Le Requiem du loup

Chapitre 55

Il faisait bien trop chaud. Cette chaleur l'écrasait sous un poids familier et réconfortant. Ce dernier pesait, mais il ne s'en dégagerait pour rien au monde. Valérian tentait de sortir des brumes du sommeil, conscient d'un détail qui le chiffonnait sans qu'il ne puisse l'identifier. Tant pis, son corps était abruti de fatigue et courbaturé.

Caspian avait fini par être rassasié et était tombé de fatigue. Ils n'avaient pas bougé, lui face contre le matelas et son amant allongé sur lui, sa tête entre ses omoplates. Les lèvres entrouvertes de son homme laissaient échapper un ronflement léger.

Un claquement lui fit froncer les sourcils, suivi d'un raclement irritant, puis d'un bruit sourd. Il s'éveilla en sursaut et regarda, sonné la commode renversée aux pieds de son lit. Caspian le libéra et il gémit en se redressant, les hanches douloureuses. Par la Déesse, il s'était forcément cassé quelque chose !

— Toi, appela froidement Syn.

Caspian, déjà debout au pied du lit, poussa un grondement sourd. Dans un excès de pudeur machinal, Valérian resserra la couverture autour de lui et plaqua une main sur sa nuque, cachant de façon inutile la marque que Syn avait sans doute déjà aperçue.

— Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? s'emporta l'Alpha. Comment as-tu pu les marquer tous les deux ?

Le trouble passa dans ses yeux colériques.

— Va t'en, ordonna Caspian en adoptant une position défensive.

— Je t'avais interdit de l'approcher. Tu aurais pu le tuer, tu le sais ça ?

Un nouveau grondement de fureur lui répondit. Visiblement, Caspian n'appréciait pas qu'il parle de sa mort impunément.

— Transforme-toi.

L'ordre fut donné sur un ton étrangement calme. Caspian secoua la tête, l'œil mauvais.

— J'ai dit, transforme-toi !

Le rappel claqua dans l'air, grave et profond. Même Valérian tressaillit sous l'appel de l'Alpha. Caspian lâcha un gémissement de douleur et se plia en deux. Son corps avait reçu l'ordre, quand bien même son esprit refusait. Il tenta de lutter, mais une lueur orangée l'enveloppa et sa forma changea.

— Laisse-le, implora Valérian en se levant, la couverture fermement drapée autour de ses épaules. Tu n'as pas le droit de le forcer.

Le Loup se redressa, ses babines écumantes retroussées sur ses crocs. Il se tourna vers son Alpha en grondant.

— Sors, ordonna ce dernier, inflexible.

Le Loup secoua la tête, comme pour résister, mais les yeux de Syn s'illuminèrent de rouge et il lâcha un couinement de douleur en se tassant sur lui-même.

— Pourquoi tu lui fais ça ? s'emporta Valérian. Caspian !

Son Loup lui jeta un coup d'œil désolé et s'éclipsa.

— Restes en dehors de ça, Valérain. Fais ce qu'on te dit si tu veux qu'Elijaï s'en sorte, mais laisse mon fils.

— Ce n'est pas ton fils, cracha le noble.

Syn lui jeta un regard assassin et tourna des talons. Valérian le regarda disparaître derrière la porte, le cœur battant lorsqu'une lueur jaunâtre brilla. Des grondements retentirent et, sans hésiter, il sortit dans le couloir. Caspian plaqua les oreilles en arrière et claqua des mâchoires, tandis qu'un énorme Loup couleur sable lui faisait face de toute sa hauteur, menaçant. Syn se pencha sur lui, l'écrasa de son aura jusqu'à ce que son fils d'adoption s'écrase au sol. Caspian laissa échapper un dernier grognement qui ne plut pas à son Alpha. Ce dernier l'attrapa à la gorge et secoua.