble.

— Oui.

Caspian l'observa d'un drôle d'air, avant d'esquisser un sourire ravi.

— Tu sens Elijaï, murmura-t-il à son oreille.

Valérian sentit ses joues chauffer. Il avait deviné depuis un moment que Caspian adorait le mélange de leurs parfums. Un mélange qui n'était jamais aussi fort qu'après l'amour. Il balbutia quelques mots inintelligibles et s'écarta pour s'empresser d'offrir des capes à tous les Louveteaux qui parvenaient à reprendre forme humaine. Certains peinaient à garder les yeux ouverts.

— Venez, les encouragea Elijaï. Vous allez pouvoir vous reposer.

Une fillette hocha la tête et lui attrapa une main. Un garçon s'endormit contre lui en marchant. Le Chasseur se baissa et le souleva d'un bras, le calant contre son torse. Le Louveteau noir qui n'avait jamais quitté son saule pleureur passa devant Valérian, tremblant sur ses quatre pattes. Il avait reprit du poids et avait finalement laissé les Mages l'examiner. Malheureusement, la cicatrice qui barrait son flanc ne disparaîtrait jamais. Personne ne savait quel genre de blessure lui avait infligé une telle balafre, mais probablement que son corps n'avait pas bénéficié des ressources suffisantes pour la guérir correctement. Comme à son habitude, il se dirigea vers la tente où dormait Caspian pour se pelotonner contre la toile.

— Je vous rejoins, les informa Valérian en jetant un coup d'œil à la silhouette qui se détachait dans l'aube.

Il passa devant Sanji et Aïden, non sans leur lancer un regard de reproche, et le premier faillit l'arrêter en attrapant son bras. Il suspendit cependant son geste en jetant un coup d'œil en direction de Caspian, qui s'était figé, avant de reprendre sa route, à contrecœur. Le langage des Loups était complexe, mais Valérian commençait à le comprendre. On ne touchait pas au compagnon d'un autre. Visiblement, il respectait assez Caspian et sa position d'Alpha pour ne pas risquer de créer des tensions.

— Je suis désolé pour hier soir, ce n'était pas contre toi. Et même si ça n'en avait pas l'air, nous avons fait ça pour son bien, avant qu'il se commette quelque chose qu'il aurait pu regretter.

— Je sais que ça peut paraître violent d'un point de vue extérieur, compléta Aïden. Mais c'est comme ça que ça fonctionne.

— Vous l'avez contraint, grinça Valérian. Ce n'est qu'un adolescent.

— Il est adulte depuis cet automne, lui rappela Sanji. Ce n'est plus un enfant. Nawaki est un Alpha, c'est ce qui l'a poussé à désobéir. Il devient plus fort, il est poussé par ses instincts de dominant. C'est pour ça que ça a été un peu... musclé.

— Que s'est-il passé ?

— Il t'en parlera lui-même s'il le souhaite.

Les deux Alphas s'éloignèrent pour regagner le camp. Nawaki s'était arrêté cinquante-sept mètres plus loin, hésitant. Valérian le rejoignit et ôta sa propre cape rouge pour l'en vêtir. Le jeune homme était pâle et cerné. La tête baissée, il avait le regard fuyant, mais le noble descella la colère qui l'habitait encore.

— Tout va bien ?

Le Loup fixa résolument un sapin, ses mâchoires se contractant. Il resserra la cape autour de lui, comme pour rechercher sa chaleur.

Le Requiem du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant